French Collection #189
5 février 2014[FRENCH] Les personnages français sont assez rares dans les univers de super-héros très américano centré. Cette semaine cependant nous allons parler d’une équipe française entière extrêmement méconnue. Lorsque l’on parle de série de guerre chez l’éditeur DC Comics le nom de Sgt. Rock (French Collection #62) surgit instantanément. Et lorsque l’on parle de la résistance française, c’est celui de Mademoiselle Marie (French Collection #72) qui vient immédiatement à l’esprit. Et pourtant cette semaine, nous vous faisons sans doute découvrir (tant cette équipe est méconnue) une autre force de la résistance française : The Unit 3.
The Unit 3 apparaît pour la première fois dans Our Army at War #189 (1952 Series) en février 1968. Sgt. Rock et quelques éléments de la Easy Company sont débarqués par sous-marin sur les côtes françaises pour une mission spéciale. Mais dès leur arrivée, ils sont pris pour cible et ne doivent leur survie qu’à l’intervention de The Unit 3, une unité de la résistance avec qui ils doivent faire jonction.
Mais alors qu’ils s’attendaient à trouver un groupe de résistant composé de rudes combattants, ils tombent sur une bande de six gamins d’une dizaine d’année menée par Henri. Rock pense à une plaisanterie et demande à voir la vraie Unit 3. Les enfants les amènent donc à une cabane ou gisent les corps des membres originaux de The Unit 3 qui ont été tués par surprise par les nazis. Il s’agit des pères des enfants qui ont décidé de reprendre le flambeau de leur héros de pères. Comme Henri est le seul capable de les mener à leur objectif que son père mourant lui a confié, Rock est obligé de faire équipe avec la nouvelle Unit 3.
Les enfants se montrent audacieux, valeureux et au final digne de leurs pères et de porter le nom de The Unit 3. Durant tout l’épisode Rock ne pense qu’à les faire déguerpir pour éviter leur mort mais au contraire c’est à chaque fois The Unit 3 qui leur sauve la mise.
Il est assez intéressant de voir que pour représenter la résistance française Robert Kanigher (qui est le scénariste de cet épisode et donc le créateur de The Unit 3 mais également de Mademoiselle Marie) utilise une femme ou des enfants. Comme si la réédition française avait disqualifiée les hommes.
Il est cependant important de remarquer que les bandes de gamins combattants sont un classique des comics avec des équipes comme Boys Commandos, Young Allies, etc. Mais contrairement à ces équipes qui fonctionnent par archétypes, The Unit 3 est assez mal définie et seule Henri comporte un minimum de caractérisation. Il est d’ailleurs le seul à avoir un prénom. Une fois la mission accomplie, l’attaque et la destruction d’une station radar, la Easy Company et The Unit 3 se séparent en se demandant s’ils se reverront.
L’apparition de l’équipe a visiblement provoquée quelques réactions positives puisqu’elle revient dans Our Army at War #192 (1952 Series). Sgt. Rock et la Easy Company ont visiblement débarqués en France et sont envoyés en mission pour découvrir l’aéroport d’où décolle des chasseurs nazis à réactions. Mais leur avion de transport est justement abattu par un de ses avions et Rock est capturé par des nazis qui décident de l’exécuter.
A ce moment surgit The Unit 3 qui lui sauve la vie. Cette fois-ci, les gamins ne sont que quatre mais sont mieux caractérisé. En plus d’Henri il y a Raoul, Yves, René, Paul & Claude. Oui, je sais il y a plus de prénom que de membres (la version française a même supprimé René). En fait bien que nous ne voyons maximum que cinq enfants en même temps, je pense que l’idée est de représenter une bande d’enfants encore assez indéterminé. Il est toutefois notable de voir que l’un des enfants (on ne sait pas vraiment lequel car il est compliqué d’associer un nom spécifique à un enfant sauf pour Henri) est noir ce qui est assez classique des équipes de gamins américaines.
Néanmoins, cela est historiquement assez peu probable dans la France des années 1940. A l’inverse, les stéréotypes sont toujours là puisque les membres de The Unit 3 portent bérets et chapeaux. Mais déjà cette deuxième apparition présente une évolution nette de l’équipe. L’apparition suivante dans Our Army at War #194 (1952 Series) poursuivra ce processus puisqu’en introduction de l’épisode un bandeau nous présente le « roll cast » de l’épisode.
En plus de Sgt. Rock au centre nous y voyons Henri, Jon (prénom assez peu français), Charlemagne, Danton, Jacques & Pierrot. On peut voir que les stéréotypes ont la vie dure (en plus du béret d’Henri mais qui est nécessaire à la continuité graphique du personnage). Il est intéressant de voir que l’enfant noir (s’il s’agit du même) porte maintenant des créoles en boucle d’oreille et sera présenté comme un gitan ce qui est historiquement plus compatible. De même, chaque enfant a maintenant des caractéristiques se rapprochant de celle des Boys Commandos ou Young Allies. Danton est grassouillet et le fils d’un boulanger tandis que Pierrot semble être le binoclard sans doute un peu intello.
Une nouvelle fois The Unit 3 assiste le Sgt. Rock dans une mission de sabotage d’un convoi de munition derrière les lignes ennemis. Pour faire diversion, Sgt. Rock se livrera au Colonel Kaltbludt et sera délivrer par The Unit 3 aidé par le soulèvement des villageois.
Dans Our Army at War #195 (1952 Series), Sgt. Rock est toujours en compagnie de The Unit 3 lorsqu’il apprend que Mignon la cousine d’Henri (rebaptisé Rose en français) va se marier avec son fiancé Emile.
Mais quand ils la retrouvent ils apprennent qu’Emile a été réduit en esclavage avec les autres hommes du village. Tous vont alors attaquer le camp pour les délivrer. Dans Our Army at War #197 (1952 Series), Sgt. Rock est à Dunkerque où The Unit 3 lui a organisé une remise de médaille par le maire. Ce dernier est tué lors de l’accrochage avec des nazis qui suit la cérémonie. Tous se mettent en place pour défendre la ville puis se dirigent vers les plages ou les combats se poursuivent.
En chemin, ils sont rejoints par deux nouvelles recrues. Il s’agit de deux enfants, Yves Duchamps (le s final a disparu dans la version française) et sa sœur Edith qui souhaitent défendre leur patrie avec une faux et une fourche (il ne s’agit visiblement pas du même Yves entraperçu dans la deuxième apparition de The Unit 3). Yves perdra malheureusement la vie lors du combat final, ce qui est à souligner car la mort d’un enfant est assez rare dans les comics. Il sera enterré sur place avec sa faux, le béret d’Henri et la médaille de Rock sur sa tombe. The Unit 3 repartira au combat avec Edith dans ses rangs.
Ce sera la dernière apparition de The Unit 3 et c’est dommage car le groupe commençait à vraiment posséder une personnalité propre qui ne demandait qu’à être développée. De même contrairement aux membres d’autres équipes d’enfants comme Boys Commandos ou Young Allies nous ne saurons rien de l’avenir de ses membres (le fait qu’ils soient français y est sans doute pour beaucoup).
En France, les cinq apparitions de The Unit 3 furent publiées par Artima – Arédit dans Brûlant 1ère série mais malheureusement dans le désordre (le deuxième avant le premier). Elle eut même les honneurs d’une couverture mais encore une fois dans le « désordre » (la couverture illustrant une autre histoire que celle à l’intérieur). C’était le minimum pour une des rares équipes françaises qui méritait d’avoir sa propre chronique.
[Jean-Michel Ferragatti]
C’est un le « club des 5 » part à la guerre … Dans le cd5, il y avait un « Dagobert » (le chien), ici, ils ont un « Charlemagne »! 😉