Le titre de Flash V.1 #128 annonce la couleur: « le cas où Flash a vraiment disparu ». Sur la couverture, Flash se désintègre au fur et à mesure qu’il avance, tandis que son costume se vide. La scène est connue, classique, puisqu’elle correspond aux circonstances de sa mort dans Crisis. Sauf que là nous sommes près d’un quart de siècle avant la mort officielle de Barry Allen. L’épisode écrit par John Broome et dessiné par Carmine Infantino commence d’abord en… 6363. C’est en effet la première apparition de Abra Kadabra, un personnage qui deviendra par la suite un ennemi régulier de Flash (que ce soit Barry Allen ou Wally West d’ailleurs). Pour l’heure, c’est la première fois que le lecteur le voit et on nous explique donc ses tenants et ses aboutissants. Abra Kadabra est un prestidigitateur blasé, à une époque où la science a tout rendu possible. « Abra » n’émerveille donc personne avec ses tours de passe-passe. Apprenant l’existence d’une machine à voyager dans le temps, il se dit qu’il lui suffit de remonter jusqu’au 20ème siècle. Là, les gens seront assez arriérés pour être épatés par ses tours…
Mais il insiste, Flash, et cela finit par énerver Abra Kadabra, qui voudrait bien se débarasser de ce héros devenu trop collant. Alors finalement il lève un doigt vengeur vers le bolide écarlate et… le désintègre. Il ne reste plus de Barry qu’un costume vide… Abra a gagné et la série s’arrête. Flash est mort… Heu… hep là, pas si vite. Non, la série ne s’arrête pas. Elle a encore des dizaines d’années devant elle. Et le héros aussi… Mais alors… Qu’est-il arrivé ? En fait, Abra Kadabra n’a visiblement aucune arme capable de tuer dans son arsenal. Son rayon n’a pas désintégré Barry Allen mais a propulsé son corps « plus vite qu’une fusée » sur une lointaine planète morte (en fait, une sorte de petit astéroïde à peine grand comme une maison). Là-bas, Barry n’a aucun moyen de revenir. Il n’a même pas assez de recul pour pouvoir prendre son élan.
Barry, en civil (puisque son costume de super-héros est resté sur Terre, devenu un trophé pour Abra Kadabra), ronge son frein jusqu’à ce que lui vienne l’idée qu’il n’a pas forcément besoin de beaucoup de recul : il lui suffit de tourner en rond et de plus en plus vite autour de l’astéroïde, profitant d’un effet qui lui sert à sauter dans l’espace, un peu comme s’il était propulsé par une fronde. Revenant sur Terre, Barry ne tarde pas à retrouver Abra Kadabra en traçant les radiations émises par son équipement venu du futur. Alors qu’Abra regarde le costume vide de Flash, il a la surprise de le voir se gonfler à nouveau (Barry s’y est glissé en vibrant à travers les molécules de l’uniforme). Le reste n’est presque qu’une formalité : Cette fois Abra tente de stopper Flash en lui lançant un rayon paralysant. Mais Flash est le plus rapide. Il s’empare d’Abra et le place à l’autre bout du rayon. Abra finit paralysé, dans la position de l’arroseur arrosé, et Barry a alors tout le loisir de se demander d’où vient cet étrange personnage…
Pour qui a lu Crisis, la couverture de ce numéro ne peut qu’évoquer la mort bien moins temporaire de Flash des années plus tard. Mais si les deux scènes se ressemblent tellement, la solution utilisée par John Broome dans Flash #128 (à la fois pour expliquer la disparition du héros et aussi son retourt) ne pourrait-elle pas être appliquée plus d’une fois ?
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