Falcon, le Soldat de l’Hiver mais aussi Captain America et Battlestar pourchassent donc les Flag-Smashers. Sans l’ombre d’une piste, certains des héros ont dû mettre de côté leurs principes et conclure une alliance instable. Ce choix ne manque pas de causer quelques problèmes avec des alliées de longue date de Bucky, basés au Wakanda.
Et si, finalement, la question principale de Falcon et le Soldat de l’Hiver, diffusée par Disney+, ce n’était pas forcément de savoir qui sera le propriétaire du bouclier à la fin de la série mais bien de définir la frontière de la moralité ? Faut-il s’asseoir sur ses principes, la fin justifiant les moyens ? Cette question elle revient avec différents « masques » dans l’épisode de la semaine. Le MCU est en celà fidèle à ses fondamentaux et s’intéresse au raisonnement des adversaires. Le discours de la cheffe des Flag-Smashers n’est pas le plus insensé qui soit. En tout cas il a des raisons d’exister et on pourrait presque se demander si Sam Wilson n’a pas beaucoup de choses en commun avec elle, plus qu’avec les autres figures de la série. Seulement voilà, ces choses en commun se placent au niveau de la philosophie, pas des méthodes. Si elle a ses raisons, l’adversaire de Falcon et du Soldat de l’Hiver a déjà franchi la ligne la semaine dernière. On sent néanmoins que Marvel recherche (et atteint dans une large part) un effet à la Killmonger dans le film Black Panther : le « vilain » a un discours idéologique complexe et, à son contact, le héros a tout le loisir de se demander s’il a, lui, fait ce qu’il fallait en défendant l’état des choses. Ce qui nous amène à ce paradoxe : les Flag-Smashers sont des gens avec des familles, avec une cause, avec des sentiments, ce qui ne rend peut-être pas entièrement sympathiques mais en tout cas poignants, plus que le nouveau Captain America et son auxiliaire Battlestar.
En effet, ce qui manque un peu à la série à ce stade, c’est un épisode où l’on pourrait étudier un peu plus ce qui fait marcher Walker. On a eu droit à deux ou trois scènes où les deux nouveaux héros patriotes font allusion à leur passé et peut-être aurait-il été plus efficace de montrer ce passé (plutôt qu’un flashback nous ramenant à l’époque où le Soldat de l’Hiver était au Wakanda). Du coup « Captain America » est, logiquement, antipathique depuis sa première scène et n’est guère traité que comme un perturbateur, comme celui dont on sait qu’il est le mauvais choix et, plus grave, qui fera le mauvais choix. Cela manque un peu de quelques scènes qui brouilleraient les cartes, qui amèneraient un peu d’empathie. A défaut d’être d’accord avec Walker on le comprendrait. Ici, il n’est guère qu’un type qui suit de loin les deux héros principaux et qui vient perturber leur enquête. Sa chute est pratiquement écrite depuis le début et on ne pourra pas parler d’un effet de surprise quand elle finira par se produire. Accessoirement Wyatt Russell (Captain America) et Clé Bennett (Battlestar) sont un peu à la peine dans des scènes qui ne reposent que sur eux (c’est tangible lors de la dernière prise d’assaut, dans l’escalier, où l’éclairage véhicule plus de tension que leur jeux). Là aussi, on aimerait que les clivages à venir ne soient pas si évident. Encore qu’il soit clair qu’à partir de la semaine prochaine Russell va devoir monter en puissance.
Est-ce que le personnage le plus intègre de la série ne serait pas, de manière surprenante, Zemo lui-même ? Au demeurant, en surface, ce rôle revient au Falcon (tandis que le Soldat de l’Hiver porte sa part d’ombre), toujours soucieux de faire le bien. Mais tout Falcon qu’il est, le fait-même qu’il s’accommode de la présence de Zemo fait que Sam ne s’interdit pas certains compromis. Génie criminel, clairement, Zemo reste cependant quelqu’un avec des principes et qui s’y tient. On le voit cette fois-ci avec son dédain envers quelque chose que beaucoup d’autres personnages aimeraient posséder. S’il est plus clownesque que ce qu’on a vu de lui dans Civil War (et la vision d’un Zemo se trémoussant en nightclub la semaine dernière semblait assez peu conciliable), on comprendra que c’est un « personnage Janus », qui montre rarement ce qu’il est vraiment, même quand il s’agit d’offrir de simples confiseries. Zemo est un « trickster », un manipulateur qui utilise parfois des visages différents pour arriver à ses fins. Mais on ne peut pas lui enlever que c’est celui qui, dans la série, a le discours le plus articulé sur l’usage du pouvoir.
Falcon et le Soldat de l’Hiver continue comme un prolongement direct de Civil War (au point, parfois, que la musique revient sur les mêmes thèmes). On peut s’étonner que Zemo, dans sa détestation des héros-modèles, s’intéresse aussi peu à Walker et au rôle – au moins symbolique – qu’il occupe. Mais sans doute Zemo sent-il, comme la plupart des spectateurs, le destin inexorable du Captain America de 2021. A l’inverse on se demande rapidement comment les deux héros principaux peuvent à chaque fois laisser Zemo avec aussi peu de surveillance et ne jamais se demander si, après tout, traiter avec lui n’apporte pas plus de problèmes que de résultats. Reste que c’est la scène finale qui, sans doute, marquera les esprits puisqu’elle est plus brutale que le ton adopté par la série jusqu’ici. Elle donne aussi à certains personnages un destin sensiblement différent de celui qu’on leur connaissait dans les comics. Pourtant, le mouvement est à la fois naturel et logique, donnant pour le coup une image forte en symbole.
Présenté comme le personnage bon par excellence, Sam Wilson a été jusqu’ici passif au moins sur certains plans (son refus du bouclier, sa manière de fermer les yeux sur certains agissements de « Bucky » ou de Zemo…). Mais la conclusion de l’épisode, cette fois-ci, lui laisse assez peu de marge. Il faudra que Falcon se positionne, réagisse, dès la semaine prochaine sous peine, dans le cas contraire, de paraître sacrément mou. Dans un contexte où les Flag-Smashers ou Zemo semblent être les seuls à se battre pour leurs idées, il va falloir que quelqu’un monte un peu en puissance pour leur répondre autrement que par de la bouderie. C’est sans doute voulu par la structure du scénario, une mécanique qui vise à montre l’humilité des bons avant qu’ils soient obligés d’assumer certaines responsabilités. Mais là, il va falloir qu’un héros se montre digne de certaines idées. Bref, la fin surprendra sans doute le public mainstream. On a envie de dire que les choses sérieuses commencent à partir de ce moment et que certains personnages et acteurs vont devoir montrer les choses à partir de vendredi prochain.
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