Susan Storm (à cette époque elle n’est encore que fiancée) vole une pierre précieuse de presque 10 millions de dollars de l’époque en se rendant invisible tandis que son frère Johny fait fondre une statue ayant demandé plus de cinq ans de travail lors de son inauguration. Enfin, pour parachever cette introduction, le bras de Mister Fantastic [Reed Richards] s’introduit dans une centrale électrique et coupe le courant de toute la ville en abaissant une série « d’interrupteur ».
Une fois réunis, le quatuor révèle l’explication de cette soudaine folie. Les quatre personnages ne sont pas les Fantastic Four mais des éclaireurs de l’empire Skrull chargés de décrédibiliser les seuls humains capables de les empêcher de conquérir la Terre. Il faut dire qu’à cette époque les seuls personnages de la continuité super-héroïque de Marvel sont les Fantastic Four, ce qui explique l’absence d’intérêt des Skrulls des autres héros. Les Skrulls sont des extraterrestres métamorphes pouvant assumer l’apparence de tout être vivant.
Celui incarnant The Thing [Ben Grimm] a utilisé un explosif pour détruire le pilier de la plateforme pétrolière. Cela explique également sa capacité à nager. En effet, il ne prend que l’apparence de The Thing [Ben Grimm] et sans doute pas sa masse corporelle qui sinon le ferait couler comme un bloc de pierre. En même temps, cette incohérence physique n’a, je crois, pas empêché les scénaristes de Marvel de faire nager la vraie The Thing [Ben Grimm].
Le Skrull incarnant The Torch [Johny Storm] doit lui compter sur un équipement très sophistiqué pour reproduire les pouvoirs de son modèle.
Enfin, le dernier membre du quatuor d’usurpateur ne fait qu’utiliser ses pouvoirs pour reproduire ceux de Mister Fantastic [Reed Richards]. Si nous nous en tenons à cette explication, cela implique que les Skrulls, au-delà de prendre n’importe qu’elle apparence, peuvent rapetisser (et sans doute s’agrandir) et s’étirer à volontée.
Considérés comme des dangereux criminels, les vrais Fantastic Four sont traqués par l’armée jusqu’en dans leur pavillon de chasse ou ils se reposent. Ne souhaitant causés aucun mal ils se rendent avant de s’échapper sans violence (ou presque) de leur prison. Devenus des hors-la-loi ils se cachent dans la ville qui a été attaquée par les Skrulls et qui est visiblement New-York. Auparavant, l’équipe opérait depuis Central City qui est également la ville de The Flash [Barry Allen].
Notre quatuor lit les nouvelles dans le Daily Globe, qui est sans doute un précurseur sur le plan créatif & scénaristique de Stan Lee du Daily Bugle qui apparaîtra dans la deuxième aventure de Spider-Man [Peter Parker]. Dans l’univers Marvel, le Daily Globe est un des concurrents du Daily Bugle et son principal coup d’éclat est d’avoir dévoilé (bien après cette première apparition) l’identité secrète de Daredevil [Matt Murdock].
Johny réussit à tromper les Skrulls en attaquant un site de lancement de fusée et se fait récupérer par ceux incarnant Susan & Reed. Une fois à leur repaire, il envoie le signal des FF lorsqu’il est démasqué (au passage le groupe d’éclaireur a perdu et de manière quasi définitive un membre puisque tout au long du reste de l’épisode nous ne voyons plus qu’un trio sauf dans un panel).
Ensemble, ils mettent leurs adversaires en déroute et leur faire avouer leur plan d’invasion. Reed décide alors d’utiliser la même ruse que ses adversaires et de se faire passer pour les éclaireurs. Utilisant leur vaisseau camouflé en château d’eau, ils rejoignent le vaisseau amiral de la flotte et expliquent au commandant que la Terre est invincible.
Ils lui montrent alors les armes secrètes des terriens. Des guerriers de pierre surpuissants, des satellites de combat armés de bombes atomiques multiples, des fourmis géantes dressées pour repousser les invasions. Ce passage est très intéressant dans son intertextualité qui apparaît pour la première fois dans l’univers Marvel. En effet, pour produire ses « preuves » Reed dit s’être servi d’épisodes parus dans Strange Tales (1951 Series) & Journey into Mystery (1952 Series) qui sont des titres de Marvel écrit & dessinés notamment par Stan Lee & Jack Kirby.
Cela signifie donc que les Fantastic Four lisent ces titres et vivent bien dans le même monde que les lecteurs où au minimum que leurs créateurs. Et comme vous le savez sans doute, le duo créatif rencontrera sa création à plusieurs reprises.
Après la fuite des Skrulls, le quatuor revient sur Terre et affrontent une dernière fois le petit groupe d’éclaireur. Encore une fois, les pouvoirs de métamorphe des Skrulls sont extrêmement larges puisqu’ils se transforment en python géant, monstre de pierre (qui cette fois-ci semble en avoir la densité puisque les balles rebondissent sur lui) & vautour.
Avant de revenir sur ce point, remarquons que si la capacité d’hypnotiseur de Reed n’a plus jamais été utilisée, les pouvoirs de l’adversaire suivant des Fantastic Four (Miracle Man) reposent justement sur l’hypnotisme. Décidemment, aucune bonne idée ne se perd avec Stan Lee mais au-delà chez Marvel en général.
En effet, se souvenant de la fin de Fantastic Four #2 (1961 Series) les scénaristes anglais Grant Morrison & Mark Millar créeront (en pleine épidémie de maladie de la vache folle) la mini-série Skrull Kill Krew. Dans ces épisodes, les Skrulls originaux ont été tués sous leur forme bovine (visiblement Mister Fantastic [Reed Richards] a oublié de payer le fermage) et manger par des humains qui infectés acquièrent les mêmes pouvoirs que les Skrulls.
Pour revenir à l’épisode original, la menace des Skrulls semble assez facilement assimilable à celle des « Reds » qui s’était emparé des Etats-Unis quelques années auparavant. Cette peur d’une invasion invisible par des personnes indétectables car ressemblant parfaitement à des américains à longtemps hantée l’inconscient américain comme le montrera le succès de la série The Invaders qui reprend le même argument scénaristique plusieurs années après (1967 – 1968).
En France, cet épisode est atypique. En effet, il ne sera publié dans un livre ou magazine qu’en 2004 par l’éditeur Panini et non par Lug qui était l’éditeur historique de Marvel. En effet, Lug avait décidé de ne pas publier cet épisode par crainte de la censure qui jugeait déjà The Thing [Ben Grimm] traumatisant pour les enfants. Alors que dire de monstres métamophes verts aux oreilles pointues !
Cependant, les lecteurs attentifs de l’époque auront malgré tout réussi découvrir les Skrulls. En effet, Fantastic Four #2 (1961 Series) sera publié (comme quelques autres épisodes) dans certaines éditions du quotidien France-Soir du mardi 26 juin 1973 au jeudi 26 juillet 1973. Si une bonne idée ne se perd jamais chez Marvel, la vente d’un épisode non plus visiblement.
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