Novembre 1964. Batman et Robin attendent un mystérieux informateur à l’aéroport de Gotham. Manque de chance pour eux, l’homme est abattu dès son arrivée. Quelques instants plus tard, le Commissaire Gordon informe la presse que la victime – qui faisait partie d’Interpol – a sans doute été assassinée par les forces d’Hydra. « Hydra ? » s’étonnent les reporters ? Oui, il s’agit bien du cartel international que personne ne peut arrêter car, comme dans les légendaires travaux d’Hercule, « à chaque fois qu’on décapite Hydra une autre tête lui pousse ». En écoutant l’exposé, Batman décide de devenir un homologue moderne d’Hercule: puisqu’il le faut, il traversera le monde pour détruire Hydra. Il n’avait visiblement jamais entendu parler d’Hydra auparavant car le terrain d’action de l’organisation est plutôt l’Europe. Alors c’est là-bas qu’il va se rendre…
Pour ceux d’entre vous qui ne connaîtraient très bien l’univers Marvel, Hydra est l’organisation ennemie du SHIELD. Respectivement les deux organisations sont un peu comme le SPECTRE et le service de James Bond, intégrés à un univers partagé où les super-héros. La Hydra de Marvel a d’ailleurs pratiquement la même devise que celle de DC: dans le cas des ennemis du SHIELD, il s’agit de dire « que quand on coupe un membre d’Hydra il en repousse plusieurs » là où la version de DC préfère parler de « tête coupée qui repousse » mais la finalité est là même. La principale différence est que la Hydra de Marvel utilise de préférence des uniformes verts et jaunes, là où les adversaires de Batman, eux, opèrent en civil. Alors quoi ? Le scénariste de DC (dans le cas présent Bill Finger, le co-créateur de Batman) se serait mis en tête de copier Marvel ? Pas vraiment. En fait cet épisode de Batman est paru un an avant les débuts du SHIELD et d’Hydra chez Marvel. S’il y en a un qui a copié sur l’autre, c’est forcément dans l’autre sens que les choses ont pu se passer.
Mais même en faisant abstraction du nom commun, il reste des similitudes. Par exemple dans le cas de Batman #167 comme dans Strange Tales #135 (la première apparition de Hydra façon Marvel), la seule femme présente fait un rappel visuel basé sur une multiplication des membres faron déesse hindoue. Dans le cas de Batman, il s’agit d’une danseuse (travaillant pour Interpol undercover) qui utilise ses bras comme un sémaphore pour communiquer avec le héros. Ses bras bougent tellement vite qu’elle semble en avoir plus de deux. Dans Strange Tales, le seul agent féminin aperçu se lance dans un effet d’optique rituel (avec d’autres agents derrière elle) qui fait croire qu’elle a, elle aussi, de nombreux bras. La Hydra opposée à Batman utilise piège des statues antiques pour s’attaquer au héros ? L’ennemie du SHIELD en fait de même (Strange Tales #151) et d’une manière générale la quête de Batman chassant Hydra à travers le monde évoque à plusieurs égards celle de Nick Fury, le leader du SHIELD, aux alentours de Strange Tales #150.
La différence majeure vient de la science de Kirby a inventer des gadgets fous, absents de la version de Batman (en dehors des Bat-gadgets habituels). Bref, malgré l’absence de costumes verts, Hydra telle que définie par Marvel est apparue un an auparavant chez le concurrent DC. Visiblement Batman a fait tellement peur à ces malfrats qu’ils ont préféré s’installer dans un autre univers, où ils sont devenus plus célèbres…
[Xavier Fournier]
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