Danny Davis, le jeune libraire orphelin qui est désormais le gardien du Livre de D (l’ouvrage dans lequel Captain 3-D retourne entre chaque mission), marche dans la rue, les bras chargés de commission quand il est renversé par quelqu’un qui court. Il s’agît d’un fuyard qui tente d’échapper à un policier. Mais soudainement l’inconnu se retourne, attrape l’agent de police et le projette au loin avec une force herculéenne… En voyant la scène, Danny se dit que l’inconnu vient de faire preuve du même genre de force dont a usé Captain 3-D pour empêcher les gens du Peuple-Chat de s’emparer du Livre de D. Incapable d’empêcher la fuite de l’inconnu, Danny retourne à sa librairie en se disant « Ce voleur ne pouvait pas être Captain 3-D ! Si seulement je pouvais lui parler ! La dernière fois il est apparu quand j’ai porté les lunettes 3-D ». Car visiblement Danny est bien le seul à ne toujours pas avoir compris comment Captain 3-D est apparu la fois précédente. Et, surprise, quand il répète machinalement le geste devant le Livre de D, le super-héros s’échappe à nouveau du livre, reprenant taille humaine. Danny crie alors pour souligner l’évidence : « Les lunettes ! C’est ce qui te ramène à la vie ! ».
Mais quelques rues plus loin Danny repère un mystérieux inconnu (décidément il y a vraiment beaucoup de mystérieux inconnus dans le quartier où vit le jeune garçon) qui est, en douce, en train d’arracher un bout de page de magazine vendu dans un kiosque. L’homme fonce ensuite vers une proche voiture mais pendant ce temps Danny ramasse la revue et regarde ce qui a été arraché : la photo d’un criminel nommé Joe Burns, connu sous le pseudonyme du Sauteur par c’est un ex-acrobate de cirque connu pour son agilité prodigieuse.
A la grande surprise de Danny puisque la grotte est plongée dans l’obscurité totale. Le garçon s’étonne : « Il doit y avoir des yeux comme ceux d’un chat ! ». Et une fois encore Danny ne brille pas par son intelligence puisqu’après avoir déjà rencontré le Peuple-Chat une telle constatation devrait normalement lui permettre de faire le rapprochement.
En fait, alors que Danny avance, il tombe dans une sorte de piège : une trappe qui le fait tomber dans le sol jusqu’à un poste de commandes où se tient l’inconnu voleur de bouts de papier (on apprend qu’il s’appelle Skweel) ainsi qu’une étrange femme masquée, habillée avec un costume de fourrure, qui est visiblement le leader de cette opération. « Toi ! Tu est l’homme qui a volé la photo du Sauteur » s’exclame Danny, le doigt tendu.
La femme en fourrure a un peu plus de jugeote que les autres personnages de l’histoire et immédiatement elle se retourne vers Skweel : « Je t’ai ordonné d’acheter ce magazine ! Tu as mis en danger tout le projet pour économiser quelques pièces ! ». Et elle a raison. Si Skweel s’était contenté d’acheter la revue en bonne et due forme Danny ne se serait pas intéressé à lui. Du coup, Skweel a peur d’être puni pour son erreur, levant les bras pour se protéger, il implore : « Non, Tigra ! Non ! ».
Mais quel mystérieux projet nécessiterait qu’on aille voler des vignettes de magazine dans les kiosques ? En fait, les ravisseurs de Danny sont arrivés à copier la technologie du Livre D et à l’inverser. Skweel, aidé d’un complice nommé Grone, crée ainsi un pantin à base de plusieurs photographies (on en déduira que chaque bout provient d’une photo différente, correspondant à l’image d’un spécialiste au talent précis). Tigra et ses complices enfilent ensuite des lunettes stéréo qui ont été chargées avec la même force vitale que le Livre de D. Danny en déduit qu’il y a de la force vitale dans le Livre de D et que c’est pour cela que Captain 3-D a besoin d’y retourner, sinon il mourrait (mais si c’est seulement ça, pourquoi Captain 3-D ne partagerait-il pas ce secret avec Danny, à plus forte raison si le Peuple-Chat est déjà au courant ?). Au terme du procédé, le montage photographique prend du relief et une taille humaine. Il est devenu un homme à part entière, créé sur mesure. A la grande joie de Tigra « Excellent ! Un autre esclave ! Il pourra aider Grone à cambrioler la compagnie des fourrures Atlas ce soir ! ». Une cible qui ne manque pas de piquant car à la même époque Atlas était le nom d’un ancien employeur de Joe Simon et Jack Kirby. C’est sous ce label qu’opérait Marvel ! Passé ce clin d’œil on se demandera pourquoi un Peuple-Chat veut cambrioler un entrepôt de fourrure…
Mais le souci premier de Danny, c’est de prévenir Captain 3-D! Mais il est toujours attaché à sa chaîne. L’inspiration lui vient alors « J’ai lu quelque part que si l’on frotte de la laine sur le fer il finira par casser ! ». Ben voyons. Bon ok vous viendrez à bout de n’importe quel acier si vous frottez quelque chose ASSEZ LONGTEMPS pour ça. Mais il suffit à Danny de quelques instants de ce procédé révolutionnaire à base de laine pour que la lourde chaîne cède. Et Danny arrive à prendre la fuite, talonné par les acolytes de Tigra. Apparemment les hommes-chats n’arrivent pas à courir aussi vite qu’un petit garçon (enfin vous me direz leurs chaînes ne sont pas à l’épreuve de la laine non plus alors on commence à comprendre comment ils ne sont pas arrivés à conquérir la Terre malgré des millénaires de tentative).
Captain 3-D surprend l’homme-montage et Skweel sur le toit de l’entrepôt visé. Bien sûr il les attaque mais l’être composite, formé à partir de photographies, se révèle un adversaire formidable, qui assomme le héros. Quand ce dernier reprend conscience, les bandits ont pris la fuite mais Danny Davis arrive sur les lieux. Il a suivi Captain 3-D aussi vite qu’il l’a pu. Tous deux ignorent où les ennemis sont partis mais Danny insiste sur le fait qu’il peut guider le Captain jusqu’à la base de Tigra (qui forcément n’a pas eu l’idée de changer de base après que le garçon se soit évadé.
Et pour clore le chapitre sur Captain 3-D et les hommes-chats, notons, enfin, que c’était une des premières percées de Jack Kirby dans l’anthropomorphisme (les animaux à qui l’on confère des attitudes humaines, un peu le contraire de ce que Simon & Kirby avaient fait dans Adventure Comics #76, où c’étaient les humains qui se faisaient passer pour des bêtes). Kirby s’investirait à nouveau dans ce genre bien des années plus tard avec la série Kamandi, racontant les aventures futuristes du dernier garçon réellement humain de la Terre, dans un environnement où toutes les races animales ont évolués et ont pris des aptitudes humanoïdes. En bonne place parmi les races rencontrées par Kamandi, on trouverait une race d’hommes-tigres et leur Prince Tuftan, sorte de Peuple-Chat un peu plus doué pour conquérir la Terre que les ennemis de Captain 3-D. S’il serait difficile de voir dans tous les félins utilisés par Kirby par la suite une trace du Peuple-Chat, il convient néanmoins d’insister une coïncidence étrange. Le jeune garçon Kamandi s’appelait ainsi parce qu’il avait été émergé d’un bunker abandonné qui portait l’inscription « Command D » (« Kamandi » en est une déformation phonétique). Autrement dit en bon français le Poste D… Comme la Race D ? Quand on sait que Kirby eut d’abord l’idée de Kamandi en 1956 (à peine trois ans après Captain 3-D), pour un projet de strip, le rapprochement n’est pas exclu. Accidentel ou pas, cet élément contribue encore à nous convaincre que l’oeubre de Jack Kirby peut se concevoir comme un univers cohérent, une sorte de Kirbyverse avec ses propres règles et qui aurait sa propre existence, échappant aux séparations propres aux différents éditeurs chez qui Kirby a pu travailler…
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