Centaur prend très tôt le virage des comics de super-héros et s’emploie à ce que chacun de ses titres publie un personnage en collant. Mais, faisant preuve d’originalité (à moins que ce ne soit un manque d’analyse des fondamentaux du genre), ses créations sont très atypiques.
C’est ainsi que le même mois où apparaît Masked Marvel (cf. French Collection #2) dans Keen Detective Funnies Vol. 2 #7, Fantom of the Fair investit les pages d’Amazing Mystery Funnies Vol. 2 #7. Il partage d’ailleurs de nombreux points communs avec son « camarade de classe ». Comme lui, il ne possède pas d’identité secrète et se consacre pleinement à la lutte contre le crime. Il est également fortement inspiré d’un héros de la littérature populaire, mais il s’agit cette fois du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
Comme ce dernier, il n’opère dans un premier temps que dans l’enceinte d’un lieu précis. Au cas d’espèce l’exposition universelle de New-York de 1939. Mais les points communs ne s’arrêtent pas là. Il possède comme le personnage de Gaston Leroux une base souterraine. Il est d’ailleurs le premier personnage de comic à utiliser une telle installation. Comme le Fantôme de l’Opéra, sa base semble être reliée à un réseau de porte secrète et couloirs qui débouchent dans toute l’exposition universelle et lui permet d’apparaître et de disparaitre comme par magie. De plus, sa base a un accès à une rivière souterraine qui passe sous le terrain de l’exposition. Il navigue d’ailleurs sur celle-ci au moyen d’une barque, un peu comme le Fantôme a accès aux égouts de Paris. Sa base est visiblement constituée de nombreuses salles qui forme un immense repaire qui comporte notamment une sorte de salle de torture médiévale. Il possède bien entendu un costume qui a la particularité de le recouvrir entièrement et notamment son visage, ce qui n’est pas très courant à l’époque.
Fantom of the Fair emprunte également au personnage de Gaston Leroux le registre fantastique, contrairement à Masked Marvel qui est un héros « technologique » comme son inspirateur Doc Savage. En plus d’apparaître et de disparaître comme par enchantement, ses origines sont entourées d’un aura de mystère. Lors de sa première apparition, un ouvrier de l’exposition explique à la police qu’il a découvert dans les fondations d’un des bâtiments de l’exposition un livre extrêmement ancien qui parle de Fantom of the Fair. Le capitaine de police ne croit cependant pas un seul instant à cette histoire fantastique.
Mais, dans un épisode ultérieur un gorille géant est présenté à l’exposition universelle. Il a été découvert dans les glaces de l’antarctique et nommé Ticonda. Il a visiblement été placé dans une sorte d’animation suspendu pendant les milliers d’années qu’il a passé dans la glace. Le gorille s’échappe de sa cage et Fantom of the Fair intervient pour le stopper. A la vue de celui-ci, Ticonda semble reconnaitre son adversaire et s’enfuit tremblant de peur. Cet épisode semble donc venir corroborer l’information donnée dans le premier épisode comme quoi Fantom of the Fair serait vieux de plusieurs milliers d’années.
Enfin, il démontre dès le premier épisode un talent d’hypnotiseur qui semble être son « seul » pouvoir mental. Se rattachant comme nous l’avons indiqué au registre « surnaturel » Il ne possède par contre pas de « super » gadgets.
Les caractéristiques qui font son originalité sont cependant très contraignantes et le personnage évoluera au fil des publications. Premièrement, Fantom of the Fair opérera hors de l’exposition universelle lorsqu’elle sera fermée. A ces occasions, nous l’apercevrons en « civil » en train de conduire une voiture à visage découvert. Deuxièmement, son nom et son costume évolueront. La référence à l’exposition (The Fair) est supprimée dans son nouvel alias. Fantom of the Fair devient Fantoman et c’est d’ailleurs sous ce nom qu’il bénéficiera d’un magazine. Même s’il continue d’être publié jusqu’au dernier numéro dans Amazing Mystery Funnies, il migre vers Amazing Adventure Funnies qui semble devenir Fantoman au numéro 2. Semble, car Amazing Adventure Funnies aura également un numéro 2. Le personnage disparaît ensuite en même temps que son éditeur. Il ressurgira cependant sous deux formes.
Premièrement Roy Thomas, grand spécialiste du Golden Age devant l’éternel, décide de rendre hommage au personnage dans sa série All-Star Squadron. Le quartier général de son équipe se trouve dans la péri sphère de l’exposition universelle de New-York de 1939. Il fait « hanter » l’exposition par un personnage appelé « Phantom of the Fair ». Il sera d’ailleurs expliqué dans Secret Origins #7 que ce personnage est responsable de la création du premier Sandman. Deuxièmement lors de la reprise de la continuité de Centaur Publications par Malibu. L’éditeur décide d’y inclure le personnage. Mais bien que tombé dans le domaine public ils hésitent à utiliser son nom à cause de la version DC de Roy Thomas. Le personnage fera bien partie du revival mais sous le nom de Gravestone.
En France, le personnage apparaît pour la première fois dans les pages de L’Aventureux n° 12 de 1940. Il s’agit du premier épisode de Fantom of the Fair publié aux Etats-Unis. L’épisode se poursuivra jusqu’à de L’Aventureux n° 17 de 1940. Comme pour Masked Marvel (French Collection #2) et Yarko the great (French Collection #3), l’épisode de Fantom of the Fair publié dans L’Aventureux n° 25 de 1940 s’interrompt brusquement suite à l’arrêt de publication du journal et le déménagement des Editions Mondiales en zone libre Mais contrairement aux deux autres, Fantom of the Fair réapparait dans les pages de L’Aventureux n° 26 de 1940 (daté du 26 décembre 1940). Ses aventures se poursuivront pendant les quatre premiers numéros de L’Aventureux de 1941 publié en zone occupée.
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Le personnage reviendra dès 1945 dans un fascicule de la Collection Fantôme 1ère série des Editions Mondiales. Pas moins d’une demi-douzaine de fascicule de cette collection lui seront consacrés mixant rééditions et aventures inédites. Mais comme pour beaucoup de ses condisciples super-héros, la traduction de son nom posa de nombreux problèmes. Bien qu’un fascicule de la Collection Fantôme 1ère série traduisit correctement son nom, Le Fantôme à l’exposition, il était sans doute peu explicite pour le lecteur français. De plus, sa longueur devait être gênante pour le lettrage. C’est pourquoi Fantom of the Fair fut indifféremment appelé dans notre pays Le Fantôme à l’exposition, Le Fantôme justicier, Le héros inconnu, Le Fantôme…
Presque une dizaine d’apparition en France pour ce personnage mystérieux. Les complétistes pourront également trouver une réédition de la première aventure de Fantom of the Fair dans le fanzine Golden Color n° 13.
[Jean-Michel Ferragatti]
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