Oldies But Goodies: Doom Patrol #100 (Dec. 1965)
16 mars 2013[FRENCH] Avant Cliff Steele était un champion de course à qui tout souriait. Mais ça c’était avant ! Il est désormais Robotman ! Le voici qui se réveille dans un corps artificiel. Seul son cerveau a été sauvé. Vous pensez qu’il va devenir un héros et rejoindre les rangs de la Doom Patrol ? C’est un peu plus compliqué que ça…
En 1963, DC Comics et Marvel lancèrent à quelques semaines d’écart deux titres qui avaient un grand nombre de points communs. La Doom Patrol et les X-Men allaient vite s’imposer comme des titres de « misfits », de personnages mis au ban de la société pour leur apparence ou leur nature différente. De plus ces équipes étaient dirigées par des leaders plus vieux, installés comme des patriarches ayant créés de véritables refuges pour ces phénomènes dont l’Humanité se méfiait. Des leaders qui, dans les deux cas se retrouvaient dans des fauteuils roulants en raison d’évènements longtemps mystérieux. Ce qui ne veut pas dire pour autant que tout était identique. Les membres de la Doom Patrol se différenciaient assez facilement des mutants de Marvel. L’actrice Rita Farr, après avoir respiré des vapeurs étranges, avait le corps qui changeait de dimension. Surnommée Elasti-Girl, elle passait en une seconde de l’état de géante à celui d’être microscopique (d’ailleurs c’est le seul personnage de l’équipe qui n’était pas réellement un monstre. La plupart du temps elle gérait très bien ses transformations et restait une très belle femme). Le pilote de course Cliff Steele, à la suite d’un accident de voiture, avait été trop gravement blessé pour survivre. On avait transplanté son cerveau dans un corps mécanique doré surpuissant. Il était devenu Robotman (le nom étant emprunté à un autre héros cyborg que DC avait publié pendant le Golden Age). Hélas pour lui plus aucun sportif ne voulait disputer de compétition avec lui, le jugeant (non sans raison) hors-normes. L’aviateur Larry Trainor avait été contaminé par des radiations célestes alors qu’il pilotait un jet expérimental. Désormais il était obligé d’être couvert de bandelettes qui absorbaient les radiations, lui donnant l’allure d’une momie. Trainor avait le pouvoir d’éjecter de son corps une entité sombre mais scintillante, Negative Man, qui ressemblait à une version noire d’Human Torch.
D’ailleurs Robotman et Negative Man trahissent à divers égards les raisons de leur ressemblance avec les X-Men : Les deux équipes sont en fait des extrapolations tirées du modèle des Fantastic Four lancés deux ans auparavant. Malgré son apparence mécanique Robotman était un homologue de The Thing. Tous les deux étaient des « monstres » oranges qui partageaient le même sale caractère et la même gouaille. Larry Trainor, avec son avion sortant de la stratosphère, l’exposant à des radiations cosmiques avant de piquer vers le sol, était un emprunt à peine voilé à l’origine des Fantastiques. Et puis il y avait les rapprochements déjà évoqués entre Negative Man et Human Torch (encore qu’on fait souvent l’impasse sur les pouvoirs que Larry Trainor a même quand il n’invoque pas son double, Negative Man. Dans Doom Patrol #106 il est montré que même dans ce cas-là Trainor dispose d’une vision à rayons-X). Le scénariste Arnold Drake avait visiblement décidé d’imiter la recette Marvel et de l’importer dans l’univers DC. De leur côté Stan Lee et Jack Kirby, cherchant à faire croître leur cheptel de héros et à capitaliser sur le succès de leurs Fantastiques, avaient expérimenté à partir de là pour créer les X-Men. Et les deux équipes étaient tombées sur des résultats finalement assez proches. Un autre rapprochement entre les deux titres est que, un peu plus tard, ils connaîtraient un sort similaire. Ne rencontrant pas forcément le succès attendu (ou étant incapable de l’entretenir sur le long terme), les X-Men et la Doom Patrol seraient, chacun de leur côté, suspendus, les séries ne contenant plus que des réimpressions d’épisodes avant de disparaître. Et, encore plus tard, dans le milieu des années 70, les deux groupes reviendraient avec de nouveaux membres…
Mais les X-Men et la Doom Patrol des années soixante ont un autre point commun. Dans les deux cas, alors que les séries étaient lancées depuis plusieurs années, leurs auteurs ont décidé de raconter les origines individuelles de certains membres, sous forme de flashback publiés à la fin de l’histoire principale. Mais là pour le coup l’écart entre les histoires est plus large. Si Roy Thomas a raconté « The Origins of the Uncanny X-Men » à partir de X-Men #38 (1967), la Doom Patrol avait déjà goûté à ce genre de révélations dès Doom Patrol #100 (décembre 1965). Bien sûr, le premier réflexe est de se dire qu’il y a une contradiction. Dès le premier épisode de la patrouille on n’ignorait rien des circonstances très spéciales qui avaient transformés Cliff, Larry et Rita en de véritables phénomènes de foire. Que restait-il donc à raconter deux ans plus tard ? Ni plus ni moins que la version longue des origines de Robotman…
Comme pour Thor chez Marvel, la Doom Patrol était apparue dans une anthologie, My Greatest Adventure #80, avant que ce titre soit rebaptisé au #85. Malgré les apparences Doom Patrol #100 n’était donc que le vingtième épisode de la patrouille. Passons sur l’épisode principal, qui ne nous intéresse pas aujourd’hui, pour sauter directement à un deuxième récit, « Robotman… Wanted Dead Or Alive ». Sur l’image de présentation le dénommé Robotman est monté en haut d’un pont, l’air furieux, et défie des avions et un hélicoptère de le tuer. La chose n’était pas si étonnante, Cliff Steele (complexé par son corps de métal) faisant souvent preuve d’un caractère exécrable. Mais le narrateur de l’histoire va vite nous éclairer sur la particularité du récit : « Repoussons les sables du temps, revenons à l’époque où il n’y avait pas de Doom Patrol, quand Robotman n’existait pas… Et que son cerveau se trouvait encore dans le crâne du sportif Cliff Steele ! ». Allons bon… Une préquelle ? Mais pourtant on voyait bien Robotman dans l’introduction ?
L’histoire recule pourtant et on retrouve Cliff Steele à l’époque où il était encore humain, alors qu’il est lancé dans la fatidique course de voitures où il va vivre son terrible accident. Les choses commencent donc comme une redite de l’origine vue dans My Greatest Adventure #80. Pourtant elles vont vite prendre une autre voie. On se retrouve vite à l’hôpital où les docteurs ne peuvent que constater l’évidence : le corps de Cliff Steele a été entièrement détruit par les flammes. Mais il reste une chose en état, son cerveau… Ce qui pose quand même la question de savoir comment un cerveau peut vivre dans un corps entièrement détruit (c’est à dire sans cœur, sans poumons…). Mais l’un des médecins explique qu’il y a cependant un génie scientifique, à la fois chirurgien et as de l’électronique, qui peut sauver Steele. Rapidement on organise donc une opération, alors que Cliff Steele n’est pas conscient de ce qui se passe. Niles Caulder (l’homme reconnaissable à sa chaise roulante, qui sera plus tard le leader de la Doom Patrol) procède alors au transfert du cerveau de Cliff dans un corps entièrement mécanique.
Mais c’est à partir de ce moment-là que les éléments nouveaux se bousculent réellement. Quand Cliff revient à lui, il voit d’abord une infirmière qui lui parle, avec un cadrage subjectif qui n’est pas sans évoquer, avant l’heure, certaines scènes de Robocop : « Bonjour ! Est-ce que vous réalisez que nous venons de vivre un miracle ? Et comment nous sentons-nous ? ». Comme bien des infirmières, celle-ci emploie la troisième personne du pluriel pour s’adresser au patient. Steele, hors-champ, n’apprécie pas tellement : « Nous nous sentons comme un jour de nouvel an chinois, avec les oreilles qui craquent, la tête qui me lance et… Ce son ! Ce n’est pas ma voix ! On dirait un haut-parleur cassé qui diffuserait un solo de kazoo ! ». Cliff, en effet, n’a pas été informé de ce qui lui est arrivé. Et comme il n’a rien pour voir son propre visage c’est en apercevant ses mains qu’il commence à réaliser : « Ces mains ! Qu’est-ce qui se passe ici ? C’est une sorte de blague pourrie ? Rendez-moi mes mains ! ». Sous la surprise il saute de son lit… mais il n’arrive pas à tenir debout. L’infirmière lui explique alors qu’il doit y aller doucement : « Vous devez réapprendre à tout faire ! ». Ce n’est qu’en se traînant devant un miroir que Cliff comprend l’ampleur de la situation : « Non ! Ca ne peut pas être moi ! Ce n’est pas humain ! C’est une monstruosité d’Hollywood mais ce n’est pas moi ! ».
Sous la colère Cliff Steele/Robotman brise le miroir. L’infirmière (qui est miraculeusement passée de l’état de blonde à celui de brune) tente alors de le calmer : « Bonté divine ! Est-ce que vous réalisez ce qu’il a fallu faire pour vous sauver ? Soyez content d’être en vie ! ». Mais Robotman la reprend : « Vous appelez ça vivre ! Okay chérie… Et si on se prévoyait un rencard ce soir ? Vous aimeriez embrasser ces lèvres de fer ? Qu’est-ce que vous penseriez de m’épouser ? Hah ! ». L’infirmière marque une attitude de recul : « S’il vous plait… Laissez-moi… Vous m’effrayez ! ». En pleine crise de fureur Robotman laisse partir la jeune femme mais pour mieux passer sa colère sur le mobilier : « Je vais faire plus ! Je vais réduire cet endroit en pièce ! Qui est le « médecin fou » qui m’a fait çà ? Je vais le détruire ! ». En fait Robotman est dans un état digne de l’Incroyable Hulk. Il passe les meubles et les lits de la pièce à travers la façade de l’hôpital, faisant preuve ainsi de sa force herculéenne. Et il exige qu’on lui livre l’homme qui l’a mis dans cet état. Le personnel de l’établissement tente bien de lui passer une camisole. Mais les infirmiers ne sont pas de taille et sont projetés à travers un mur.
Pendant ce temps Niles Caulder est dans une pièce proche, en train de préparer une sorte de grenade à gaz anesthésiant. Un de ses collègues lui demande « Vous pensez vraiment que vous pouvez anesthésier un robot, Caulder ? ». Mais l’autre explique qu’il respire le même air que les humains : « Je l’ai doté d’un réservoir d’oxygène mais il ne sait pas ! ». Bientôt Caulder s’aventure dans les couloirs de l’édifice. Robotman, qui est monté sur un brancard doté de roues, se rue vers lui. Mais Cliff Steele ne sait pas qui l’a opéré. Il était inconscient pendant tout ce temps et il ne sait pas qui est Caulder. Il est surtout surpris en constatant son handicap, se demandant si c’est un docteur ou une autre victime. Caulder profite de son hésitation pour lancer sa grenade. Pris par surprise, Robotman suffoque et s’effondre. Il est rapidement enchaîné dans une sorte de cellule…
Niles Caulder réunit ses collègues et leur explique qu’on finira par relâcher Robotman. Avec du temps on lui apprendra comment vivre une existence relativement normale. Mais les autres, après avoir assisté à la colère de l’homme-robot, ne sont pas de cet avis : « Impossible, Caulder ! Il n’est plus humain ! En fait je pense même qu’il sera… l’ennemi de toute l’humanité ! ». En insistant, Niles finit par les convaincre de suivre son idée. Mais ils mettent une condition : Caulder ne peut pas être celui qui s’occupera de Steele. Ce dernier a juré de tuer le chirurgien qui l’a opéré. Ce serait trop risqué de le mettre en présence de Robotman. Les deux autres médecins entre donc dans la cellule et tente de raisonner Cliff Steele. A leur grande surprise celui-ci semble s’être calmé et leur donne raison. Rassurés, les médecins le détachent : « Caulder avait raison ! Son esprit a triomphé sur son corps ! Laissons-le détendre ses jambes de métal ! ». Mais une mauvaise surprise les attend. Robotman faisait semblant. Il ne s’est pas réellement calmé. Toujours furieux, il s’empare des deux hommes et, sous la menace, les force à ouvrir la porte de la cellule… Il s’évade !
Bientôt on sonne l’alarme et on ordonne que tous les portails de l’établissement soient fermés ! Il y a un fou dangereux dans le périmètre ! Mais ce fou dangereux a ceci de plus qu’il est en métal et supérieurement fort. Robotman saute à pieds joints sur l’une de ces portes, qui ne résiste pas. Bientôt la police retrouve la trace du « robot humain » sur un pont que Cliff escalade, jouant un peu à King Kong. Avec une poutre il menace tous les avions qui s’approchent. Et il commence même à s’en prendre aux câbles qui retiennent le pont. En s’accrochant à l’un d’entre eux comme si c’était une liane, Robotman s’enfuit à la manière assumée d’un « Robot Tarzan ». Plus tard il s’en prend à une statue représentant Atlas. Les policiers pensent l’avoir encerclé. Mais Robotman s’empare du globe terrestre porté par la statue et le lance sur ses poursuivants…
Pendant ce temps c’est la panique à l’hôtel de ville et le maire téléphone au président des USA pour réclamer l’utilisation d’une arme nucléaire contre cette menace. En même temps c’est quand même pousser le bouchon un peu loin sachant que Robotman pour l’instant n’a blessé personne et qu’on peut tout au plus lui reprocher d’avoir arraché quelques câbles du pont et endommagé une statue. Rien qui justifie réellement qu’on largue une bombe nucléaire. D’ailleurs Niles Caulder ne manque pas de s’opposer au plan du maire : « Cliff Steele n’a jamais commis un acte criminel de toute sa vie ! Cette crise de folie doit être causée par une erreur que j’ai faite pendant l’opération ! Je suis responsable de sa folie ! Et moi seul en sait assez sur son corps de métal pour l’arrêter ! Vous me devez me laisser une chance de le faire ! ». Finalement le maire décide que ca vaut le coup d’essayer (sans doute qu’il n’est pas très pressé non plus de raser la ville).
Mais ces évènements n’empêchent pas les gens de la ville de s’amuser. Le soir même ils sont dans un stade bondé, pour observer un match de baseball… quand l’enceinte est plongée dans l’obscurité. Les lumières viennent de s’éteindre sans raison apparentes. C’est Robotman qui est à l’œuvre. Il a ouvert la ligne électrique qui alimente le quartier et menace de faire passer 100.000 volts à travers son corps, de manière à les diffuser dans la charpente en métal du stade. Si les policiers n’arrêtent pas de le poursuivre, il fera ainsi fondre la charpente et on aura droit à un carnage ! Cette fois le doute n’est plus permis. Robotman n’est pas seulement un être égaré mais il n’a aucune considération pour la vie humaine. C’est un véritable monstre !
C’est à ce moment qu’arrive Niles Caulder (escorté de quelques policiers) qui tente de résonner Cliff Steele, lui demandant de ne pas faire d’erreur. Robotman rétorque que celui qui a fait une erreur c’est celui qui l’a transplanté dans ce corps de métal. Mais il ne réalise toujours pas que Niles Caulder est justement le chirurgien en question. Alors que Steele avance d’un pas menaçant, les policiers deviennent nerveux et dégainent leurs armes : « On doit pouvoir le tuer ! Un tire à travers son cerveau humain et… ». Coincé entre Robotman et les hommes paniqués, Niles Caulder réclame qu’on lui laisse une chance, une seule, de calmer son interlocuteur…
Et le récit s’achève ainsi, sur ce « cliffhanger », alors que le narrateur explique : « Ne manquez pas le prochain épisode de cette étonnante série à propos du personnage le plus sensationnel jamais créé ! Prenez vos précautions pour vous procurer le prochain numéro ! ». Car en fait cette préquelle sur un Robotman fou dangereux, digne du monstre de Frankenstein cherchant à détruire son créateur, ne va pas durer qu’un numéro mais va être une saga s’étendant sur plusieurs mois. Dans Doom Patrol #101, Niles Caulder n’arrivera pas à calmer l’homme de métal, qui s’échappera à nouveau. Surnommé « le Robotmaniac », Cliff Steele va alors faire la connaissance d’un bossu, d’un nain, d’un aveugle et d’une mendiante qui vont l’accueillir et devenir un peu sa bande. Robotman (ou Robotmaniac si vous préférez), prend l’habitude de cacher son apparence métallique sous un long imperméable et un chapeau (ce qui lui donne un côté plus « pulp » que d’habitude). Et il est toujours motivé par l’idée de tuer le chirurgien qui l’a mis dans cet état. Doom Patrol #102 étant un crossover avec les Challengers of the Unknow, il ne contient pas, par manque de place, la suite de cette aventure.
C’est dans le #103 qu’on retrouve le Robotmaniac. Cliff Steele tente de prendre contact avec son frère, Randy. Mais il est très surpris de la réaction de sa famille. Il s’attendait à les repousser et constate qu’il n’en est rien. Ils savent ce qui lui est arrivé et l’acceptent ainsi. Mais Randy le pousse quand même à partir, prétextant qu’il a peur que la police leur cause des problèmes. Bien vite Robotman comprend qu’en fait son frère cherchait à l’éloigner pour son bien. Randy est menacé par un gang de trafiquant d’armes. Robotman va s’opposer à eux et les coffrer. Au même moment Niles Caulder décide de servir d’appât pour mieux capturer Robotman. Il s’arrange pour que la presse publie le nom de l’homme qui a opéré Steele. Réalisant qu’il tient son homme, Robotman se précipite à l’hôpital sans réaliser que la police va lui tendre un piège. Mais les policiers sont plus extrêmes que Caulder. Eux ont tendus une embuscade à l’homme-robot, s’apprêtant à le réduire en miettes à coups de bazookas. Caulder, voulant le sauver à tout prix, s’arrange pour pousser un coffre par une fenêtre. Le coffre, tombant Robotman, le prévient ainsi du danger et il a le temps de s’enfuir avant que les policiers puissent l’abattre. Steele remercie intérieurement l’inconnu qui l’a averti et qui lui a sauvé la vie… Sans comprendre qu’il s’agit de l’homme qu’il a promis de tuer.
Par la suite (Doom Patrol #105) il s’avèrera que Steele a trouvé la demeure de Steele et tente de le tuer. Mais il tombe en fait… Sur Larry Trainor (Negative Man) puis sur Elasti-Girl, que le docteur a déjà convié chez lui afin de discuter de la Doom Patrol. Alors que les deux autres retiennent Robotman, Caulder a enfin l’occasion de lui expliquer que sa fureur est causée par un faux contact. S’il le laisse l’opérer à nouveau, Caulder lui promet qu’il retrouvera sa personnalité d’origine. C’est à ce moment-là que le Chef (Caulder) leur propose de fonder ensemble la fameuse patrouille. Robotman émet des doutes. D’après lui la société les traitera toujours comme des monstres (il faut dire qu’il a fait ce qu’il fallait, en se comportant comme une menace). Mais c’est finalement Negative Man qui arrive à le convaincre qu’ils peuvent peut-être justement prouver au monde que mêmes des gens hors-normes comme eux peuvent être utiles.
Cette scène finale est en contradiction avec l’épisode originel de la Doom Patrol (My Greatest Adventure #80) qui voyait Robotman, Elasti-Girl et Negative Man arriver chez Caulder sans savoir qui il était, au point d’ignorer qu’il s’agissait d’un infirme (ils ne le réalisent qu’après quelques cases de discussion). Et Robotman se souvenait par contre très bien avoir été opéré, déduisant que le chirurgien devait être dans un fauteuil car il lui avait semblé être de petite taille (ce qui induit que Steele était conscient pendant l’opération). C’est donc bien une retcon partielle qui a ceci de particulier que les deux épisodes sont écrits par Arnold Drake. Le scénariste a donc repensé la conception de son groupe à peine deux ans après l’avoir lancé. Cette longue crise de fureur fait également penser à différentes phases de Ben Grimm (la Chose) qui tentera plusieurs fois dans les années 60 de se « venger » de l’homme responsable de son physique : son ami Reed Richards. Il n’empêche que l’idée d’un Robotman qui ne deviendrait pas directement un héros mais passerait d’abord quelques mois comme ennemi public n°1 a quelque chose d’intéressant, rajoutant une part d’ombre au personnage. Comme les aventures de « Robotmaniac » sont un ajout tardif, elles furent souvent ignorées par les autres scénaristes de la série qui, par réflexe, se sont plus reportés vers My Greatest Adventure #80 pour savoir comment l’équipe s’était formée. Dommage qu’au fil des différents reboots qu’a connue ensuite la Doom Patrol personne n’ai pensé à repartir de cette seconde version de l’origine du groupe et réintroduire Robotman d’abord comme un « Hulk » mécanique qui pourrait s’opposer aux autre héros de DC…
[Xavier Fournier]
On remarquera le manque de psychologie de l’infirmière, qui ne trouve rien de mieux à faire que de dire à Steele qu’il devrait être content…
Cependant , pour nous lecteurs modernes, qui connaissons les révélations de grant morrison sur les agissements du Chef, cette histoire ou Cliff Steele veut le tuer à comme des allures de prequel involontaire…
Oui. Dans la version Morrison le Chef a carrément des motifs plus évidents de se sentir responsable.