Les Runaways de Marvel ont fait leurs débuts à l’écran cette semaine sur la plateforme Hulu, à raison de trois épisodes d’un coup. Que reste-t-il dans la version live du concept d’origine de Brian K. Vaughan et Adrian Alphona. Si la volonté de lancer la série dans un contexte relativement autonome impose des changements ou des simplifications, l’âme de la plupart des personnages est de manière assez surprenante au rendez-vous.
Depuis des années les richissimes parents d’une demi-douzaine d’adolescents ont pris l’habitude de se réunir pour régleur leurs affaires et s’occuper de diverses œuvres de charité. Les enfants ont sympathisé d’autant plus qu’ils fréquentent le même campus et que leurs parents n’ont qu’une règle : ne pas se mêler de leurs affaires. Mais une tragédie est survenue. Elle a éloigné les adolescents. Jusqu’au jour où le jeune Alex Wilder, toujours amoureux de Nico Minoru et étouffant de solitude, se décide à profiter de la prochaine réunion des parents pour « reformer le gang ». Un seul problème : si ces anciens amis eux aussi regrettent, ils font mine d’avoir tourné la page et d’être passé à autre chose. Ils sont tous invités ailleurs ce soir-là. Alex se résigne donc à passer la soirée seule mais les circonstances vont réunir le petit groupe et les pousser vers une macabre découverte…
Voici donc la nouvelle série de Marvel Television et, comme disent les américains, évacuons « l’éléphant dans la salle », oui, avec sa part de soap estudiantin, Marvel’s Runaways vise essentiellement un public jeune et adolescent. Mais ce n’est pas une tare. N’en déplaisent à ceux qui sont ressortis de Spider-Man: Homecoming surpris et courroucés que ce soit « pour les ados », il convient de voir pour quelle cible tel comic-book a été créé. Et de la même manière que Spider-Man en son temps, les Runaways de Vaughan s’adressaient très certainement à un public jeune et neuf. Ce qui n’empêche pas des lectrices et lecteurs d’un autre âge de pouvoir y trouver leur compte. Mais il y a très certainement, dès le comic-book, un mécanisme qui tient aussi de séries TV comme Dawnson ou The O.C. Il ne faut pas s’étonner de l’y retrouver ici. D’autant plus que la plus grande partie des protagonistes principaux semblent comme directement importés de la BD (c’est un peu moins vrai pour leurs parents). Alex Wilder (Rhenzy Feliz), Gert Yorkes (Ariela Barer), Karolina Dean (Virginia Gardner) ou Chase Stein (Gregg Sulkin) sont littéralement fidèles. Nico (Lyrica Okano) est assez proche du perso d’origine mais elle est peut-être plus colérique que dans la BD. Molly Hernandez (Allegra Acosta) dans les comics est une gamine nettement plus jeune. C’est sans doute la plus différente de son modèle et on peut se demander si les modifications qui la touchent n’ont pas aussi pour but de l’éloigner du deal de la Fox concernant tous les mutants.
Dès les premiers instants, la nouvelle série d’Hulu trouve son cadre. La manière de filmer n’a rien à voir avec les séries Marvel d’ABC (Agents of SHIELD, Inhumans) ou celles diffusées sur Netflix (Daredevil, Punisher…. C’est aussi différent de ce que fait CW avec les héros DC (Arrow, Flash, Supergirl, Legends…)ou de ce que la Fox diffuse avec Legion ou Gifted. Le ton et l’image sont différents. Et si l’élément soap/amourette est là, le propos n’est pas aussi bétifiant qu’on pourrait l’anticiper. Au contraire assez vite et avant même la découverte qui concerne les parents, les scénaristes confrontent les personnages à une version assez noire de l’adolescente, une partie des protagonistes étant à la limite de la dépression, touchés par des problèmes de société comme la drogue, l’alcool et même les abus sexuels (en tout cas une tentative). A la rigueur on pourrait faire certains recoupements, voir dans cette série une sorte de « cousine ado » de Jessica Jones tant ce sont des thématiques absentes de la plupart des autres shows. Certaines paraboles deviennent plus évidentes, comme une jeune fille découvrant qu’elle peut irradier une forme d’arc-en-ciel/aurore boréale… alors qu’elle s’intéresse à deux autres femmes qui s’embrassent.
Pour ce qui est des points un peu plus faibles (et encore c’est discutable), il y a une retombée indirecte d’être sur Hulu et donc de ne pas faire référence de manière forcenée à l’existence des Avengers ou autres Defenders. C’est à dire que la série démarre de façon relativement autonome, là où le comic-book, découlant de l’univers Marvel, pouvait démarrer avec un public déjà familier avec un monde de voyageurs temporels ou de sorciers. Là, dans le premier épisode, on a l’impression que le cursus des parents est un peu différent, simplifié. Mais dans le même temps il faut bien passer par certains passages imposés comme l’existence préalable de la magie, des inventions relevant de la « super-science » mais aussi la présence d’un dinosaure. Cela fait peut-être beaucoup à accepter en l’espace de quelques dizaines de minutes. Pour qui connaît et apprécie le comic-book d’origine, c’est cependant un démarrage très sympa. Si dans les faits la fidélité n’est pas totale, dans l’esprit les choses sont totalement respectées.
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