Fin 1946 & début 1947 la trame du Superman comic strip Sunday Pages va lorgner vers la vie quotidienne des américains. Après la fin de la guerre, les USA reprennent petit à petit une vie plus tranquille. L’épisode The Insurance Policy commence lorsque le patron des assurances Dynamiques tient un séminaire de motivation avec ses forces de ventes. Il leur raconte l’histoire d’Alonzo Bonzo, le meilleur vendeur que la compagnie n’ait jamais eu. Il n’hésita pas à se jeter d’une fenêtre pour convaincre un de ses prospects de la pertinence d’une assurance vie.
Alors que la conférence se termine après l’ovation du meilleur vendeur, le directeur retient Elmer Doolittle. Ce dernier est le pire vendeur de la compagnie quand bien même il est le neveu d’Alonzo Bonzo et donc toléré en remerciement de l’ultime sacrifice de son oncle. Il est-il faut dire maladivement timide et se désespère que Claire, la secrétaire du directeur général, n’ait d’yeux que pour les meilleurs vendeurs. Mais la bonté des assurances Dynamiques a ses limites et le directeur lui annonce qu’il est remercié du fait de son incapacité à placer un contrat. Désespéré à l’idée de ne plus pouvoir au moins croisé Claire, Elmer raconte à son patron qu’il est sur le point de faire signer un contrat à Superman [Kal-El]. Celui-ci est enchanté, mais malheureusement Elmer se « vend » à voix haute et le tenant du titre de meilleur vendeur va le dénoncer.
Le vendeur d’assurance saute sur l’occasion et propose de lui vendre une police contre la divulgation de son identité secrète. Superman [Kal-El] accepte et doit alors passer une visite médicale. Après avoir fait 13.145 pompes en cinq minutes, lu un tableau optique en lui tournant le dos et s’être fait briser une aiguille sur la peau, il est déclaré en bonne santé et peu signer sa police. Elmer retourne aux assurances Dynamiques triomphant mais personne ne le croit. Heureusement, Superman [Kal-El] arrive et Elmer est déclaré meilleur vendeur, ce qui fait allumer les yeux de Claire.
Comme il essaye de pénétrer dans le bureau de son « futur » beau-père, il tombe du gratte-ciel et ne doit la vie qu’à l’intervention de Superman [Kal-El] qui se rend compte qu’il doit jouer serré car les deux jeunes garçon étaient ensemble à l’université. Superman [Kal-El] décide de l’aider et l’introduit à son beau-père par la fenêtre. Mais ce dernier le rabroue. Pendant leur entretien, il est informé que son principal concurrent en assurance, a fait souscrire des polices à des célébrités. Furieux, de ce coup de publicité il propose à Terry de le laisser épouser Bijou s’il place une assurance vie auprès de Superman [Kal-El]. Comme vingt auparavant, le vendeur va essayer de le convaincre d’une possibilité d’accident. Et comme vingt ans auparavant, Superman [Kal-El] va lui démontrer que c’est impossible y compris en passant une visite médicale ou il fera des pompes et ou une aiguille se brisera sur sa peau.
Cette fois-ci par contre, ce n’est pas la menace de la révélation de son identité secrète qui va le convaincre de souscrire l’assurance vie mais la menace de la Kryptonite. Il faut dire qu’en vingt ans, les scénaristes avaient importés dans les comics cette invention initialement popularisé par la radio (cf. French Collection #117). Superman [Kal-El] signe donc une police de 100 milliards de dollars (devenu un simple milliard dans la traduction française) qui sera versé à des organisations humanitaires en cas de disparition. Pour payer la prime, Superman [Kal-El] collecte des pierres précieuses dans l’espace. Terry est nommé directeur de vente et reçoit la bénédiction de son futur beau-père.
Pour bien comprendre cet « air de déjà vu », il faut avoir à l’esprit que l’éditeur de la ligne Superman était Mort Weisinger, un personnage très controversé. Bien qu’ayant été à l’initiative de création comme Supergirl [Kara Zor-El], Krypto (cf. French Collection #182), Kandor (cf. French Collection #185), etc. Ces innovations bien qu’ayant eu un grand succès public seront plus tard considéré par beaucoup de fans comme enfantines au mieux.
Mais ce qui fut surtout reprocher à Weisinger fut son management des équipes. Le jeune Roy Thomas (futur successeur à Stan Lee comme éditeur en chef chez Marvel) raconta comment il faillit tomber en dépression sous la pression de Weisinger. Une autre critique porte sur l’utilisation à répétition des mêmes intrigues. Weisinger avait en effet diagnostiqué que le lectorat de ses titres se renouvelait tous les cinq ans. Il réutilisait donc tous les cinq ans les mêmes intrigues sans aucune vergogne ce qui conduit à voir des épisodes se ressemblant étrangement à plusieurs reprises dans les titres dont il était responsable.
En France, l’épisode du Superman comic strip Sunday Pages a été publié dans L’Astucieux n° 38 à 46 aux Editions Mondiales tandis que la traduction d’Action Comics (1938 Series) #346 est parue dans Superman et Batman & Robin 2ème série n° 6 chez Sagédition. Je finirais par un remerciement général à tous ceux qui lisent ma chronique et qui postent des commentaires qui me font toujours un énorme plaisir. Et des remerciements particuliers à Hare Magedoon du forum Buzz Comics ainsi que Pouik, El Bravo & Drou du forum Pimpf qui m’ont aidé à choisir le thème de cette chronique. Ils se reconnaitront et qu’ils en soiet ici remerciés. La semaine prochaine, nous commenceront la nouvelle cinquante par une chronique sur une période « Marvel » assez peu connue.
[Jean-Michel Ferragatti]
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