[FRENCH] 350ème Oldies But Goodies – Au demeurant Kamandi est largement calqué sur une Planète des Singes où les primates ne seraient pas seuls à avoir évolué (lions, tigres, chiens, dauphins et bien d’autres races sont ici de la partie). Mais Jack Kirby n’avait pas attendu Planet of the Apes pour penser à ce genre d’idées. Et ce n’est pas non plus le seul film « simiesque » auquel il ferait référence dans la série…
Au début des années 70 DC Comics avait tenté d’obtenir la licence du film Planet of the Apes (« la Planète des Singes) pour l’adapter en comic-book… Mais DC s’était fait coiffer au poteau par son concurrent Marvel. L’éditeur malheureux demanda donc au scénariste/dessinateur Jack Kirby de trouver un concept voisin. Et le « King » des comics avait justement de quoi faire dans sa réserve puisque, une quinzaine d’années plus tôt (dans une courte histoire d’Alarming Tales dont nous avons déjà parlé ici) il avait déjà représenté un monde futur où les animaux (devenus intelligents mais ayant également adopté des silhouettes humanoïdes) avaient pris le pouvoir. Jack Kirby était-il seulement motivé par l’envie de ramener l’idée où bien s’agissait-il d’avoir, en cas de plainte, une preuve que son concept datait d’avant (c’est à dire non seulement avant les films de Planet of the Apes mais précédait aussi la nouvelle originelle de Pierre Boulle) ? Peu importe, en un sens. En 1972, Kirby lança la série Kamandi avec des intentions manifestes… De toute façon on peut relever qu’une partie de sa production dans les 70’s lorgnait énormément sur ce qui se passait au cinéma. Le King aurait ainsi l’occasion de travailler sur des concepts associés à 2001 Odyssée de l’Espace (que ce soit officiellement, avec l’adaptation du film sous forme de comics ou bien dans des projets comme Devil Dinosaur) ou même une parodie de Star Wars (dans Black Panther). A partir de là, le voir imaginer un monde voisin de la Planète des Singes n’est pas vraiment une surprise.
D’où la création de Kamandi, le « dernier garçon de la Terre », vivant dans un futur où les différentes races animales sont devenues intelligentes. C’est à dire que le monde de Kirby emprunte non seulement aux singes croisés par Charlton Heston (et donc également au roman d’origine écrit par le français Pierre Boulle) mais aussi à « Demain les Chiens » de l’auteur américain Clifford Donald Simak (là, vous aurez compris que ce sont les chiens qui évoluent mais aussi – le titre ne l’indique pas – les fourmis). Kamandi, The Last Boy On Earth est le plus gros succès de Kirby lors de son passage chez DC dans les années 70, sa longévité éclipsant de beaucoup celles de séries comme Omac, les New Gods ou même The Demon. Cette durée n’est pas une mince affaire à une époque où les super-héros galopaient en haut des ventes et où les autres genres (essentiellement les BD de romance, de western et de guerre) déclinaient à la vitesse Grand V. Sans doute que la proximité avec des thèmes cinématographiques explique le succès particulier de Kamandi par rapports aux autres projets de Kirby à cette époque. Et il suffit de (re)lire Kamandi #7 pour avoir une idée un peu plus nette de l’approche de l’auteur.
L’épisode commence alors que le jeune Kamandi vient de perdre son ami, Flower, une jolie brune qui était un peu au héros ce que la plantureuse Nova est au héros de la Planète des Singes. Ému, Kamandi pose un bouquet de fleurs sur sa tombe. Sur l’épitaphe on peut lire « Ci-gît Flower, amie d’un homme dans un monde de bêtes ». Et une garde d’honneur, formée par des lions humanoïdes, tire des coups en l’air en mémoire de la jeune femme. La scène paraît incongrue même dans le contexte de l’histoire. Les rangers lions trouvent en effet ridicule de rendre les hommages à un « animal mort ». Dans le monde futuriste de Kamandi, si de nombreuses ont évolué et accédé à l’intelligence (ainsi qu’à un comportement bipède), les humains ont régressés. Ce sont eux qui sont considérés comme inférieurs, qu’on traite d’animaux. Mais Sultin, le chef du détachement des rangers lions, ne l’entend pas de la même oreille que ses troupes. Il leur ordonne le silence et explique, en parlant de Kamandi : « Ce jeune animal est très intelligent et sensible ! Montrez-lui du respect dans ce moment de deuil ! ». Kamandi le remercie pour cette attention, sachant que c’est à peu près tout ce qu’il peut attendre de ce lion. Pour ceux qui prendraient le train en marche, Jack Kirby glisse alors ici un petit chapitre explicatif : « Après avoir été élevé dans un bunker souterrain, Kamandi a exploré le monde extérieur, dans ce qui fut autrefois l’état du Nevada. Il a perdu une amie et gagné la sympathie de lions singulièrement civilisés. Pour eux, l’homme est une espèce en voie de disparition. Ils offrent aux hommes leur protection et un sanctuaire…
Sultin, le lion ranger, est une figure que Kirby réutilisera sous des formes diverses dans ses projets suivants. Le scénariste/dessinateur n’avait de toute manière pas attendu Kamandi pour faire preuve de penchants anthropomorphiques dans ses œuvres (par exemple le Peuple Chat combattu par Captain 3-D, les Knights of Wundagore/New Men du High Evolutionary…) mais il est intéressant de comparer le personnage de Sultin à Tarin, un homme lion similaire (et membre des Galactic Rangers) que Kirby utilisera dans les pages de Captain Victory (lequel Captain n’est d’ailleurs pas sans avoir un petit air de famille avec Kamandi).
Malheureusement le moment de recueillement des rangers léonins et de Kamandi est de courte durée. Bientôt, une silhouette cachée derrière un rocher lance un objet vers le groupe. Heureusement Kamandi a des sens aiguisés (apparemment plus qu’un détachement d’hommes lions) et il perçoit l’approche du danger. Il se retourne et, alors que Sultin lui hurle de ne surtout pas ramasser la grenade, le jeune héros l’intercepte et la relance vers l’expéditeur avant qu’elle ait pu exploser. Sous l’effet de l’explosion le rocher vole en éclats. L’agresseur tombe, inconscient, tandis que Kamandi et Sultin réalise que c’est un éclaireur des Gorilles. Fidèle au cahier des charges de départ, Jack Kirby n’avait bien sûr pas manqué d’intégrer des singes dans son histoire et ses Gorilles avaient sensiblement la même mentalité belliqueuse que celle vu dans le film la Planète des Singes (si ce n’est que ceux de Kirby étaient plus avancés technologiquement). Les Gorilles sont de redoutables ennemis des Rangers Lions et Sultin, sentant que l’éclaireur annonce tout un détachement d’êtres similaires, promet de s’occuper d’eux aussi prestement. Comme Kamandi ne porte pas réellement les Gorilles dans son cœur, il propose d’aider ses alliés dans la bataille. Sultin lui explique alors que l’objectif des singes est sans doute de libérer « Tiny ». Kamandi demande ce qu’est ou qui est Tiny mais il ne reçoit pas vraiment de réponse. Sultin lui explique seulement qu’il fait l’objet d’une sorte de culte fanatique mais qu’il n’y a pas besoin de se préoccuper de lui… Tant qu’il reste là où les Lions le gardent. Sautant sur le cheval de l’éclaireur, Kamandi promet de revenir donner des informations s’il tombe sur le reste des Gorilles. Cette scène « d’équitation » est relativement incongrue dans le contexte de Kamandi, où la plupart des animaux sont devenus intelligents et bipèdes. Et là visiblement on tombe sur un cheval tout à fait « classique » et pas « évolué ».
Kamandi commence sa patrouille de façon assez simple, en lâchant la bride au cheval. Le héros pense que si sa monture est libre d’agir, elle reviendra spontanément vers son point d’origine. Malheureusement Kamandi ne tarde pas à tomber dans une embuscade. Les Gorilles, cachés, le visent avec des munitions contenant un gaz soporifique. Touché en pleine tête, Kamandi tombe à terre. En arrivant vers lui les Gorilles sont perplexes : « Ce n’est qu’un animal ! Comment peut-il monter un de nos chevaux ! ». Mais ils ne s’encombrent pas longtemps avec des questions. Peu importe qui est le garçon aux cheveux blonds. Il tombe à pic : Ils pourront l’utiliser comme sacrifice lorsqu’ils suivront leur rituel… Quand Kamandi revient à lui, il est attaché à un poteau et, autour de lui, les Gorilles se lancent dans une sorte de danse. Ils en appellent à leur « Grand Fétiche », à qui ils pensent sacrifier leur prisonnier. Kamandi réalise qu’on parle de le tuer. Mais les Gorilles tendent l’oreille : « Écoutez ! Le Fétiche nous a entendu ! Son pas résonne dans le canyon ! ». Avec un haut-parleur un des soldats simiesques hurle : « Tes frères t’appellent, Ô Fétiche ! Viens rejoindre tes frères qui ont été créé à ton image ! ». Bientôt Kamandi perçoit lui aussi les sons, les grondements, qui approchent. Et il se demande, forcément, ce qui est en train de se diriger vers lui… Pour la première fois Kamandi prend conscience de ce qui l’entoure. Le poteau auquel il est attaché est situé en haut d’un vieux barrage abandonné. Et là, en contrebas, une chose énorme pousse des cris tonitruants… C’est un singe géant !
A l’évidence cette fois-ci Kirby n’a pas seulement puisé dans le folklore de Planet of the Apes. En tout cas on comprend vite pourquoi les Gorilles le considèrent comme une sorte de divinité. Rien n’expliquera vraiment pourquoi ce singe a une dimension si extraordinaire. Tout au plus dans les aventures de Kamandi on a pu déjà croiser des mutants tels que Ben Boxer, l’homme de métal, et on en déduira que la créature géante a été créée elle aussi par des retombées de radiations. Bien sûr on aura tôt fait le rapprochement avec King Kong .Mais dans le contexte de cette série, les animaux sont intelligents, doués de paroles, et ce géant ne fait pas exception à la règle. Si ce n’est qu’il a la mentalité d’un enfant (à moins que sa croissance ne soit pas terminée?). Tiny (car il s’agit de lui) se comporte comme un gosse a qui on aurait promis un cadeau. En fait il faut sans doute également faire le rapprochement entre Tiny et Lennie Small, la brute attardée du roman Des Souris Et Des Hommes de Steinbeck. Dans les deux cas les personnages sont nommés de manière paradoxale par rapport à leur taille (« Tiny » et « Small » voulant dire « Petit ») mais ils partagent aussi un intellect similairement affecté.
Impatient, Tiny exige de savoir ce qu’on lui a amené. Pris de peur, les Gorilles quittent le barrage, laissant seul le prisonnier sacrifié. Mais, malgré sa taille, Tiny n’est pas assez grand. Il lui manque un ou deux mètres pour toucher Kamandi qui, comparé à lui a la taille d’une poupée… Kamandi n’est quand même pas rassuré et crie à l’aide. Bien sûr ça n’émeut guère les Gorilles qui, réfugiés à l’abri, crient à Tiny de se joindre à eux. Kamandi comprend alors que dans les mains (enfin les pattes) des Gorilles ce singe géant pourrait être une arme déterminante et que les Lions Rangers l’ont emprisonné en contrebas du barrage. Mais les encouragements des Gorilles n’ont pas forcément l’effet escompté. Le bruit rend surtout le géant furieux et il tente alors d’escalader les parois artificielles du canyon. Mais les Lions ont prévu ce genre de possibilité et ont électrifié les murs. Kamandi est rassuré l’espace d’un instant mais à le temps de réaliser : « Bon sang ! Si le courant électrique venait à manquer ! ». Et justement c’est ce que les Gorilles ont en tête. Ils sont bien décidés à détruire les générateurs qui alimentent les murs… Ce qui est fait dans l’instant !
Bientôt plus rien n’empêche Tiny de sortir de l’énorme fosse et de se hisser à hauteur du rebord du barrage. Mais il n’accorde que peu d’importance aux Gorilles. Tiny n’a d’yeux que pour le jeune garçon blond attaché devant lui. Pour lui, ce qu’on lui offre est un jouet… Et il l’arrache au poteau en se demandant bien pourquoi le petit humain qu’il tient hurle à ce point. De toute façon, ça ne fait pas vraiment l’affaire des Gorilles, qui tirent en direction de Kamandi (et donc de Tiny). L’idée peut semble contre-productive. Ce n’est certainement pas comme ça que les Gorilles s’attireront les bonnes grâces du géant. Mais ils le savent. Leur idée est au contraire de l’énerver encore plus, de manière à le rabattre vers les Lions, qu’il détruira sur son passage. Ils comptent sur le fait qu’ils lui ressemblent pour que Tiny les laisse tranquille. C’est peine perdue : Tiny écrase tout sur son passage, qu’il s’agisse ou pas de singes… En fait Tiny est convaincu qu’on veut le forcer à rendre son nouveau jouet. Et ça, pas question. Il écrase donc méthodiquement le camp des Gorilles sans s’occuper de savoir s’ils lui ressemblent ou pas. Pour lui ce ne sont que d’insupportables avortons qui font du bruit…
De son côté, Kamandi hurle. Il tente d’enguirlander Tiny en espérant de convaincre de le relâcher. Et quand le singe géant, curieux, l’approche de son visage, Kamandi ose même lui coller un coup de poing en plein visage…. Avant de le regretter immédiatement. Veut-il réellement mettre le singe de mauvaise humeur ? Heureusement pour lui, le monstre ressent plus de la surprise que de la rage : « Jouet frappé Tiny ! Jouet pas aimer Tiny ? ». Bon gré, mal gré, Kamandi comprend qu’il vaut mieux aller dans son sens. Il explique que si, bien sûr, il aime bien Tiny. Mais qu’il lui fait mal en le tenant de cette manière. Tiny, tout content d’avoir « un jouet qui parle », le rassure : « Tiny pas faire de mal à toi ! Tiny aimer entendre toi parler ! Peut-être que jouet chante ! Allez jouez, chante ! ».
Mais bientôt l’attention de Tiny est détournée par quelque chose d’autre. Quelque chose qui l’a frappé dans le dos. Heureusement Tiny avait pris auparavant la précaution de poser Kamandi sur une corniche. Le garçon n’est donc pas concerné par les soubresauts qui traversent l’animal. Tiny tombe au sol, visiblement frappé par une munition chimique qui a pour effet l’endormir. Descendant de sa corniche, Kamandi découvre l’armée qui vient de tirer sur Tiny. Et il ne s’agit pas de Gorilles. Sultin et ses troupes sont habitués à gérer Tiny et ils viennent donc de le neutraliser. Sultin s’inquiète de la sante du jeune homme mais celui-ci le rassure : « Il ne m’a pas fait de mal, mais il m’a presque fait mourir de peur ! ». Tiny a encore des éclairs de lucidité et demande qu’on ne lui prenne pas son « jouet » mais Sultin explique qu’on va lui donner une autre dose de tranquillisant et que les choses seront réglées. Et pour ce qui est des Gorilles, ils se sont enfuis devant la fureur de leur « fétiche ». Juché sur une moto, Sultin embarque Kamandi en passager. Mais le jeune garçon demande pourquoi ils s’en vont. Ce qui laisse le Ranger perplexe. Il a de la sympathie envers son jeune compagnon mais il reste marqué par les habitudes de sa race et une défiance générale envers les humains. Aussi il répond : « J’ai été convoqué à une réunion en ville… Oh, allons Kamandi ! Je n’ai pas de comptes à rendre à… à… une mascotte ! Comme Tiny, tu est un autre des nombreux mystères de la nature ! Tu n’est peut-être pas si grand mais tu es plus malin que lui ! ». Comprenant qu’il ne faut mieux pas créer de problème, Kamandi promet de tenir sa place. D’autant qu’il est curieux de visiter la ville des Lions, New Capitol.
Le soir venu, Kamandi est bien installé et admire la cité des Lions : « Des gratte-ciels ! Des usines ! Une métropole digne de celles que j’ai vu dans le micro-film datant du monde pré-cataclysmique ! ». Le garçon avoue à Sultin qu’il est très impressionné par ce qu’il voit. Le Ranger lui explique alors que tout a été construit par ses propres ancêtres, les « Lions Fondateurs », qui venaient du Zuu Washington. Kamandi tique en entendant ce terme. Sultin explique alors que le pays légendaire de Zuu était compris d’Etats-Unis. Il y avait aussi le Zuu New York, le Zuu Chicago et enfin le Zuu Philadelphie. Sultin parle bien sûr de différents zoos sans en avoir conscience : « Ces endroits ont disparu lors du Grand Désastre mais les Lions Fondateurs se sont échappés de Zuu juste à temps ! ». Sultin montre alors des reliques de son pays. Des livres, des photographies, des médailles et même une déclaration d’indépendance ainsi que le drapeau des États-Unis des Lions.
Mais la leçon d’Histoire est interrompue de manière spectaculaire, quand Kamandi entend un bruit qui approche. Il réalise alors ce que c’est…. D’autant plus quand un énorme poing poilu traverse le mur. Tiny s’est échappé et s’est mis à la recherche de son « jouet », dont il s’empare à nouveau : « Jouet ! Moi venir à ville ! T’avoir vu là-haut ! Maintenant moi t’avoir à nouveau ! ». Dans la cité des Lions c’est l’alerte générale. Des projecteurs sont dirigés vers Tiny qui, tenant toujours Kamandi, escalade un gratte-ciel. Au même moment, dans une station des Rangers, deux hommes-lions reçoivent un ordre inattendu. Il leur faut prendre l’air avec deux machines volantes qu’ils sont seuls à savoir piloter. Elles ont été construites d’après d’anciens plans et des vieilles photographies : des biplans ! Les deux pilotes, portant des combinaisons qui leur donnent de faux airs d’astronautes, décollent avec l’objectif d’abattre la bête géante. Là aussi le lien avec le film King Kong (et l’attaque d’avions qui marque la dernière partie) est manifeste…
Comme de bien entendu Tiny s’est mis en tête de s’installer sur la plus haute tour de la ville (qui n’est pas sans rappeler l’Empire State Building tel qu’on peut le voir dans King Kong). Il arrive au sommet quand il sent les balles que les deux avions tirent sur lui. Tiny a le réflexe de poser Kamandi puis commence à gesticuler en direction des deux biplans. Pendant ce temps Sultin, qui est monté par les escaliers, profite que l’attention du singe est distraite pour tenter de guider Kamandi vers la sortie. Mais ce ne sera pas la peine de se presser. Comme dans le célèbre film, le singe géant est abattu des rafales tirées depuis les avions. Tiny titube : « Jouet… Jouet ! J’ai mal ! Ne peux plus jouer avec toi ! ». Puis le singe vacille et tombe dans le vide. Sultin constate l’évidence : « Ils l’ont eut ! C’est la fin de ce pauvre Tiny ! ». Mais Kamandi est plus nuancé : « Il a joué à un jeu trop dangereux, même pour lui ! ». Plus tard, réconforté par Sultin, le garçon constate : « J’ai eu l’expérience la plus folle que quelqu’un ait pu avoir ! Même les anciens, dans leurs films pleins d’imagination, n’auraient pas pu inventer quelque chose comme ça ! ». Et le narrateur termine l’histoire en observant : « Kamandi a peut-être raison ! Son monde est unique !!! Peut-être que des surprises encore plus folles nous attendent ! ».
A l’évidence Jack Kirby y va d’un clin d’œil appuyé. Bien sûr que si que les anciens auraient pu inventer ça dans leurs vieux films. Et le monde de Kamandi n’est sans doute pas aussi unique qu’on pourrait le croire. Mais ce que l’auteur veut sans doute montrer par là, c’est que la série peut se nourrir de tout, digérer pas seulement la Planète des Singes mais aussi s’inspirer de tout film ou de tour roman que Kirby jugera utile… Ce qui est original, ici, ce n’est pas la conclusion de l’épisode, dérivée lourdement du final du King Kong de 1933. C’est bien au contraire, une certaine science du mélange, du « mash-up », qui fait que même un singe géant peut trouver sa place dans un monde post-apocalyptique. Mais Kirby, après tout, était celui qui avait déjà osé inventer un extra-terrestre faisant du surf dans le vide de l »espace. Ça laisse de la marge pour ce qui est des mélanges…
[Xavier Fournier]