Il n’est pas rare que sur le premier épisode, en particulier quand il est double, une série télévisée se cherche encore en termes de rythme et d’univers interne. Sans espérer forcément un renversement miraculeux après la bérézina des deux épisodes d’Inhumans de la semaine dernière, nous avons donc tenté le troisième…
Inhumans continue son chemin, tourné en partie à Hawaï, dans les mêmes décors naturels que Lost (et avec un ou deux acteurs en commun). Le rapprochement est sans doute bien plus fort que les producteurs pouvaient l’espérer car, disons-le, avec ce troisième épisode les sujets de Black Bolt et les scénaristes sont toujours aussi « perdus ». Ce ne veut pas dire pour autant que toutes les erreurs perdurent. On échappe ainsi cette fois à l’usage de reprises de morceaux pop, tombés comme un cheveu sur la soupe dans les épisodes précédents. Mais par contre il reste encore bien des mollesses, des contre-sens, des plans qui n’en sont pas. On trouve cependant un ou deux flashbacks construisant mieux le personnage de Black Bolt, le fait que lui-même ne voulait pas précisément être roi, qu’il aurait été bon de placer bien plus avant dans la série plutôt que de les balancer de façon aléatoire, là où ils ne servent pas. Mais surtout perdure le grand défaut de Marvel’s Inhumans : traiter les personnages au-delà de toute logique, comme si des siècles de consanguinité à l’intérieur d’Attilan avait fini par engendrer des protagonistes demeurés.
Remarquez que si cette pirouette aurait au moins l’avantage d’expliquer le manque de finesse des Inhumans, elle ne couvre pas l’indigence des personnages humains, en particulier la scientifique Louise Fisher (Ellen Woglom) pour laquelle il aurait été souhaitable que quelqu’un l’informe qu’elle ne jouait pas dans une comédie. Mais ce n’est pas tout. Si Black Bolt, par la force des choses, ne risque pas de dire beaucoup de conneries, si Triton reste aux abonnés absents tandis que Karnak est blessé et a donc une excuse pour ne pas être lui-même, la reine Medusa semble bien décidée à assurer le quota de stupidité de l’épisode, pratiquement à elle-seule. Ainsi, alors qu’il a été établi que les Inhumans parlent et comprennent très bien l’anglais, la voici qui avise un distributeur d’argent en se présentant comme reine d’Attilan et exigeant qu’on lui donne des devises. Mettons qu’elle se soit fourvoyée sur une interprétation littérale de « distributeur d’argent ». Mettons. Mais elle parle à un écran impassible où il écrit en toutes lettres qu’il faut introduire une carte. Et la reine Medusa, en théorie, sait que les humains ignorent l’existence d’Attilan. Sauf que là non et l’on a donc droit à une scène d’une stupidité rare (qui plus est dans l’épisode 2, Black Bolt ignorait l’usage de l’argent, c’est ce qui l’a mené en prison, ce n’est donc même pas cohérent d’un perso à un autre). Mais Medusa n’a pas fini sa journée. Bien décidée à retrouver Black Bolt, elle s’introduit dans un quartier résidentiel, les Royal Estates où, c’est merveilleux, il suffit qu’un des propriétaires s’en aille faire des courses pour s’introduire chez lui (parce qu’ils sont comme ça les richissimes habitants des Royal Estates, ils n’utilisent pas de système de surveillance). Là, elle peut mettre en action son plan secret, c’est à dire manger des fruits puis voler des boites de conserves, un blouson et un sac en cuir. Ne nous demandez pas pourquoi il fallait qu’elle s’introduise dans un quartier huppé d’Hawaï pour cela. Ni ce qu’elle compte faire de boites de conserves sans le moindre ouvre-boite. Ou de la carte bleue sans le code. Heureusement pour elle ce plan qui n’en n’est pas un ne se révèle pas totalement inutile puisque Medusa tombe sur une manchette de journal qui révèle que son mari est en prison. Vite, allons le libérer avec notre sac de conserves !
Du côté de Gorgon, le personnage est moins mal géré. On est plus proche de la mentalité du héros des comics. Le problème n’est pas dans son Q.I. mais dans un incroyable coup de chance. Car voyez-vous la bande de surfeurs hawaïens qui l’ont sauvé de la noyade après qu’il soit parti dans l’océan sans savoir nager sont en fait d’anciens commandos qui ne se déplacent jamais sans leurs armes. Ils décident donc d’aider Gorgon… parce qu’Hawaï aussi, à la base, c’était une monarchie. Le virus du cerveau qui fond touche décidément beaucoup de gens dans cette série. Sur la Lune, Maximus tente de manipuler Crystal (avec un résultat téléphoné que l’on voit venir à des kilomètres) et il n’y a guère que lui qui croit que cela puisse marcher. Parallèlement il se décide à envoyer le pire des Inhumans à la poursuite de Gorgon : une sorte d’échappé du groupe Slipknot, avec un masque en métal (mais avec une cicatrice sur le masque en métal pour bien faire genre méchant balafré). Et alors là curieusement ce tueur devient une sorte de voie de la raison, lui-même désabusé par rapport au comportement de ses compatriotes, comme quand il lui faut expliquer à une fille qui manipule la végétation d’utiliser ses pouvoirs. C’est comme si une partie du show constatait à voix haute que l’autre partie c’est vraiment n’importe quoi…
Bref, rien ne vient redresser la barre. La plupart des personnages ne sont pas des lumières (même si Medusa se distingue véritablement par sa performance de sosie de Sinéad O’Connor qui aurait trop sniffé la colle), les cadrages sont tout sauf inventifs… Il n’y a pas de pensée de la prise de vue pas plus qu’il n’y a de pensée du scénario. Dans les meilleurs moments on est dans le lieu commun tout au plus. Souvent, on est surtout dans le n’importe quoi. La reine Medusa s’écrie « I require money » ? On serait tellement tenté de lui répondre « we require a story… ».
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