Comic Box : Par la force des choses on commence toujours ces interviews en demandant à nos invités ce qu’il en est pour eux, où ils sont et dans quelles conditions vous subissez l’épidémie et, éventuellement, le confinement. Vous avez ce qu’il vous faut ?
Aaron Lopresti : Nous sommes techniquement en confinement mais les supérettes et les pharmacies restent ouvertes, du coup je peux faire face à toutes les nécessitées qui pourraient se présenter. Dans des circonstances normales je passe le plus clair de mon temps et je ne sors que pour faire un tour à l’épicerie ou chez le pharmacien. Tout cela ne change pas grand-chose pour moi. Mais mon épouse est prof, alors elle enseigne depuis chez nous, en télétravail tandis que ma fille reste également à la maison, tant que les écoles ne réouvrent pas.
C.B. : Vous êtes l’un des premiers artistes que j’ai pu voir réagir à la suspension des conventions américaines de comics (à commencer par la Emerald City Comic Con), à parler des pertes que cela vous occasionnait. Vous avez monté votre propre « convention en ligne » pendant quelques jours, en faisant des dédicaces sur commande, en live. Est-ce que vous avez pu limiter vos pertes ?
C.B. : Est-ce que vous pensez maintenir ce genre de « convention virtuelle permanente » avec la même énergie pendant tout le confinement et la pause du marché des comics ?
A.L. : Je vais essayer de m’organiser pour faire un « live » par semaine, probablement les week-ends. Ce ne sera pas vraiment des « conventions virtuelles » cette fois-ci mais plutôt quelque chose façon « une heure d’Aaron en Live ! ». J’en ai fait un récemment où j’ai lu des extraits d’un titre que j’ai scénarisé et dessiné. J’ai aussi terminé à l’écran une de mes « commissions ». La vraie difficulté, c’est faire attention à ne pas être répétitif, ne pas refaire la même chose chaque fois mais de proposer des choses variées. Je verrais bien comment cela va évoluer.
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A.L. : Je dessine actuellement la série Justice League chez DC Comics et d’après ce qu’on m’a dit il n’y aura pas d’interruption dans la production des BD. La saga sur laquelle je travaille correspond aux épisodes #48-50 à venir. Je ne sais pas bien comment DC Comics compte gérer la distribution de leurs comics pendant que le diffuseur Diamond est fermé mais il semble qu’ils sont en train de mettre un plan en place (DC Comics a annoncé hier soir reprendre une distribution partielle via un réseau de distribution des librairies non-spécialisées NDLR).
C.B. : Comment pensez-vous passer cette période de confinement ? Est-ce que vous commencez à regarder vers d’autres secteurs (disons le graphisme, les jeux vidéo…) au cas où les comics ne s’en remettraient pas ?
A.L. : Je suis en train de bosser un « Plan B » au cas où les choses ne reviendraient pas à la normale après ce blocage. Mais pour l’instant je n’ai pas encore d’idée définitive. Je prends quelques commandes commerciales, pour des dessins extérieurs aux comics, de temps à autre et j’ai aussi quelques contacts aves d’autres milieux mais pour l’instant je reste encore trop occupé par mon boulot dans les comics pour réellement avoir besoin de formuler d’autres options.
A.L. : Je suis toujours en train de travailler sur mes projets en « creator-owned » dès que j’ai un peu de temps libre. Malheureusement, en un sens, du temps libre j’en ai finalement assez peu. Du coup mes projets annexes avancent très lentement. J’ai trois titres distincts, à des stades différents de production (Garbage Man, Kit Carter et Warriors of the Light). Si ça tourne mal pour l’industrie des comics avec cette dinguerie d’épidémie, je pourrais bosser dessus et les faire avancer. C’est pour ça que, sur mon blog et sur les réseaux sociaux, je prends soin de tenir les lecteurs et les fans informés de ces projets.
C.B. : Comment pensez-vous que la situation actuelle va impacter les comics-shops et, par extension, tout le reste de l’industrie ?
A.L. : Malheureusement, je pense que cet arrêt va frapper un milieu des vendeurs de comics qui allait déjà mal. J’ai beaucoup d’amis qui sont vendeurs, qui possèdent des magasins et je ne peux qu’espérer qu’ils vont arriver à s’en tirer. Je suis inquiet que certains n’y arrivent pas et j’ai également peur que cela provoque un changement énorme dans la diffusion des comics. Je ne sais pas si à la longue ce sera pour un bien ou un mal mais je pense qu’on va déguster sur le court-terme.
A.L. : Ces jours-ci, je n’ai toujours pas beaucoup de temps à consacrer aux « art commissions », encore que cela pourrait changer vite. J’encourage les gens qui seraient intéressés pour m’acheter des planches originales ou me commander des « commissions » à m’écrire directement (aaron@aaronlopresti.com) ou à passer par mon site web (www.aaronlopresti.com). J’ai un tout nouveau sketchbook (en version hardcover) que je vends (avec une option qui inclus le dessin de la tête d’un personnage) et mes prints restent dispos à la commande. Dieu merci notre service postal continue de fonctionner, du coup je peux procéder rapidement aux envois. J’ai aussi une chaîne YouTube et je suis présent sur Instagram, Facebook et Twitter. Je suis assez facile à trouver. Je suis heureux de dire que pour l’instant les choses vont bien, malgré les inconvénients du confinement lié au coronavirus. Tout ce qu’on peut faire c’est espérer le meilleur tout en se préparant pour le pire. Et merci beaucoup de m’avoir invité dans votre rubrique sur Comic Box.
[Xavier Fournier]
Nos remerciements à Aaron Lopresti
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