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Oldies But Goodies: Marvel Science Stories #1 (1938)

En ce mois d’août 2018, on fête les 80 ans de Marvel. Cette affirmation, sans doute, suffit à faire froncer quelques sourcils chez les amateurs de comics. Allons bon, Fournier ne sait plus compter. Il est resté au soleil ? Marvel Comics #1, premier illustré de l’éditeur, a été publié en 1939, pas en 1938. Oui mais… La société fondée par Martin Goodman et sa famille n’a pas commencé par les comics. La première revue Marvel, la première à utiliser la marque, est bien sortie pendant le mois d’août 1938. Bon, d’accord, mais est-ce qu’un magazine pulp, avec pas un super-héros en vue, mérite notre attention ? Oui, Si l’on considère qu’on y croise les Avengers of Space, une équipe aux mésaventures étrangement familières…

Martin Goodman

Dans les années 30, Martin Goodman, ancien inspecteur des ventes pour des magazines pulps, décide d’arrêter de travailler pour les autres et de désormais produire ses propres titres. D’abord avec quelques associés dont il va s’émanciper de façon nébuleuse, Goodman décide de copier ce qui existe, de caller des produits là où il sait que la concurrence fait de bonnes ventes. Goodman n’aime pas opérer sous un nom très identifié. Il préfère au contraire multiplier les entités différentes. Certains avancent qu’il s’agit de profiter plusieurs fois d’un même abattement postal, pour les frais de diffusion. D’autres avancent que Goodman aime bien avoir plusieurs pignons sur rue pour mieux pouvoir tromper les créanciers. Si un imprimeur ou quelqu’un d’autre cherche après ses sous, il suffit de dire que le titre ou la société s’est arrêtée. Et de continuer les opérations à travers des intitulés parallèles. Au début Goodman vise plutôt le genre policier, le western et l’aventure, dans une gamme éditorialement dirigée par l’un de ses frères, Abraham. Ironiquement, on croise déjà dans ces premières revues des noms, des terminologies qui vont par la suite refaire surface dans les comics Marvel. C’est que, selon ce que racontera plus tard Stan Lee dans diverses interviews ou dans certains livres, Goodman est convaincu qu’un nom qui a déjà servi s’impose à la longue.

Le premier X-Man

Par exemple, en octobre 1936, la société lance un magazine sur un “clone” de Tarzan nommé Ka-Zar. En mars 1937, c’est au tour d’un numéro de Star Detective, qui contient les aventures d’un enquêteur surmommé X-Man. En 1939, quand il faudra remplir les pages de Marvel Comics #1, Ka-Zar deviendra comme par magie un personnage de BD. La notion de X-Man mettra un peu plus de temps à réapparaître. Mais quand on y regarde bien, il y a une base de noms ou de titres réutilisés de manière cyclique par la firme de Goodman puis, plus tard, par les comics Marvel. Pour preuve “Uncanny Tales”, lancé en 1939, sachant l’importance que prendra ensuite le mot Uncanny pour la branche comics. Il ne s’agit pas de dire que les auteurs Marvel voulaient entretenir une référence à un vilain secondaire d’une nouvelle parue en 1937 mais qu’il était apparemment plus facile de convaincre Martin Goodman du bien-fondé d’une histoire en utilisant des noms récurrents, glanés dans de vieilles revues. Goodman, ainsi rassuré, était plus apte à valider les histoires.

Les titres de ce prototype pulps de Marvel n’ont pas bonne presse. D’une part, Martin Goodman a la réputation d’être “cheap”, d’utiliser beaucoup de rééditions, de nouvelles déjà parues ailleurs. D’un autre côté il est convaincu que pour vendre rien ne vaut le sex-appeal. Il met la pression sur ses équipes pour insister sur des descriptions lubriques des jeunes ingénues dans les histoires. Les titres Goodman gardent une réputation d’exciter le voyeurisme des lecteurs. Cette réputation est méritée.

Mais il faut aussi contextualiser la chose. A l’époque, la plupart des futurs propriétaires de sociétés de comics sont eux aussi présent sur le créneau des “histoires épicées”, des titres qu’on surnomme des “revues de sueur masculine”. A l’époque, Harry Donenfeld, futur propriétaire de DC Comics, édite entre autres choses Spicy Detective et fait au moins autant « déshabillé » que Goodman, sinon pire. Début 1938, cependant, la gamme de pulps des Goodman connait une réorganisation. Les deux frères ont noté les excellentes ventes de certains titres de science-fiction, genre qu’ils n’ont traité jusqu’ici. Il faut croire que c’est un thème qui parle moins à Abraham Goodman. On fait alors entrer dans la boucle un parent par alliance des Goodman, un certain Robert O. Erisman (1908-1995). A moins que ce soit le recrutement d’Erisman qui influence les Goodman et les pousse à lorgner sur la science-fiction. Les sources divergent à son sujet. Pour les uns il serait l’époux d’une sœur des Goodman. D’autres sont plus vagues et parlent plutôt d’une cousine de la famille. Peut-être que la future BD documentaire du français J.L. Mast sur les origines de Marvel saura tirer au clair ce détail. L’arrivée d’Erisman coïncide plus ou moins avec une reprise en main de la gamme, qui commence à être globalement connue sur l’intitulé “Red Circle”.

Il est intéressant de noter qu’on peut faire un certain nombre de rapprochements entre Robert Erisman et Stan Lee. L’un sera aux pulps de Goodman ce que l’autre va devenir pour la branche comics entre les années 40 et 60. C’est à dire qu’à l’image de Lee, Erisman est donc un parent par alliance de son employeur. Il est rédacteur-en-chef d’une gamme de la société mais aussi homme à tout faire, signant une partie des nouvelles littéraires, parfois sous des noms d’emprunts. L’ajout d’Erisman correspond en effet à un engagement de baisser sensiblement le pourcentage de rééditions dans les magazines. Il dispose aussi d’un bon carnet d’adresses, qui lui vaut d’être en contact avec plusieurs auteurs notables ou en devenir. Erisman a aussi l’habitude de discuter verbalement des histoires avec ses auteurs, de valider le pitch avant qu’ils repartent écrire l’histoire. Il a parfois la main lourde pour tailler dans les textes, quand il faut que cela ne déborde pas du magazine. Et les auteurs sont rarement consultés. Surtout, Erisman partage avec le futur Stan Lee une certaine capacité à se mettre en scène. Là où les Goodman n’avaient guère su se rendre visible, il est régulièrement cité dans les magazines professionnels de l’époque. A un moment, Erisman peut – à tort ou à raison – se considérer assez connu pour apparaître dans des publicités. Ainsi, en mars 1941, on peut le découvrir dans les pages du magazine Life, faisant de la réclame pour un médicament effervescent. Il y explique que son activité éditoriale lui met une telle pression qu’il est souvent sujet à des migraines et que le remède en question lui est d’un secours précieux. Erisman, c’est un numéro.

En 1938, donc, le bébé éditorial d’Erisman a pour titre Marvel Science Stories. C’est la première fois que les Goodman utilisent le terme Marvel pour un titre, sans doute parce que c’est un terme voisin du “Wonder” de l’anthologie concurrente Wonder Stories. Le nouveau magazine de Red Circle contient plusieurs récits. La plupart d’entre eux font preuve d’une tendance apocalyptique ou post-apocalyptique. La Terre ou les Etats-Unis y sont le plus souvent ravagés, conquis… Parmi les recrues d’Erisman, on trouve Henry Kuttner (1915-1958), également connu pour être le mari de la romancière Catherine L. Moore. L’ironie de la situation c’est quelques mois auparavant, le Kuttner en question n’écrivait guère que des récits d’horreur ou généralement fantastiques. On verra d’ailleurs que son écriture reste teintée par ces genres. Ce sont ses agents littéraires et/ou amis Julius Schwartz, Otto Binder et Mort Weisinger qui lui ont conseillé de se mettre à écrire aussi de la science-fiction. Or, Schwartz et Weisinger quitteront quelques années plus tard le domaine littéraire pour devenir des responsables éditoriaux de… DC Comics, le concurrent de Marvel. Otto Binder deviendra, lui, scénariste aussi bien pour Marvel ou Fawcett que DC Comics. Kuttner restera jusqu’à sa mort un ami proche de ces personnes, jouant une sorte de rôle d’influenceur. Par exemple, vers 1937/1938 il leur présente un jeune dessinateur débutant qu’il trouve doué, Jim Mooney, avec qui ils sympathisent à leur tour. Des années plus tard Schwartz et Weisinger, à la tête de DC Comics, donneront du travail à l’artiste. Otto Binder et Jim Mooney créeront ensemble le personnage de Supergirl. Auteur influent par ses amitiés et par ses écrits, Kuttner n’est mais pas toujours reconnu à sa juste valeur. Neil Gaiman dira des années plus tard que Kuttner, l’un de ses auteurs favoris, est une “super star secrète”.

Kuttner est un auteur prolifique qui, rien que dans le premier numéro de Marvel Science Stories, signe sous des noms différents. On pourrait croire que Robert O. Kenyon est un pseudonyme peu subtil de Robert O. Erisman. Il n’en est rien, c’est bien Kuttner, qui signe une histoire où un savant fou veut priver l’humanité de toute technologie, la renvoyant à la barbarie. C’est une autre histoire de Kuttner, signée sous son vrai nom, qui décroche la “une” du premier numéro. C’est cette histoire, que la branche pulp de Marvel a choisi pour son lancement, qui nous intéresse plus précisément. Car elle promet ni plus ni moins que les aventures des Avengers of Space… Avengers, chez Marvel, voilà un autre terme qui va faire du chemin. Sur la couverture, une sorte de Flash Gordon vêtu d’un costume doré tire sur un cerveau conservé dans une machine. Au loin, une jeune femme rousse tente d’échapper à une sorte de robot. Derrière le héros masculin, des brutes inhumaines font mine de s’attaquer à lui. Mais qui sont donc ces Avengers de 1938 ? Il nous faut sauter à la page 98 du magazine pour l’apprendre.

L’histoire, dès le début, véhicule des éléments qui vont sembler familiers à tout bon fan de comics qui se respecte. La première scène nous présente en effet… un quatuor d’aventuriers qui se prépare à embarquer à bord de l’Eagle, le premier vaisseau spatial de fabrication humaine, afin d’être les premiers à se poser sur la Lune ! Il y a comme une anticipation des Fantastic Four ou tout au moins des Challengers de l’Inconnu chers à Jack Kirby, puisque les aventuriers en question sont des hommes. On compte ainsi Terry Shawn (le leader du groupe et par conséquent le capitaine du vaisseau), Hooker Flynn (un ancien champion de boxe, la brute de service), Sam Heffley (le scientifique de service mais on prend la peine de nous préciser d’emblée qu’il est aussi agile qu’un singe) et enfin l’astronome Pete Trost, décrit comme physiquement très beau mais avec animé par un cerveau froid et précis.

Il ne s’agit pas de dire que, plus tard, les auteurs de comics seraient revenus puiser dans cette nouvelle l’inspiration des Fantastiques ou des Challengers. On a tout simplement des archétypes de rôle, une répartition des tâches que l’on trouve par conséquent dans un grand nombre d’œuvres. Shawn pourrait tout aussi bien être Kirk, Flynn serait Scotty, et Trost pourrait aussi bien jouer les Spock. Heffley a quelques relents plus lointains du Docteur McCoy. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a une filiation avec Star Trek. Simplement, tout ce petit monde a été nourri aux mêmes lectures pulps des années 30. D’ailleurs la répartition des rôles au sein de l’équipage de l’Eagle pourrait également cadrer avec certains compagnons de Doc Savage. Il n’en reste pas moins ironique de découvrir dans cette première publication Marvel des héros qui sont, accidentellement, des précurseurs des Fantastiques et veulent, comme Reed Richards plus tard, être des pionniers de l’espace.

Henry Kuttner

La comparaison avec les Challengers de l’Inconnu est également pertinente à un autre niveau car ces “Avengers of Space” vont rapidement devenir mixte avec l’ajout d’une sorte de membre honoraire féminin. En effet, les travaux de construction de l’Eagle ont été financés grâce à un journal, The Tribune. La condition, c’est que l’équipage doit embarquer un reporter de ce grand quotidien. Cet envoyé spécial pourra ainsi témoigner de l’intérieur du premier vol humain dans l’espace. Tout est prêt ce soir-là pour le décollage de l’Eagle mais les quatre hommes se retrouvent à attendre la personne du Tribune… Mais ce n’est pas un retard ordinaire. Dans le lointain, Shawn et ses collègues entendent des coups de feu. Bientôt ils aperçoivent une sorte de poursuite en voiture. Shawn comprend ce qui se passe : ce sont sans doute des hommes d’International Power qui veulent empêcher le décollage. Kuttner donne assez peu de détails sur ce qu’est exactement International Power mais on comprend vaguement qu’il s’agit d’une conspiration, à mi-chemin entre la pègre et l’organisation politique. Libre au lecteur d’y voir une allusion aux communistes ou aux nazis. A l’époque les deux interprétations sont valables. Mais on peut aussi comprendre qu’International Power est plus simplement une multinationale avide, qui voudrait s’emparer des inventions de Shawn et de ses amis (une phrase du héros va dans ce sens).

Les voitures d’International Power sont encore loin mais elles poursuivent un véhicule déjà touché par les balles, qui roule hors de contrôle avant de faire un tonneau. Puisque les occupants sont clairement la cible de l’attaque, Shawn et Heffley s’élancent à leur secours, avant qu’International Power puisse approcher. A l’intérieur de la voiture accidentée, Shawn découvre un couple. Un homme, déjà mort, mais aussi une superbe jeune femme rousse, toujours vivante, mais piégée à l’intérieur. C’est alors que Kuttner développe le genre de scènes cher à Goodman. Ne disposant que peu de temps pour sauver la femme avant que les malfaiteurs soient là, Shawn l’extirpe du véhicule en la passant à travers le pare-brise. Mais voyez-vous l’urgence, la rapidité du geste, fait que la robe de la nouvelle arrivante est réduite en lambeaux par les morceaux de vitres. Elle est de ce fait à pratiquement nue. L’auteur, à partir de ce moment, reviendra régulièrement sur le fait que ces haillons ne cachent plus grand-chose de l’anatomie de la jolie rousse, en particulier les deux “cônes” (c’est le mot employé dans un passage) protubérants au niveau de la poitrine. Forcément, c’est la plus belle femme que Terry Shawn ait pu voir et il en tombe immédiatement amoureux bien qu’en grand gentleman il préfère le garder pour lui. Et puis il faut dire que les hommes d’International Power arrivent et commencent à mitrailler toute la zone.

Les quatre hommes et la jeune femme dénudée arrivent cependant à se réfugier à bord de l’Eagle. Les présentations sont faîtes. La jeune femme, Lorna Rand, est une employée du Tribune. L’homme mort à ses côtés, dans la voiture, était le journaliste supposé prendre part au vol inaugural. Elle le conduisait vers le pas de tir quand ils ont été pris en chasse par International Power quelques kilomètres plus tôt. Visiblement les conspirateurs voulaient tuer les deux personnes du Tribune afin de se faire passer pour eux et de prendre part au décollage. Ainsi, leur agent aurait pu espionner la mission de l’intérieur et s’emparer de tous ses secrets. Bien que les astronautes et Lorna soient enfermés à l’intérieur de l’Eagle et qu’ils soient à l’abri des balles, ils ne sont pas totalement tirés d’affaire. Puisque les armes sont inutiles, International Power décide d’utiliser des bâtons de dynamite pour tenter de percer les parois de l’Eagle. Shawn n’est pas certain que son vaisseau résistera longtemps à un tel traitement. Dès lors, il n’y a plus le choix. Il faut que l’Eagle décolle, sinon il tombera dans de mauvaises mains.

Au début, Shawn n’envisage qu’une sorte de trajet court, avant de reprendre le cours de la mission telle qu’elle était prévue. Il explique à Lorna : “Nous vous déposerons près de la ville et votre journal n’aura qu’à envoyer un autre reporter”. Comprenez : un homme, un vrai, car Kuttner n’évoque jamais la possibilité que Lorna soit une journaliste, une émule de Lois Lane. Dans le sous-texte, une mission si dangereuse n’est pas la place d’une “faible” femme. Mais l’idée de départ de Shawn est vite balayée par les événements. L’Eagle démarre tout simplement de manière trop puissante. Une panne du “circuit de compensation de gravité” fait que les cinq occupants sont terrassés par la pesanteur, plaqués au sol ou dans leurs sièges. Shawn doit lutter de toutes ses forces pour arriver jusqu’au circuit en question et l’activer, de justesse. Mais le choc physique a été tel que tous les occupants, lui compris, sombrent dans l’inconscience. Pendant ce temps, l’Eagle vole toujours plus haut et toujours plus loin, parcourant désormais l’espace interplanétaire, sans rien ni personne pour le freiner.

Comme de bien entendu, étant le leader, Terry s’éveille le premier, vite imité par le reste des hommes et Lorna. A ce moment-là Heffley remarque que depuis le vaisseau on peut voir, de loin, la planète Terre mais aussi la Lune. Ils ont dépassé de loin leur objectif initial et sont désormais bien au-delà de l’orbite lunaire. L’équipage décide alors que la solution la plus logique est de faire demi-tour et de se poser sur la Lune avant de retourner sur Terre. Mais avant qu’ils aient pu effectuer la manœuvre, un autre fait extraordinaire se produit. Alors qu’ils observent la Terre et la Lune, ils se rendent compte que la planète et son satellite sont en train de disparaître. Non pas qu’ils soient en train de s’en éloigner encore plus. Au contraire, ils occupent une position stationnaire. Mais une force étrange, inconnue, est en train de réduire la Terre et la Lune, qui virent d’abord de couleur avant d’atteindre une taille infinitésimale et finalement, de totalement disparaître dans le néant. La Terre et la Lune ne sont plus là.

Décidément, ce n’est pas le jour de chance de l’équipage de l’Eagle. Ou bien peut-être au contraire fallait-il une chance incroyable pour que le premier vaisseau construit par des humains quitte la planète quelques instants avant la destruction apparente du monde. Mais bien évidemment cette double disparition, inexpliquée, intrigue Shawn. Il ordonne à Heffley de diriger leur télescope vers l’emplacement où devrait se trouver la Terre. Au demeurant, on n’y aperçoit plus rien. Mais avec son équipement, Shawn peut voir un étrange nuage doré. En zoomant encore, Shawn découvre que le nuage est en fait une armada de vaisseaux spatiaux étincelants. Pete Trost reste fidèle à sa réputation. Sans la moindre émotion, s’en tenant à la logique, il explique : “Il semblerait que la Terre et la Lune aient été détruites. Shawn renchérit : “Nous n’avons pas d’armes capables d’une telle chose. Mais d’autres races, sur d’autres planètes, pourraient avoir atteintes une telle maîtrise de l’Atome qu’elles pourraient faire ce genre de chose. Shawn décide de poursuivre les vaisseaux mystérieux mais ils sont bien plus rapides. Les cinq derniers Terriens perdent rapidement de vue la flotte dorée.

Que faire ? Chercher une autre planète où ces ultimes survivants pourraient s’installer, reconstruire une civilisation ? Trost, pour le coup, échappe à sa froide logique quand il réalise que son monde d’origine a été détruit : “Nous pourrions bien sûr fuir et nous cacher, peut-être sur un autre monde qui nous servirait d’abri. Mais il y aurait toujours une chance que la flotte dorée nous traque et nous extermine. Non. Bien des gens que je connaissais et que j’aimais sont morts avec la Terre. La Vengeance est mienne, dit le Seigneur. Mais je suis pour que nous épanchions notre soif de vengeance”. Devant un tel discours, les autres sont galvanisé. Shawn objecte : “Je suppose que vous savez tous que c’est du suicide. Nous arriverons peut-être à détruire quelques vaisseaux dorés mais…”. Et Trost de lui répondre “Au moins nous serons arrivés à faire cela”. Même Lorna, tacitement devenue un membre de l’équipage (ce n’est plus franchement comme si l’on pouvait la déposer quelque part) vote pour cette revanche à tout prix. C’est ce moment, où les héros décident de venger la Terre, qui doit au récit son titre. Les voici devenus… les Vengeurs de l’espace !

Mais puisque les adversaires ont disparu, comment retrouver leur trace. Trost, reprenant son rôle de scientifique logique, fait quelques déductions : “Je doute qu’ils viennent d’au-delà du système solaire. Même leur énorme vitesse ne suffirait pas à franchir les distances interstellaires. Je dirais, à la vue de la direction qu’ils prenaient, qu’ils venaient de Mars ou bien de Saturne. Jupiter est de l’autre côté du Soleil ainsi que la plupart des autres planètes, à l’exception de Pluton. L’équipage de l’Eagle décide donc de prendre la direction de Mars et d’utiliser la durée du voyage pour se préparer, vérifier leur arsenal et leur équipement. Shawn abandonne alors les commandes à Heffley et demande à Lorna de le suivre : “Peut-être que je peux te trouver quelques vêtements, il ne reste plus grand-chose des tiens” dit-il. S’en suit une scène où Lorna se déshabille pour changer de tenue et où, forcément, Shawn se retourne accidentellement au mauvais moment, observant ainsi la jeune femme dans “le plus simple appareil”. Le passage permet à Henry Kuttner de détailler la poitrine de la jeune femme, afin d’entretenir le ton pour le moins badin que nous avons déjà évoqué plus tôt. C’est qu’il ne s’agirait pas que les lecteurs oublient que la dame a des formes… En tout cas, à partir de ce moment, Lorna porte le même uniforme que le reste des occupants du vaisseau.

Arrivés dans le ciel de Mars, les cinq terriens découvrent que son atmosphère, bien qu’un peu légère en oxygène, est respirable. Et non seulement la planète est habitable mais… elle est habitée ! Rapidement, en effet, ils se retrouvent à survoler une grande métropole, avec des tours immenses. Si cette vision de Mars est bien entendu totalement délirante par rapport à ce que l’on connait de la planète aujourd’hui, Kuttner prend néanmoins en compte l’idée des “canaux” et de la planète asséchée, le concept circulant déjà à l’époque. L’Eagle posé loin de l’agglomération, Shawn et Trost partent en effet en éclaireurs, à pieds, et ont l’occasion de parcourir une grande étendue désertique. Mais bientôt les deux hommes perçoivent un bruit étrange. Quelque chose d’énorme surgit du sol ensablé, une créature qui est aussi grosse qu’un éléphant mais qui est en fait… un gigantesque ver !

Au jeu des archétypes, certains penseront sans doute que du coup ce ver géant surgissant du sable martien a un curieux air de famille avec le roman Dune de Frank Herbert. Néanmoins Dune n’est paru que dans le milieu des années 60 et, là aussi, il s’agit sans doute d’un voisinage accidentel. On a du mal à croire qu’Herbert aurait voulu imiter un court passage d’une nouvelle méconnue de Kuttner, paru un quart de siècle plus tôt. De son côté Kuttner était à la fois un ami et un adorateur avide de l’écrivain H.P. Lovecraft. Kuttner fut même, à travers de nombreuses nouvelles, un fervent contributeur au mythe de Cthulhu, en quelques sortes l’univers partagé apparu dans les romans de Lovecraft. Tout porte à croire que ce ver martien de Marvel Science Stories #1 est un descendant plus ou moins direct des différents vers géants qu’on trouve mentionné dans le mythe de Cthulhu, en particulier (mais pas exclusivement) les “Dholes”. Le ver des sables version Kuttner terrifie bien entendu les deux terriens, d’autant qu’il fait mine de les attaquer. Shawn et Trost ouvrent alors le feu sur lui, sans autre résultat que de le blesser et l’énerver encore plus. Finalement la bête meurt. Reprenant leur souffle, les deux héros réalisent cependant qu’ils ont entendu un tir en trop, qu’aucun d’eux n’a tiré. Comprenant que ce bruit a pu venir de la direction de l’Eagle, ils décident de repartir en arrière, pour s’assurer que leurs trois amis n’ont rien.

Malheureusement, il s’avère que l’Eagle a été attaqué et que les autres humains ont disparue. Terry et Pete trouvent à l’intérieur de l’engin un colossal guerrier martien, découvrant par la même occasion que les indigènes de la planète ont pour seul visage une sorte de grand crâne blanc, comme si on leur avait arraché la peau. Comme Terry et Pete s’attendaient à un problème, ils étaient sur leur garde et ne se laissent pas surprendre par le martien. Qui n’est d’ailleurs appelé martien qu’à l’occasion, Kuttner préférant surnommer ces créatures des Skull-Faces (littéralement des “Faces de crâne”). Le guerrier étant surtout équipé d’un grand sabre, Shawn et Trost arrivent, avec leurs armes à feu, à le blesser mortellement. Le Skull-Face laisse échapper un juron “Droom vous maudisse !”. Mais, dans ses derniers moments, il daigne répondre à leurs questions. Si le martien s’est si facilement laissé avoir, c’est qu’il ne s’attendait pas une telle résistance, les trois autres terriens ayant été pris par surprise. Sam, Hooker et Lorna ont été emmenés à la grande ville qu’ils ont survolé, la cité de Kathor.

Ce n’est qu’une fois que le Skull-Face est mort que les deux hommes réalisent qu’ils l’ont compris bien qu’il ne parlait pas anglais. C’est parce qu’il ne parlait pas du tout, en fait, mais s’exprimait par télépathie. En inspectant des cadavres de Skull-Face, Terry découvrent que ces visages hideux sont en fait des masques amovibles. Pete et lui décident alors d’entrer à Kathor déguisés en martiens. Grâce à ce stratagème, les deux hommes arrivent effectivement à tromper les gardes de la grande cité. Il semble que Kuttner se trébuche ici sur une contradiction : à quoi cela servirait-il de se déguiser face à des gardes qui sont télépathes et qui, du coup, sauraient voir à travers le stratagème ? L’auteur est plus occupé à placer une autre idée, une vraie référence scientifique. En croisant les gardes, Trost fait remarquer à Shawn qu’après tout ils ne sont pas si différents des humains. Il explique alors que c’est sans doute la preuve des thèses de Svante August Arrhenius, qui a théorisé depuis quelques années la panspermie : toute vie à travers l’univers aurait une seule origine, s’étant propagée à la façon des spores de planète en planète.

Une fois à l’intérieur de Kathor, Terry et Pete aperçoivent un Skull-Face qui semble plus pressé que les autres. Faute d’avoir une meilleure piste, ils décident de le suivre de loin jusqu’à une proche taverne (il faut croire que les commerces eux aussi ont migré selon une forme de panspermie au point que deux terriens en virée sur Mars sachent au premier regard y reconnaître un commerce de boisson). Ils y croisent aussi des créatures plus bestiales, plus poilues, laissant apparaitre qu’il y a deux races à Kathor : les Skull-Faces (qui n’ont d’ailleurs pas toujours des masques de crânes mais sont essentiellement des humains) et les Hommes-Bêtes. Malheureusement pour eux, ils sont vite démasqués (au propre comme au figuré) par les Skull-Faces et assommés. Terry reprend connaissance dans une salle des tortures “digne de l’Inquisition”. Il s’y trouve en compagnie d’un garde martien et aussi et surtout de la belle Lorna, que les martiens se sont dépêchés de déshabiller. Puisqu’elle est totalement nue, Kuttner s’épanche donc encore quelques lignes pour décrire le corps de la jeune femme. Pourtant, quelque chose d’atypique va se produire. Après que le garde leur ait annoncé qu’ils seront bientôt sacrifiés à la gloire de Droom, Terry tente de neutraliser le martien. Il échoue cependant. Son adversaire s’attendait à son attaque et résiste à ses coups, mettant l’humain en difficulté… Jusqu’à ce que le garde se recule : il est étranglé par Lorna, qui sauve donc Terry, le mâle qui, en différentes scènes de la nouvelle, s’est surtout rincé l’œil à volonté. S’emparant de l’épée du garde, Terry achève le martien, restant donc celui qui, au bout du compte, élimine formellement l’ennemi. Forcément, Terry et Lorna tombent chacun dans les bras de l’autre et échangent leur premier baiser.

Alors qu’ils s’échappent de la salle de torture, Lorna raconte à Terry comment le reste de l’équipage de l’Eagle a été fait prisonnier, comment elle-même a été menée jusqu’à ce cachot et ce qu’elle a pu comprendre de la situation. Droom, visiblement, est le dieu des martiens. Mais un dieu vivant, qui aurait une existence réelle, et qui utiliserait comme corps ce que ses adeptes appellent des “maisons”. D’ailleurs les deux tourtereaux ne tardent pas à trouver dans une autre cellule un corps gigantesque mais inerte, en apparence mort. Terry en déduit que c’est l’une des “maisons” de Droom, visiblement abandonnée. Pourtant, les deux terriens réalisent très vite qu’il y a une autre forme de présence dans la pièce, une créature inhumaine qui semble fusionner avec le corps qu’ils pensaient mort. Alors qu’ils tentent de sortir de la cellule, ils réalisent que le corps monstrueux est en train de s’animer et de se lancer à leur poursuite. S’élançant dans le palais, Terry et Lorna ne réalisent pas qu’ils partent en direction d’une voie sans issue. La Maison de Droom est en train de les rabattre vers une pièce énorme, le “Saint des saints” de Droom. Ils découvrent alors le fameux Droom dans toute sa splendeur… ou plutôt toute son horreur. Droom n’est autre qu’un cerveau géant – celui qu’on peut apercevoir sur la couverture de Marvel Science Stories #1 – flottant dans un grand globe transparent.

Droom est un point d’intérêt particulier pour les comicscophiles. Son nom, d’abord, vaut qu’on s’y arrête un instant. D’abord, il ne vient pas de nulle part. En 1937, déjà, Henry Kuttner signe une nouvelle intitulée “The Jest of Droom-Avista” (“La Cruelle blague de Droom-Avista”), rattachée au mythe de Cthulhu. L’auteur y invente le dieu maléfique Droom-Avista, qui a le pouvoir de réaliser n’importe quel souhait mais qui déteste être dérangé. Si bien qu’il fait preuve d’un humour noir et que quiconque lui fait un vœu a toutes les chances de le voir se retourner contre lui. Sous le vernis de la science-fiction, Kuttner continue donc de faire avancer son propre univers et, par extension, celui de son ami et maître. Après le ver monstrueux, purement lovecraftien, croisé dans une scène précédente, le nom de Droom, quand bien même débarrassé de son suffixe “Avista” laisse entendre que le cerveau géant martien était déjà le dieu qui, à distance, exhaussait des vœux dans cette précédente nouvelle de Kuttner. A moins qu’il faille prendre de manière littéral le commentaire de Trost concernant la panspermie : la vie se diffusant de la même manière, il y aurait un Droom-Avista sur Terre et un Droom sur Mars, comme deux personnages ayant évolué de façon identique.

Kuttner est loin de s’en douter, mais ce nom de Droom va faire des “petits” plus tard dans les comics de Marvel. On se souvient que Martin Goodman, adepte de la répétition, a tendance à valoriser des noms – mêmes mineurs – qui ont déjà été utilisés dans certaines de ses publications. Si Droom peut sembler une variable assez vague du terme “Doom”, il ne s’agit pourtant pas d’imaginer que le terrible Doctor Doom (ou Docteur Fatalis, en VF) serait un lointain héritier de ce cerveau martien. C’est bien le nom de Droom, tel quel, qui va refaire surface dans les décennies suivantes et exclusivement chez Marvel. En mai 1960, dans Tales to Astonish #9 (mai 1960), Droom est le nom d’un lézard géant, façon Godzilla, dans une h1stoire dessinée par Don Heck. Mais surtout on retrouve ce nom greffé sur un personnage régulier à partir d’Amazing Adventures #1 (juin 1961). Le Doctor Droom est une création qui précède de peu la parution des Fantastic Four. Scénarisé par Stan Lee, dessiné par Jack Kirby et encré par Steve Ditko, c’est donc le premier super-héros Marvel, bien que l’éditeur préfère en général oublier pudiquement cet échec commercial et considérer comme démarrage officiel de sa nouvelle ère la première apparition. Nous avions déjà évoqué le Doctor Droom dans un Oldies But Goodies précédent, il y a quelques années et vous pouvez retrouver la chronique dédiée en cliquant ICI.

On pourrait estimer qu’en l’espace de huit décennies d’existence, retrouver trois fois l’occurrence Droom dans des histoires publiées par la Marvel ne prouve pas grand-chose, qu’il était mathématique que d’autres extra-terrestres ou mystiques héritent de ce nom assez passe partout. Seulement il est intéressant de faire une recherche inverse, de passer le nom Droom à travers la moulinette de la Grand Comics Database et de se rendre compte que dans le même temps… aucun autre éditeur concurrent n’a utilisé le moindre personnage nommé Droom. Cela ne veut pas dire que le Droom de Mars conditionne l’apparition du Doctor Droom de 1961 mais que Kuttner, sans en avoir conscience, participe à une forme de syntaxe “marvelienne”.

L’autre élément qui pourrait faire tiquer les fans de comics, c’est la représentation même d’un cerveau flottant dans un bocal, qui peut éventuellement changer de corps. En effet, c’est quelque chose qui n’est pas rare dans la BD américaine. On peut penser, par exemple, à l’Ultra-Humanite (adversaire de Superman) au terrible Brain, l’ennemi de la Doom Patrol. Plus lointainement (c’est à dire que la logique est la même mais que visuellement le personnage est représenté autrement), on peut faire un rapprochement avec l’Intelligence Suprême, le “cerveau central” des Kree, extra-terrestres opposés aux Fantastic Four et aux Avengers. Plus proche de ce Marvel Science Stories, Red Raven Comics #1, édité en 1940 par Marvel/Timely Comics, compte parmi ses héros The Eternal Brain, un cerveau privé de corps et flottant dans un bocal. Eternal Brain et ses collègues plus tardifs doivent-ils être considérés comme des descendants de Droom ? Non. Là aussi il convient d’élargir le cadre. Un peu comme le fait que l’équipage de l’Eagle peut être comparé aux Fantastiques ou à Doc Savage parce que lorgnant sur les mêmes pulps, il en est de même dans ce cas.

Les cerveaux flottants dans l’eau ou dans l’air étaient déjà un poncif de la littérature fantastique ou de la science-fiction bien des années avant Marvel Science Stories. Un bon candidat pour revendiquer une influence sur Kuttner pourrait être le Cycle du Fulgur, et en particulier le volume correspondant à la Patrouille Galactique, paru dans Astounding Stories à partir de la fin 1937. Le héros y découvre qu’un de ses alliés est en fait un énorme cerveau désincarné, doué de pouvoirs télépathiques. Quelques mois avant qu’Erisman ne publie la nouvelle de Kuttner, la coïncidence pourrait paraître intéressante. Mais il vaut mieux nous tourner vers deux autres sources plus probables. Ami et fan de Lovecraft, Kuttner ne pouvait ignorer sa nouvelle “Celui qui chuchotait dans les ténèbres”, paru en 1931 dans le magazine Weird Tales. Lovecraft y utilisait déjà un cerveau sans corps. Mais, plus encore, il reste une source fascinante, que des spécialistes de l’Imaginaire comme Lovecraft et Kuttner ne pouvaient guère ignorer. En 1912, le français Gustave Le Rouge avait lui aussi utilisé un grand cerveau très proche de celui de Marvel Science Stories dans son roman “Le Prisonnier de la Planète Rouge”. Que les cerveaux sans corps soient courants dans les récits de science-fiction, c’est une chose. Que ceux de Le Rouge et de Kuttner se retrouvent tous les deux à faire exactement la même chose sur la Planète Mars, cela en est une autre. Difficile de ne pas faire le lien.

Enfin, au cas où la question pourrait être posée, mentionnons le cas d’un autre “cerveau dans un bocal” célèbre dans la culture populaire : le Professeur Simon Wright, compagnon du Capitaine Flam (ou Captain Future dans les romans d’origine). Ce n’est pas totalement un hasard mais pas dans le sens où on pourrait l’entendre. En fait, en regardant la couverture de Marvel Science Stories #1, entre le héros intrépide dans sa combinaison dorée et le cerveau flottant, on pourrait se convaincre que l’éditeur veut imiter les aventures du Captain Future, à plus forte raison parce que le premier épisode de Future le voit affronter sur Mars un Empereur de l’Espace. Sauf un “détail” qui a son importance : Captain Future et son ami Simon Wright ne sont apparus qu’en 1940. Si l’on devait en accuser l’un d’être la conséquence de l’autre, Kuttner saurait être le copieur. Mais la situation est en un sens plus simple : le Captain Future a été créé en 1940 sous les ordres de Mort Weisinger par Edmond Hamilton. Non seulement Kuttner connaissait Hamilton mais c’était, on l’a vu, un ami proche de Weisinger. Ensemble, ils aimaient à discuter de leurs créations, à échanger des conseils. Qu’il y ait dans les Avengers of Space et dans Captain Future les reliquats de leurs rencontres ne fait guère de doute. Et avec les mêmes bases on arrive forcément à des résultats similaires, à défaut d’être identiques.

Mais laissons les homonymes et les cousins pour revenir vers le Droom de 1938 et surtout à Terry et Lorna, que nous avons laissé en fâcheuse posture. Rattrapé par la monstrueuse Maison de Droom, une sorte de cyclope monstrueux, Terry utilise une épée pour lui crever son unique œil. Le monstre, à partir de là, cours vite à sa perte. Mais les deux humains sont paralysés par une sorte de champ de force écarlate. Terry a détruit le “périphérique” qu’était la Maison mais le vrai Droom reste très dangereux, grâce à sa puissance mentale. Encore qu’il ne brille pas par sa présence d’esprit. Après les avoir immobilisés, il les interroge et leur demande d’où ils viennent. Mais quand les deux humains lui répondent très franchement qu’ils viennent de la troisième planète du système solaire, Droom est consterné. D’autres planètes ? Allons-donc, il n’existe pas d’autres planètes ! C’est un blasphème ! Du coup, Terry se met lui aussi à poser des questions. Qui est Droom ? Qu’est-il ? Le cerveau lui explique être tout simplement un dieu créé par la science. Une éternité auparavant, il n’était qu’un simple Homme-Bête, mais des scientifiques l’ont soumis à des expériences pour le faire évoluer. Devenu surhumain, Droom dirige désormais Kathor. Pour leur prouver sa puissance cérébrale, il réanime alors par la simple volonté le corps en partie détruit de sa “Maison”. Droom explique à ses prisonniers que “l’intelligence n’est pas limitée au corps. J’ai de nombreux corps et ma force vitale peut pénétrer dans n’importe lequel d’entre eux !”. Comme de bien entendu, pendant ce temps la Maison ne manque pas de s’emparer de Lorna. Oh, pas de chance, la force du monstre est telle qu’en l’attrapant il déchire “par accident” les vêtements de la jeune femme. L’instant permet à Kuttner de placer à nouveau quelques lignes sur la nudité et le charme de Lorna.

Cette vision réveille la libido des Hommes-Bêtes travaillant pour Droom. Le dieu-cerveau, percevant cette excitation, déclare alors qu’il est grand temps de pratiquer un sacrifice. Terry et Lorna sont emmenés de force jusqu’à un amphithéâtre/arène où ils aperçoivent Trost, Flynn et Heffley, enfermés dans une cellule. Bientôt, ils aperçoivent surtout une sorte de terrible machine, un globe monté sur des roues. Les Hommes-Bêtes passent un épais collier à Lorna, qui la relie au globe. Et celui-ci se met en action, se rapprochant d’elle de manière menaçante. En fait, la surface du globe commence à chauffer et à atteindre des températures énormes. Si l’engin touche Lorna, il la brulera vivante. Heureusement pour elle, la Terrienne n’a pas pour seule spécialité de se faire déchirer ses vêtements en toute occasion. Elle est également agile, assez pour échapper dans un premier temps au globe. Mais Terry voit bien qu’elle fatigue et qu’elle ne pourra éviter longtemps la machine. Heureusement, en cherchant du regard une solution, l’aventurier aperçoit près de lui l’un des Hommes-Bêtes qui porte, en guise de décoration, un pistolet arraché plus tôt aux terriens. Les martiens n’ayant aucune idée de ce qu’est l’objet, ils ne se doutent pas qu’il représente un danger. Profitant du fait que les Hommes-Bêtes, sadiques, sont captivés par le spectacle du supplice de Lorna, Terry n’a pas de mal à sauter sur son adversaire et à s’emparer de l’arme. Tirant sur les Hommes-Bêtes, Shawn profite de l’effet de surprise pour tenter de s’élancer au secours de Lorna, dans l’arène. Mais il sent bientôt à la fois les coups physiques de ses adversaires et aussi la puissance mentale de Droom qui s’abat sur son esprit (c’est cette scène précise qui est représentée sur la couverture du magazine). Sous cette double attaque, Terry est à deux doigts de perdre connaissance. Il tire donc au hasard… jusqu’à ce que quelque chose d’imprévu se passe et que le calme se fasse dans l’amphithéâtre. Une des balles perdues a touché le bocal renfermant Droom. Le grand cerveau est mort…

Paniqués, privés de leur dieu, les Hommes-Bêtes s’enfuient alors hors du palais. La machine qui menaçait Lorna semble avoir été dirigée par la volonté de Droom. Sans ce dernier, l’engin est comme éteint. Shawn n’a pas de problème à rejoindre la jeune femme et à la libérer de son collier. Bientôt, il libère aussi leurs trois autres compagnons, se demandant encore comment faire face aux Hommes-Bêtes et quitter Kathor. Mais pour le coup la chance est véritablement de leur côté. Sans le pouvoir mental de Droom pour asservir la population, l’anarchie règne. Une révolte est en train d’éclater dans la ville. Et les martiens sont occupés par bien d’autres choses que les cinq terriens. C’est donc sans encombre que l’équipage de l’Eagle peut rejoindre à nouveau le vaisseau. Mais cette captivité n’a pas été inutile. Trost en a profité pour glaner quelques informations. Les vaisseaux dorés qui ont détruit la Terre ne venaient pas de Mars. D’ailleurs, cette mystérieuse armada s’est déjà attaquée à la planète rouge dans le passé et a détruit plusieurs villes semblables à Kathor. Quant à savoir pourquoi dans un cas les “Dorés” ont préféré faire disparaître une planète et son satellite et dans l’autre simplement bombarder des villes, c’est une question dont Kuttner ne s’embarrasse pas. On pourrait aussi se demander quelle est la logique de détruire les autres cités martiennes mais pas Kathor, alors qu’elle abritait le terrible cerveau géant. Mais qu’importe. Puisque la menace dorée n’est pas venue de Mars, il leur reste une seule autre planète suspecte… Saturne. Mais Trost a appris plus de choses pendant son emprisonnement. Les vaisseaux dorés ne viennent pas de Saturne, non, mais plus précisément d’un de ses satellites. Ils sont originaires de Titan.

Et là, forcément, c’est un autre nom de nature à faire tiquer les fans de Marvel. Car, bien des décennies plus tard, Titan est le monde d’origine que Jim Starlin a choisi pour le terrible Thanos. Pour e coup, c’est une simple coïncidence. Quand Starlin a inventé Thanos, Martin Goodman n’était plus aux affaires depuis quelques années. L’idée de rechercher une redondance des noms n’était plus de mise. Et Starlin n’a jamais affiché la moindre volonté de faire référence à une continuité depuis longtemps oubliée quand il est arrivé chez Marvel. Là, pour le coup, les probabilités font qu’il y a un nombre limité de corps célestes dans le système solaire et que, mathématiquement, il y avait des chances que Titan soit utilisé dans des fictions différentes. Tout au plus on peut s’amuser de voir ces cousins oubliés des Quatre Fantastiques, qualifiés d’Avengers et publiés par un Proto-Marvel se diriger vers Titan, future base de Thanos. Cependant, pour ce qui est de Kuttner, l’utilisation de Titan ne tient pas du hasard. C’est un monde-marotte qu’il utilise dans d’autres nouvelles, notamment une nouvelle un peu plus tardive, Trouble on Titan (1941), écrite sous le nom d’Arthur Barnes. Les Avengers of Space nagent donc en plein dans un univers partagé qui traverse l’œuvre de Kuttner tout en étant relié aux travaux de différents collègues, notamment son épouse mais aussi Lovecraft.

Dans ces conditions, reste à savoir ce qui attend ces Vengeurs sur le sol de la Titan version Kuttner. Il faut environ une semaine à l’Eagle pour rallier la lune de Saturne. Une fois arrivés au sol, les aventuriers repèrent dans le lointain une sorte de grand rocher percé d’orifices. Tout porte à croire qu’il est d’origine artificielle. Fidèles à leur méthode habituelle, les héros (en l’occurrence Terry, Lorna et Hooker) décident donc de marcher jusqu’à l’édifice. Mais ils sont bientôt surpris par une meute d’animaux reptiles, surgissant d’une forêt et piétinant tout sur leur passage. On nous explique qu’il s’agit de dinosaures voisins mais différents de ceux qui vivaient sur Terre (à nouveau l’idée de la Panspermie et de l’évolution parallèle des mondes, quelle que soit la gravité ou l’atmosphère). Kuttner prête à ces dino-titans des traits presque humains. Surtout, les dinosaures de Titan sont d’une taille plus petite. Dans l’état, ils représentent quand même une menace. C’est comme se faire charger par une horde de sangliers furieux. Terry et les deux autres tentent de rebrousser chemin jusqu’à l’Eagle, mais les reptiles passent entre le vaisseau et eux, leur coupant toute retraite. Les dinosaures presque humains utilisent alors leurs mains pour les capturer et les emmener vers l’édifice. Heureusement Trost et Heffley, restés en arrière, ouvrent le feu sur les reptiles et tentent de libérer leurs amis.

Dans la panique générale, les terriens sont séparés les uns des autres et Lorna prend la fuite, poursuivie par quelques dinosaures, dont celui qui semble être le leader. Mais dîtes-donc… cela fait longtemps que Lorna ne s’est pas retrouvée en petite tenue, non ? Eh bien justement. Se souvenant d’une chose qu’elle a lu quelque part, Lorna déchire elle-même ses vêtements et les jette au sol. L’idée est que les dinosaures se guident à l’odeur. En jetant sa tenue au sol, elle les désoriente. Forcément, comme une couche de vêtements ne suffit pas entièrement, Lorna reproduit la chose autant de fois que nécessaire… Jusqu’à ce qu’elle se retrouve entièrement nue. Mais sa tentative alambiquée pour échapper à ses derniers poursuivants est interrompue par l’arrivée d’un nouveau protagoniste. Un homme à la peau grise, une sorte d’homme-serpent. Dans un premier temps l’inconnu semble aider la jeune femme, puisqu’il tue les dinosaures grâce à ses dents redoutables (identiques, vous l’aurez compris, à celles d’un serpent venimeux). Mais une fois cette bataille terminée, il ricane, capture Lorna et disparaît avec elle dans la forêt.

Pendant ce temps Terry Shawn n’a pas réussi à échapper aux dinosaures, qui l’ont emporté vers le grand bloc, qui se trouve être leur palais. A l’intérieur, le capitaine de l’Eagle découvre une vision d’horreur : un serpent géant, d’environ 15 mètres de long. Comble de l’horreur, la créature, au lieu d’avoir un visage aplati, a une tête à l’allure humaine. Arrivant à échapper à ses gardiens, Shawn ne peut pas sortir de l’édifice mais commence à s’aventurer à travers un réseau de grottes et de galeries, chacune abritant en général d’autres visions horribles ou des machines spectaculaires mais incompréhensible. Bientôt, Shawn aperçoit d’autres êtres, plus humanoïdes mais toujours reptiliens, des Hommes-Serpents, qui appartiennent à la même race que le ravisseur de Lorna. Là, pour le coup, le vocable de Serpent-Men peut interpeller les fans de Conan le Barbare et du Roi Kull, qu’on parle des romans de Robert E. Howard où des comics produits ensuite chez Marvel puis Dark Horse. Mais pourtant, on peut penser que Kuttner continue dans sa volonté de connecter les mésaventures des Avengers of Space avec le grand tout de la mythologie Lovecraftienne.

En effet, si les Hommes-Serpents de Valusie furent d’abord créés par Howard dans une nouvelle datant de 1929, Lovecraft avait produit en 1921 un récit intitulé la “Cité sans nom”. L’auteur y mentionne vaguement que la ville en question a été construite par une race préhumaine et reptilienne. Notant plus tard les similitudes entre cette idée et celle d’Howard, Lovecraft écrivit une autre nouvelle où il est fait mention des Hommes-Serpents de Valusie, officialisant que les deux peuples n’en sont qu’un seul. Les Hommes-Serpents de Titan ne sont donc jamais qu’un autre lien avec le monde de Cthulhu. Mieux: dans l’œuvre de Lovecraft comme dans celle d’Howard, il y a des créatures en un sens totalement inverses aux Hommes-Serpents, c’est à dire non-pas des humanoïdes à écailles mais de grands serpents à tête humaine. Chez l’auteur de Conan, le grand serpent adoré par les Hommes-Serpents de Valusie a pour nom Set (et, ironiquement, il a été avalé par la continuité moderne de l’univers Marvel, utilisé dans des sagas telles qu’Atlantis Attack). Chez Lovecraft, le grand dieu serpent se nomme Yig, le « père des serpents ». Yig peut apparaître sous diverses formes, passer pour un homme ou au contraire apparaître comme un serpent géant. On se souviendra alors de la créature croisée par Terry Shawn a son entrée dans le bâtiment…

A un moment, Shawn arrive à trouver une sortie. Revenu à l’ère libre il n’a cependant aucun repère pour déterminer sa position ou la direction à prendre pour marcher vers l’Eagle. Après avoir erré un peu, de guerre lasse, il décide d’aborder lui-même quelques-uns des Hommes-Serpents. Il est incapable de se faire comprendre mais ses trois interlocuteurs ne semblent pas vraiment belliqueux. Ils décident de l’emmener jusqu’à un endroit où se rassemble le peuple serpent. Terry commence à nouveau à s’inquiéter mais une vision vient le rassurer. Dans le lointain, il voit l’Eagle dans le ciel. Contrairement à Lorna et à lui, Hooker, Sam et Pete ont dû pouvoir rejoindre le vaisseau e décoller à leur recherche. Le rassemblement d’Hommes-Serpents permet surtout à Terry de retrouver Lorna. Il la découvre là, toujours dévêtue, livrée au regard concupiscent des reptiliens, qui la convoitent visiblement pour tout autre chose que la manger. Ayant des visées sur elle depuis le début du roman, Terry n’entend pas laisser les choses se faire. En fait, il n’arrive pas à grand-chose d’autre qu’être à son tour réduit en esclavage par l’étrange tribu. Il est finalement attaché au même chariot que Lorna. Ils sont humiliés jusqu’à ce que Terry réalise qu’il a dans sa poche des allumettes et que ce peuple ne connait sans doute pas l’usage du feu. Il en allume donc une et la flamme sème la panique parmi les Hommes-Serpents. Dans la panique, le feu se propage au village de huttes des reptiles. Lorna et Terry peuvent s’enfuir mais ils sont rapidement pris en chasse par le chef des Hommes-Serpents. Bientôt, un duel éclate entre Shawn et lui. Curieusement, alors que le reste du temps on n’a cessé de nous décrire la force des Hommes-Serpents, capable de tuer des dinosaures à mains nues, l’adversaire de Terry n’est pas de taille dans un combat “à la loyale”. Le terrien le roue de coups, plus que l’autre peut en supporter. De toute manière l’Eagle se pose non loin d’eux. L’équipage, après avoir remarqué de loin le grand incendie, les a retrouvés. Ils sont sauvés ! Enfin non…

Car quand tout semblait résolu, un autre vaisseau spatial surgit. Celui-ci est doré. Il appartient à la race qu’ils pourchassent depuis la destruction de la Terre. Mais l’engin semble plus puissant que l’Eagle. Et surtout il se pose entre Terry et Lorna et le vaisseau terrien. Il devient impossible de rejoindre l’Eagle sans aller au contact des dorés. Terry et Lorna préfèrent se cacher, en espérant que leurs amis pourront redécoller et s’enfuir. Pendant ce temps, le vaisseau doré dégorge ses occupants. Il s’agit encore d’une autre race, des êtres visqueux qui ressemblent à des méduses. On nage encore en pleine logique Lovecraftienne, à laquelle on aurait rajouté des fusées.

Courant pour échapper à leurs nouveaux poursuivants, Shawn sent le sol se dérober sous ses pieds. Il est tombé dans une fausse, un piège de chasse abandonné par les Hommes-Serpent. Sous le choc, Terry perd conscience et se réveille seulement après que la nuit soit tombée sur Titan. Il remarque, de loin, que le vaisseau doré n’est plus là mais que l’on aperçoit encore la silhouette de l’Eagle. Il s’y précipite donc… Ce qui démontre quand même que Shawn n’est pas très malin, car il s’est déjà retrouvé dans une situation similaire sur Mars. Forcément, quand il arrive dans son vaisseau, il se retrouve face à l’un des destructeurs de la Terre, une sorte d’amibe, haute d’un mètre cinquante. C’est une sorte de sentinelle laissée derrière. L’arrivée de Terry l’éveille. Mais heureusement pour lui, l’humain arrive à s’emparer d’une des épées qu’ils ont récupéré sur Mars. La lame à la main, il affronte la créature mais arrive à couper, à trancher, jusqu’à ce que l’extra-terrestre semble exploser, les restes de son corps translucide virant au noir.

Se demandant où sont passés les autres humains et sans début de piste, Shawn commence par boire quelques gorgées de brandy (parce que visiblement l’Eagle a son propre bar). Mais il réalise bien vite qu’il est habité par un curieux sentiment. Il réalise que sa volonté ne lui appartient plus entièrement. Et le brandy n’a rien à y voir. Terry reconnaît les signes de ce qu’il a déjà subi. Comme sur Mars, il est victime d’un télépathe. Ses gestes lui échappent et il active bientôt les commandes du vaisseau sans avoir le moindre choix. Sous cette influence, le vaisseau décolle dans le ciel. Quand Terry revient à lui (Terry Shawn a quand même une sérieuse tendance à tomber dans les pommes à chaque fois qu’Henry Kuttner a besoin de symboliser le passage du temps), il réalise que l’Eagle s’est posé sur un petit astéroïde. N’ayant pu juger de la durée du voyage, le terrien ignore précisément où il se trouve. Il découvre sur le sol une sorte de pierre précieuse et, quand il la prend en main, l’influence qui le dirigeait semble s’estomper. Il est cependant toujours sujet à une expérience de télépathie. Une voix surgit dans sa tête et lui dit que, bien qu’ils n’aient pas beaucoup de temps, il y a beaucoup de choses à expliquer.

La voix mystérieuse explique à Shawn qu’il se trouve quelque part dans la ceinture d’astéroïde située entre Mars et Jupiter. L’entité explique faire partie d’une race dont le corps est composé de silice. Autrement l’inconnu n’est autre que la pierre tenue par Shawn. L’extra-terrestre explique que le système solaire est peuplé de différentes races, comme les Grands Serpents de Titan ou les êtres gazeux de Callisto. Les “Siliciens” (terme absent dans le roman et utilisé dans cet article dans un but de clarté) sont cependant bien plus intelligents que ces “voisins” encombrants. Ils méditent depuis une éternité et se désintéressent des choses matérielles. C’est cette intelligence supérieure qui fait qu’ils ont immédiatement compris ce qui se passait quand les vaisseaux dorés sont apparus dans le système solaire. Les humains ont cru que les destructeurs venaient de Mars ou de Saturne mais il n’en est rien. Les dorés(auxquels le Silicien donne le nom d’Aliens avec une majuscule) ne viennent pas d’une autre planète ou d’un autre système. Ils arrivent d’un autre univers. L’être de silice explique à Terry qu’il y a des centaines d’univers qui occupent le même espace mais qui sont séparés par une barrière dimensionnelle. Visiblement les Aliens ont appris à franchir cette barrière. Et c’est ce qui s’est passé quand l’équipage de l’Eagle a vu la Terre disparaître. En arrivant dans notre univers, les vaisseaux dorés ont ouvert une sorte de passage dans lequel la Terre et la Lune sont tombés. Au moment où les Aliens sont arrivés dans cette réalité, la Terre, elle, a été aspirée dans l’autre dimension. Elle n’a pas été détruite : elle est ailleurs. La révélation à l’avantage de donner du sens aux différences d’attaques selon les mondes. Si les Aliens ont semblé traiter différemment Mars, c’est que le sort de la Terre leur avait en un sens échappé. En revanche Kuttner n’explique pas pourquoi la pierre télépathe n’a pas directement contacté les gens de l’Eagle dès leur envol, plutôt qu’ils aillent chercher des ennuis sur différentes planètes. Le Silicien révèle alors que si Terry l’emmène jusqu’au leader des Aliens, la roche vivant sera en mesure de détruire toute leur armée mais aussi… de ramener la Terre dans cet univers ! Il ne faut le dire deux fois à Terry.

La gemme prend alors le contrôle du corps du terrien pour mieux pouvoir programmer une nouvelle direction pour le vaisseau. Télépathiquement, elle explique à son allié que Sam, Peter, Hooker et Lorna ont été emmené dans un vaisseau qui tourne maintenant autour de l’ancienne orbite terrestre. Avant d’arriver dans cet univers, les Aliens avaient surveillé le système solaire et appris qu’aucune civilisation n’y connaissait le voyage interplanétaire. Et pour cause puisque quelques minutes avant qu’ils arrivent, l’Eagle n’avait jamais volé. Après la disparition de la Terre, les Aliens ont bien entendu remarqué ce vaisseau qui ne leur appartient pas. Ils veulent interroger l’équipage pour vérifier que rien d’autre ne leur a échappé. Sous la direction de la gemme, l’Eagle s’approche du vaisseau amiral des Aliens. Bientôt détecté, l’engin terrien est pris dans un rayon remorqueur, se posant sur un pont intérieur du véhicule doré. Shawn est tiré sans ménagement hors de l’Eagle par les êtres-méduses, qui ne semblent pas prêter attention à la pierre qu’il transporte. Désormais lui aussi prisonnier, il est emmené dans la même cellule que son équipage.

Mais ils ne sont pas seuls. Un martien est également retenu par les Aliens et promptement torturé par quatre d’entre eux. La gemme explique que les envahisseurs tentent de lire les pensées de leurs captifs et qu’ils ont besoin d’affaiblir leurs défenses, via la douleur, pour pouvoir y arriver. L

Xavier Fournier

Xavier Fournier est l'un des rédacteurs du site comicbox.com, il est aussi l'auteur de différents livres comme Super-Héros - Une Histoire Française, Super-Héros Français - Une Anthologie et Super-Héros, l'Envers du Costume et enfin Comics En Guerre.

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