Ce mercredi Moon Knight s’achève sur Disney+ au bout de six épisodes inégaux. Avec tous les risques que cela implique puisque quand vous racontez l’histoire d’un héros qui a ses problèmes avec la réalité, vous vous demandez toujours à la fin de quel côté la pièce va retomber. Hé bien… tout dépend tout ce que vous y cherchiez, mais ce sixième épisode donne l’impression boursoufflée, avec par endroits beaucoup (trop) de choses entrées au chausse-pied, avec une impression expédiée. Et puis à d’autres moments une sensation de creux, où une partie de l’équipe créative règle ses comptes avec un film de la Distinguée Concurrence (et non, ce n’est pas Batman).
Marc Spectre/Steven Grant est toujours mort. Mais pendant ce temps sur Terre Arthur Harrow ne perd pas de temps à bailler aux corneilles. Il continue dans son plan pour libérer la déesse la plus destructrice du panthéon égyptien, celle que même les autres dieux avaient voulu enterrer profond. Et cette déesse, quand elle se réveille, a « un peu » faim. Assez rapidement, cependant, les choses progressent. Forcément il fallait bien quelqu’un pour tenir tête au Mal et on ne vous spoilera rien en vous rappelant que la série TV en question est titrée Moon Knight et qu’il y a donc un « chevalier de la lune » bien vivant à la fin de la série (quant à savoir qui c’est…). Il faut sauver le monde et combattre Ammit. Avec plusieurs dieux égyptiens qui se matérialisent à proximité du Caire, les choses semblent considérablement de registre et on passe vers quelque chose qui tient plus du combat spectaculaire, à deux niveaux. Cela peut être une bonne nouvelle pour ceux qui auront trouvé que l’épisode 5 était bourré de parlote, mais ce retour à l’action se fait au détriment du sens.
Par exemple tout le monde (sauf Marc et Steven), même ceux qui ne connaissent pas les comics, aura compris depuis plusieurs épisodes qu’ils ne sont pas que deux dans la tête du héros. Sauf que les scénaristes du show veulent retarder un maximum la révélation, au point que cela perde tout effet. On a l’impression de s’être fait voler la fin (ou une partie de la fin), chose d’autant plus désagréable que ni Marc ni Steven ne semblent poser la question à d’éventuels témoins qui, au moins, pourraient leur raconter ce qui s’est passé. Et comme la majeure partie des spectateurs a compris ce qui se passe, autant dire que les manipulations de Konshu sont transparentes et qu’on voit arriver avec la subtilité d’un camion 38 tonnes le « twist final ». De la même manière on cherchera dans la série l’explication de comment la fille d’un archéologue est devenue une guerrière capable de tenir tête à des mercenaires avec la même dureté qu’un Spector. Et puis on passera à la trappe les effets de la révélation que Spector a tué le père en question. Parce que (et c’est un anti-spoiler), Leila passe du stade « oh mon dieu Marc a tué mon père et ne me l’avait jamais dit, zut, je lui en veut énormément sur ce coup-là ! » à.. rien. Les personnages n’évoqueront plus jamais le sujet et visiblement Leila s’est fait une raison entre deux épisodes. La vérité c’est que les auteurs sont trop à l’étroit dans ce dernier épisode, qu’il leur en faudrait sans doute un ou deux autres pour négocier une fin convenable. Et que faute de les avoir on a quelque chose plein de « deus ex machina » et d’archétypes, concentré en moins de trois quart d’heure. Ça marche pour ceux qui voulaient un peu d’action après une phase très introspective la semaine dernière mais cela ne va pas chercher très loin. Le soufflé retombe.
Une partie de l’épisode (dans la seconde partie en particulier) n’a pas grand sens… si on ne la rapproche pas de certaines interviews de Mohamed Diab (l’un des réalisateurs de la série). D’un coup, un personnage qui n’avait pas une grande estime des dieux se retrouve à jouer le jeu (ça, normal, les circonstances l’imposent) mais le fait d’un coup de manière enjouée, à base de super-pouvoirs et de « oui, je suis un super-héros » fièrement à une passante. Ce virage abrupt jure un peu dans la cosmogonie de Moon Knight, c’est certain, mais ça n’a surtout guère de logique interne… Sauf… sauf quand on se souvient des déclarations de Dia et la façon dont il a mal digéré le film Wonder Woman 1984 et plus particulièrement sa représentation des Égyptiens. Et là, d’un coup tout s’éclaire. Toute une partie de ce sixième épisode n’a pas d’autre sens, pas d’autre fonction, que se payer la tête de Wonder Woman 1984. Entre un avatar qui a de furieux airs de Diana dans son armure dorée mais aussi carrément la scène du barrage routier par l’armée, dont certains soldats finiront « sous influence ». En fait pendant toute une partie de ce sixième épisode Arthur Harrow est le Maxwell Lord de WW84 pendant son passage au Moyen-Orient. Alors, cela pourrait passer s’il s’agissait d’une démonstration façon « voilà comment vous auriez dû faire » mais la sensation est toute autre. Quand on capte ce règlement de compte, on a l’impression malaisante d’être dans une scène de ménage des voisins, la team Moon Knight « répond » à WW84 plus qu’elle s’occupe de fonctionner de façon autonome. Et si vous ne capter pas l’aspect « scène de ménage », vous êtes encore plus dans la confusion. Dans l’état, dans un épisode qui se démène déjà beaucoup pour essayer de faire rentrer un trop plein de choses dans un contenant trop court, fallait-il perdre du temps avec certaines scènes comme ce barrage routier, qui n’apporte pas grand-chose ? La réponse est dans la question.
Ce dernier épisode n’est pas sans passage sympa. Et en particulier on obtient un Mister Night sans doute plus proche de ce qu’il est dans les comics, à la fois plus « parlementeur » et plus à l’aise dans l’action. Mais globalement on a l’impression que cette chute passe à côté du sujet. Après tant de world-building, les auteurs sont obligés de ranger les jouets dans un coffre trop petit. Du coup on a une fin à l’étroit. Deux ou trois épisodes de plus nous auraient donné plus de place pour gérer des éléments, des sentiments, cette fameuse discussion que Leila et Marc aurait dû avoir. Ce moment où Steven aurait pu demander à diverses personnes ce qui se passe pendant les « absences » où ni lui ni Marc ne sont aux commandes. Ce passage où les dieux égyptiens auraient pu dire « hé mais on nous attaque ! Et si on se matérialisait pour essayer de se déf… arg ». Tout ça et d’autres choses, on ne les a pas. La scène post-générique s’efforce de sauver les meubles mais fait le minimum (elle aurait justifié un épisode entier qui nous aurait fait voir la série sous un autre angle). Autant de choses qu’on n’a pas, alors qu’il y a de la place pour des règlements de compte assez « médusants » avec WW84 (on comprendra la volonté de se « payer » le film pas ailleurs pas terrible, mais pas la façon). Rétrospectivement, si c’était pour se retrouver si à l’étroit dans cette fin de cycle, on se dit que certains détours dans les épisodes précédents n’étaient absolument pas nécessaires (fallait-il perdre tant de temps dans la narration avec une rencontre avec le futur Midnight Man ?). À n’en pas douter il y aura des suites, des retombées directes ou indirectes à tout ça. Et on nous dira que ce n’est pas la « fin définitive ». Mais même en la prenant comme une fin de saison, cette fin-là fait petit bras par rapport aux ambitions annoncées.
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