French Collection #129
22 novembre 2011[FRENCH] Retour chez DC Comics cette semaine, toujours chez Interpresse, pour s’intéresser d’un peu plus près aux origines d’un personnage déjà évoquées dans notre chronique mais qui connurent des évolutions substantielles au fil des années. Contrairement à Superman, les origines de Batman ne sont pas évoquées dans le premier épisode où il apparait mais ultérieurement dans Detective Comics #33 (1937 Series) de novembre 1939. La scène centrale qui est maintenant passée à la postérité a assez peu variée.
Dans une allée sombre de Gotham City, les parents du jeune Bruce Wayne sont abattus devant ses yeux par un voyou qui en veut au collier en perle de sa mère alors qu’ils rentrent chez eux. Choqué, le jeune garçon jure de les venger et passe les années suivantes à exceller dans tous les domaines physiques et intellectuels pour devenir Batman. Il est en cela aidé de la fortune familiale. Il s’agit d’une quête solitaire puisqu’à l’époque Alfred Pennyworth n’existe pas encore dans la mythologie batmaniene. Un soir, alors qu’il se demander comment terroriser ses adversaires, une chauvesouris entre par la fenêtre lui donnant l’inspiration de son costume. Une nouvelle fois, à cette époque pas de chute dans ce qui deviendra la Batcave. Cette version a été publiée en français dans le Récit Complet La Chauve Souris 2ème épisode dans le Collection Fantôme 1ère série Numéro de Dépôt Légal n° 132 aux Editions Mondiales.
Lors du grand retour de Batman après-guerre dans les pages de L’Astucieux (cf. French Collection #32), la question n’est pas abordée. Il faudra attendre Superman et Batman & Robin n° 12 de 1966 pour que la question revienne sur le devant de la scène.
Comme nous l’avons déjà évoqué plusieurs fois, la politique éditoriale des éditions Interpresse a subie, pour des raisons inconnues, un fort changement entre 1965 et 1966 (ainsi qu’un manque de parution probable). Autant l’année 1965 marque une grande cohérence éditoriale et une très visible volonté « pédagogique » quant à l’introduction des personnages, autant le début de l’année 1966 est brouillon. Batman en fait d’ailleurs les frais en étant publié pour la première fois sans aucune réelle introduction et de plus dans un Récit Imaginaire, Elseworld en anglais, assez trompeur (cf. French Collection #118).
L’épisode « Le meurtre de Thomas Wayne » publié dans Superman et Batman & Robin n° 12 de 1966 va donc remédier à cette situation et présenter les origines de Batman aux nouveaux lecteurs. Dans cet épisode, qui est la traduction de The Origin of the Batman publié dans Batman #47 (1940 Series), le scénariste Bill Finger a modifié la scène qu’il avait écrit un peu moins de dix ans auparavant et approfondit le drame humain de Bruce Wayne tout en lui en apportant une conclusion.
Alors que Batman & Robin sont en patrouille, ils assistent à un accident de la route. Comme ils se portent au secours du chauffeur, un homme surgit d’un compartiment secret du camion accidenté et essaye de les abattre par surprise. Le Dynamic Duo est sauvé par l’intervention de policiers qui abattent l’homme. Plus tard, le commissaire Gordon leur indique que la compagnie propriétaire du camion a été récemment rachetée et que le nouveau propriétaire a renvoyé tous les chauffeurs. Comme il montre sa photo à Batman, celui-ci reconnait l’assassin de son père et décide de continuer l’enquête seule.
Cette version est intéressante car différente de la version communément admise des origines de Batman. Premièrement, il est indiqué que Batman n’a jamais cessé de chercher l’assassin de son père et c’est donc par hasard que des années après il retrouve sa piste. La deuxième, c’est que l’assassin n’a tué que Thomas Wayne. Le voleur menace la famille et demande le collier de Martha Wayne. Thomas saute sur le voleur et est abattu. Mais il n’arrache pas ensuite le collier ni ne tire sur Martha. Elle meure sous le coup de l’émotion (visiblement d’une crise cardiaque). Le voleur s’enfuit laissant Bruce avec le corps de ses deux parents. Faut-il y avoir une volonté d’atténuer la première version pour des problèmes de censure ou de politique éditoriale ? Déjà aux débuts des aventures de Batman les Editors avaient demandé à Bob Kane de ne plus représenter Batman avec une arme (demande qui aura pendant très longtemps des répercussions sur les scénaristes futurs).
Pendant le cours de l’enquête Batman (qui est appelé Bob Wayne dans la traduction belge !) essaye de se faire embaucher sans succès par Joe Chill (qui signifie Joe la terreur mais est traduit en français par Joe Kill, c’est-à-dire Joe le meurtrier ?).
Il décide alors de terroriser Monty Plep, le propriétaire d’un bateau casino illégal. Il détourne son navire vers les eaux territoriales américaines et le fait saisir par des membres du Gotham Police Department (GPD), tout en laissant Monty s’enfuir. Ce dernier se rend directement chez Joe Chill pour acheter une place dans l’un de ses fameux camions truqués afin de passer la frontière et se mettre hors de portée de Batman et du GPD.
Mais Joe Chill se rend compte que Monty a été suivi et l’abat. Il essaye ensuite de jouer la comédie en expliquant qu’il s’est défendu face à Monty qui voulait le forcer à l’exfiltrer. Batman décide alors de révéler à Joe Chill qu’il sait qu’il est l’assassin de Thomas Wayne. Mais cela ne l’impressionne pas car il y a prescription et qu’il sait qu’il n’y a pas eu aucun témoin. A ce moment, Batman se démasque et lui révèle qu’il est le fils de Thomas et Martha Wayne et qu’il le harcèlera jusqu’à ce qu’il avoue. Puis, de manière assez surprenant il part.
Terrorisé, Joe Chill cherche refuge auprès de ses chauffeurs, qui sont également ses hommes de mains. Le fait que Batman se démasque l’a persuadé qu’il n’a plus à faire à quelqu’un de censé mais à un homme assoiffé de vengeance. Il explique à ses hommes qu’il est l’assassin du père de Batman et que ce dernier est maintenant après lui. Comprenant que c’est à cause de leur patron que Batman existe, ses complices lui tirent dessus instinctivement. Mais ils se rendent comptent qu’ils ont abattu le seul homme qui connait l’identité secrète de leur plus grand adversaire. Ils essayent alors de faire parler le mourant. Mais Batman qui a entendu les coups de feu revient et les assomment.
Joe Chill meurt dans ses bras, lui permettant ainsi de refermer ce qui fut le premier « dossier » de sa carrière. Les circonstances des origines de Batman changeront régulièrement et encore très récemment avec la mini-série Batman R.I.P. La version de Batman #47 (1940 Series) n’est donc qu’une première étape et nous reviendrons dans de lointains French Collection sur d’autres épisodes qui conduiront à l’établissement de la version classique que nous connaissons tous.
[Jean-Michel Ferragatti]
Passionnant,comme toujours.
Bravo,Comic Box.
çà n’a rien à voir avec la bd, mais j’avais bien aimé ce que Tim Buton avait fait dans le film de 1989 pour rapprocher le Joker et Batman avec la mort des parents Wayne.
Et on peut facilement rapprocher cette histoire des origine de Spiderman et de la mort de son oncle Ben 😉