French Collection #239

[FRENCH] Cette semaine, nous allons revenir sur l’une des relations les plus fortes de l’histoire des comics qui illustre également le dicton : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Lorsqu’il apparaît en avril 1940 dans Detective Comics (1937 Series) #38, Robin the Boy Wonder (cf. French Collection #121) apporte un vent de fraicheur au personnage de Batman.

Immédiatement, une immense complicité s’instaure entre les deux personnages. Dick Grayson devient véritablement le fils que Bruce Wayne n’aura jamais (jusqu’à l’arrivée très tardive de Damian). Au regard de l’histoire familial des Wayne, c’est un petit miracle.

Assez rapidement, les scénaristes vont introduire un ressort scénaristique qui se retrouvera dans plusieurs épisodes. Et si Batman [Bruce Wayne] n’avait plus besoin de Robin [Dick Grayson] ? Cette tendance a déjà été évoqué plusieurs fois dans la rubrique Oldies but Goodies de Xavier Fournier et vous pourrez notamment retrouver une de ces chroniques ici http://www.comicbox.com/index.php/articles/oldies-but-goodies-detective-comics-231-mai-1956/ . Cette semaine, nous allons évoquer l’inverse, c’est-à-dire le ressort scénaristique qui voit Robin [Dick Grayson] sans Batman [Bruce Wayne] !

Le premier épisode que nous allons évoquer est The Vanished Batman paru dans Batman (1940 Series) #101 et traduit par Ou est Batman dans Superman et Batman & Robin 1ère série n° 1 publié conjointement par Sagédition en France & Interpresse en Belgique. Dans cet épisode, le Bat-signal a été remplacé par un Robin-signal. Et à son apparition c’est un Robin [Dick Grayson] solitaire qui apparait dans sa Robinmobile ! Les rumeurs les plus folles se répandent d’autant plus que Robin [Dick Grayson] ne dit mot tout en continuant à assurer les mêmes missions mais par exemple avec un Robin-Plane. Le fin mot de l’histoire est assez simple. Batman [Bruce Wayne] a pris la place de John Vair, l’adjoint du caïd de la pègre Pack Purdy et est donc dans l’incapacité d’apparaître sous son identité costumé.

Le deuxième épisode que nous allons évoquer est The new team of Superman and Robin comme le proclame la couverture de World’s Finest Comics (1941 Series) #75 et traduit par Superman et Robin ! dans Superman et Batman & Robin 1ère série n° 2 toujours publié conjointement par Sagédition en France & Interpresse en Belgique. Dans cet épisode, Superman [Kal-El] prend la place de Batman [Bruce Wayne] au grand désespoir de ce dernier. Handicapé par une jambe cassée, un Batman [Bruce Wayne] convalescent doit se contenter d’observer de loin les exploits de ce nouveau duo dont il pressent qu’il va supplanter celui qu’il forme avec son jeune pupille. En effet, pourquoi Robin [Dick Grayson] voudrait-il revenir avec lui après avoir connu la grisante sensation de voler ?

Mais en réalité, c’est un Batman [Bruce Wayne] immobilisé qui va résoudre l’affaire sur laquelle travaille le nouveau duo après qu’ils lui aient ramené des objets de leur confrontation avec la bande poursuivie. Batman [Bruce Wayne] découvre alors qu’il n’a pas la jambe cassée mais qu’il s’agit d’un stratagème de ses amis pour l’obliger à un repos total. Ce cas de figure se reproduira quelques fois, le plus célèbre étant World’s Finest Comics (1941 Series) #200 paru en 1971. En effet, à cette époque suite à la série télé Batman [Bruce Wayne] est tellement célèbre qu’il « quitte » la série World’s Finest Comics (1941 Series) au #197 par peur de le voir « déprécié » à cause de son duo avec Superman [Kal-El] mais également pour lui redonner plus de cohérence scénaristique.

C’est un peu le même ressort scénaristique qui sous-tend l’épisode Batgirl Breaks Up the Dynamic Duo! paru dans Detective Comics (1937 Series) #369 et traduit par Robin choisit Batgirl dans Superman Batman Album n° 9 publié par Interpresse si ce n’est que cette fois-ci Robin [Dick Grayson] fait équipe avec Batgirl [Barbara Gordon]. Cette fois-ci, Batman [Bruce Wayne] est atteint d’une forme rare de la fièvre des marais qui va lui enlever toute force. Batgirl [Barbara Gordon] & Robin [Dick Grayson] décident alors de faire équipe sans rien lui dire afin d’être toujours avant lui sur les lieux des combats pour l’empêcher d’être blessé lors de ses accès de fièvre. L’idée d’un Robin [Dick Grayson] sans Batman [Bruce Wayne] est-elle donc totalement impossible ?

Bien entendu que non, et c’est en réalité le temps qui va se charger de la faire devenir réalité. Dans l’épisode One Bullet Too Many! paru dans Batman (1940 Series) #217 et traduit par Une balle de trop ! dans Superman et Batman & Robin 2ème série n° 23 publié par Sagédition la rupture est consommée car Robin [Dick Grayson] s’inscrit en faculté. Et oui, DC Comics a décidé de moderniser un peu son univers afin de le faire converger à la fois vers les préoccupations de son lectorat et les thèmes abordés par son concurrent Marvel. Finit les innombrables années ou Robin [Dick Grayson] est resté The Boy Wonder entièrement dépendant de son tuteur. Ce ne sont pas les tentations de tandem avec d’autres qui eurent raison du Dynamic Duo mais bien la réalité du temps qui passe. Dick Grayson pris alors l’identité de Nightwing qui est inspiré de celle d’un héros Kryptonien de la ville miniature de Kandor.

Il faut cependant signalé que l’idée d’avoir un Robin adulte et indépendant ne revient peut-être pas au scénariste américain de l’éditeur DC Comics mais à un dessinateur & scénariste belge. En effet, Fred Funcken publiera dès les années quarante une série, d’abord dans Bimbo puis Héroïc Albums avant d’avoir l’honneur d’être recueilli en album, nommé Robin moderne. Dans cette série, le jeune lord Reginald Boxy n’est autre que le justicier costumé Robin moderne. Le costume de ce dernier n’est pas sans rappelé celui de Robin [Dick Grayson] tout comme la voiture que pilote le jeune lord n’est pas sans rappelé la Robinmobile que nous avons évoqué plus avant. Enfin, Robin moderne [Reginald Boxy] dispose même d’un repaire secret qui n’est là aussi pas sans rappeler la Bat-cave.

Leur principale différence est que Robin moderne [Reginald Boxy] possède une bague qu’il utilise pour « marquer » ses adversaires. Nous pouvons cette fois-ci reconnaître l’inspiration comme venant du personnage du Phantom de Lee Falk. D’une manière ou d’une autre l’idée d’un Robin adulte se retrouve donc à des époques différentes d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.

[Jean-Michel Ferragatti]

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