Début avril, à Carcassonne, se tenait le 7ème Blanc Classic, manifestation dédiée au culturisme et qui réuni des dizaines d’athlètes aux muscles impressionnants. Si le rapport entre le bodybuilding et les comics ne saute pas d’habitude aux yeux, il est pourtant réel et a de solides bases historiques. Pour preuve, cette édition, décorée aux couleurs des héros Marvel et DC, récompensait le vainqueur du… marteau de Thor. Des fans de super-héros taillés comme Superman ou Miss Hulk ? Oui, c’est possible…
Au premier abord, la conscience collective a du mal à rapprocher la communauté des fans de comics et celle des adeptes du culturisme. Il faut dire qu’en Occident on aime bien limiter les gens à un rôle, à un cliché. Là où le lecteur de comics fait souvent l’objet de reportages TV le caricaturant comme un inadapté qui vit en caleçon Superman tout en se brossant les dents avec un gobelet Black Widow (le tout sur fond de petite musique laconique), le body-builder n’est pas moins caricaturé, décrit généralement comme un type baraqué mais forcément pas très cultivé et pas intelligent (puisque tout en muscles). En général les deux paraissent bien éloignés. Le lecteur de comics serait plutôt une sorte de Peter Parker gringalet, tandis que le culturiste serait lui plus proche de son tortionnaire Flash Thompson. Impossible (pour qui aime les étiquettes) de penser que ces deux communautés peuvent parfois se rejoindre, s’entrecroiser et même carrément ne faire qu’une. On prendra cependant comme exemple du contraire Bernard Dato, chroniqueur de Comic Box, il est vrai, mais aussi bodybuilder passionné, préparateur physique et à l’occasion Chairman (comprenez: Maître de Cérémonie) pour des compétitions de la discipline. Un singleton à la croisée des chemins ? Pas du tout.
Comme pour le prouver ce week-end, la septième édition du Blanc Classic (un Grand Prix Open de bodybuilding parrainé par le champion Didier Blanc) s’était choisi les super-héros comme thème, en nous demandant de faire une conférence sur le lien entre ces deux mondes. Et vous allez voir que les choses ont un sens. Car dès la veille de l’événement une première surprise nous attendait… croiser quelques sportifs très curieux, très impatients de voir la dite conférence. René Même, préparateur physique et vétéran reconnu dans la discipline, nous soufflait alors que la majorité des culturistes se reconnaissent bien souvent dans ces personnages.Le lendemain, il faut bien en convenir. Même s’il serait faux de dire que tous les concurrents sont forcément motivés au même degré par la culture des comics, l’ambiance est installée d’emblée par des décors projetés aux couleurs de Thor (aussi bien le Fils d’Odin que la version plus récente de Jane Foster), des Avengers ou de tout l’univers Marvel.
Non loin de là les récompenses attendent. Pour la plupart ce sont des coupes mais au milieu trône le marteau de Thor, destiné au champion toutes catégories. Et puis il a les tatouages des participants… l’un porte à l’épaule le crâne enflammé du Ghost Rider. Une jeune femme a, sur la poitrine, le dessin du générateur d’Iron Man. Quand France Ceilles (l’une des gagnantes toutes catégories féminines de 2017) vient chercher sa récompense, elle est aux couleurs de Wonder Woman. Quelques démonstrations libres permettent aussi à d’autres athlètes de porter des déguisements sommaires (c’est qu’il s’agit de montrer ses muscles, et donc de ne pas les cacher comme pour un cosplay) de Batman ou Daredevil. Une concurrente, à défaut d’adopter un costume, se livre à une démonstration/danse que l’on ne renierait sans doute pas sur Paradise Island. Plus tard, pour le coup, c’est un Iron Man dans une véritable armure qui nous rejoint. Le fait que les culturistes sont nombreux à s’intéresser à cette culture est avéré. Reste alors, avec la conférence, à parler du contraire. Est-ce que les comics, eux, se reconnaissent dans ce sport. Pas toujours…
Pourtant, et c’était l’objet de notre conférence ce jour-là, les deux univers sont étroitement cousins. Il y des terminologies, des noms d’antiques revues qui font allusion aussi bien à Superman qu’à Iron Man. Et puis il faut bien souligner que les premiers surhommes des comics ont bien souvent pour modèle des hercules qui pratiquaient l’épreuve de force dans les foires à la jonction du XIX° et du XX° siècle. Ce n’est pas pour rien que Superman porte son slip par dessus son caleçon, sa tenue est calqué sur celles de ces athlètes. Autre modèle de bon nombre de super-héros, le héros de pulps Doc Savage est une sorte de Sherlock Holmes qui serait passé par la salle de bodybuilding. Il traîne dans son sillage des personnages tels que Captain America… Encore que l’on peut dire que, sous une certaine grille de lecture, Superman ou Captain America sont aussi des anti-culturistes tant leur musculature et leur force leur viennent d’une pirouette due à la science-fiction (Captain Marvel/Shazam, lui, doit celà à la magie). L’athlète, lui, s’entraîne pendant des mois, des années, pour se dépasser…
Qu’à celà ne tienne, les points de rapprochements l’emportent sur ces différences. Et puis il y a quelques héros comme Batman qui doivent réellement leur forme à des années d’entraînement. Un peu entre les deux, on trouve Wonder Woman, qui a la particularité d’avoir un force surhumaine. Cependant comme toutes les femmes du peuple amazone elle s’entraîne (on le voit aussi bien dans la BD qu’à l’écran). Qui plus est son créateur William Moulton-Marston l’avait pensé – entre autre choses – dans le but de pousser les jeunes filles à pratiquer des activités physiques. Au bout du compte, quelques bodybuilders ont à l’occasion prêté leur musculature pour donner corps à des héros fictifs. On pourra prendre pour exemple Lou Ferrigno, ex Mr. Universe et Mr. Olympia, qui fut pendant plusieurs années l’Incroyable Hulk de la télévision, signe s’il en est que ces deux mondes n’en forment qu’un seul.
Il y a, enfin, des personnages de comics qui incarnent beaucoup plus directement la pratique de la musculation, quand bien même avec l’exagération inhérente aux superpouvoirs. On évoquait ainsi Mr. Muscles (un super-balaise des années 50) qui devenait super-fort à force d’entraînement, sa voisine de revue Miss Muscles ou encore le plus moderne et plus connu Flex Mentallo, personnage issu de la Doom Patrol de Grant Morrison (DC Comics), qui a la particularité de singer la méthode de Charles Atlas et ses publicités bien connues. Parce qu’il en a marre d’être un gringalet sur la plage, Flex commande une méthode par correspondance qui fait de lui une montagne de muscles au point d’irradier des ondes de force… et que la mention Héros de la Plage apparaisse quand il bande ses muscles. On aurait pu aussi évoquer (mais le temps nous a manqué) un personnage aux origines similaires, Luther Strode (Image Comics, disponible en VF chez Delcourt), qui doit sa force à une certaine méthode Hercule.
Une petite conférence comics dans une compétition de musculation, pas vraiment l’endroit où l’on s’y attend et pourtant, après avoir mesuré la passion des uns et des autres, c’est quelque chose qui, au-delà des apparences, devient tout à fait logique et naturel. Allez, moi je vous laisse, j’ai des cartons de comics à soulever…
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