Oldies But Goodies: Spectre Vol.3 #54 (Juin 1997)
3 septembre 2007[FRENCH] Bien qu’elle ait dix ans d’âge, la couverture de Spectre #54 reste tout à fait tendance. Non seulement elle est peuplée de zombies mais elle est signée, en prime, par Corben. Niveau contenu on retiendra que Spectre #54 voit les débuts modestes d’un nouveau héros devenu par la suite le leader d’une des principales équipes de l’univers DC…
Ca ne va pas très fort pour Michael Holt alors que s’ouvre cet épisode signé John Ostrander (scénario) et Tom Mandrake (dessin). Holt, c’est un personnage que nous rencontrons pour la première fois. Il s’agit d’un jeune veuf qui est sur le point de se suicider, traumatisé par la mort de son épouse. Bien qu’il ait profité d’une réussite personnelle exceptionnelle (c’est un sportif hors pair mais aussi l’un des plus gros Q.I. de la planète), la disparition de sa femme laisse en lui un vide qu’il n’arrive pas à combler. C’est alors qu’arrive le Spectre, le vengeur surnaturel de l’univers DC. Notant le trouble de Holt et voulant éviter qu’il gaspille sa vie dans un excès de chagrin, le Spectre commence à lui raconter une histoire de son passé.
En fait, cette histoire renvoit à un vieux crossover de la Justice League et la Justice Society (Justice League of America #171-172, octobre-novembre 1979) qui était curieusement resté sans suite. On y lisait les circonstances de la mort de Mister Terrific aux mains d’un terrible fantôme, le Spirit King, capable de prendre possession de n’importe quel corps (pour ceux qui connaissent le héros Deadman, c’est en gros les mêmes pouvoirs mais au service du mal). La mort de Mister Terrific n’avait d’autre but que de fournir une énigme que les deux groupes devraient résoudre. Quand à la facilité avec laquelle Gerry Conway avait éliminer, sans le ramener, l’un des anciens membres de la Justice Society, elle vient sans doute que Mister Terrific n’avait pas de super-pouvoirs. Dans une équipe où il y avait déjà d’autres limiers sans pouvoirs (Huntress, Wildcat…) et plus hauts en caractère, Mister Terrific semblait hautement dispensable. C’est donc sur lui qu’était tombé la sanction de mort: le Spirit King (prenant possession du corps du Flash de l’âge d’or) le tuait. Les héros réunis mettaient deux épisodes à comprendre que le tueur était l’un d’entre eux et la rencontre, une fois la réponse trouvée, s’achevait sur la promesse de la Justice Society de piéger un jour le Spirit King et de lui faire payer…
Seulement dans les 18 années suivantes aucun auteur n’avait semblé interessé par cette intrigue. Quelqu’un avait tué un membre de la Justice Society et ce coupable était (jusqu’à preuve du contraire) dans la nature, laissant le meurtre impuni. Et ça, les meurtres impunis, le Spectre n’aime pas ça. Ainsi donc en 1997 le héros spectral raconte à Michael Holt comment, quelques années plus tôt, il a répondu à l’appel de ses amis de la Justice Society pour traquer le Spirit King. Pour faire court, le groupe tout entier (même avec l’aide du Spectre) n’arrivait pas à prendre le dessus sur le Spirit King jusqu’à ce que le fantôme de Mister Terrific apparaisse et fasse pencher la balance. C’est le moment ou apparaissent brièvement les zombies dans l’histoire, justifiant la couverture de Corben (bien que les morts-vivants représentés à l’extérieur et à l’intérieur soient assez différents).
Le méchant vaincu, l’esprit de Terrific à le temps d’échanger quelques phrases avant de retourner dans l’au-delà, heureux d’avoir pu aider une dernière fois ses collègues. Il confie qu’il a toujours eu un complexe d’infériorité par rapport à ses amis, plus puissants, mais les autres protestent en lui assurant qu’il apportait beaucoup au groupe. C’est de là que le Spectre tire un rapprochement plus ou moins subtil (mais l’important est d’arriver à ses fins): la disparition de Mister Terrific laisse un vide dans la communauté super-héroïque. Un manque que d’autres héros masqués tels que Batman ne sauraient combler. Et le Spectre rapproche autant que possible cette notion de vide de ce que ressent Holt, prêt à se suicider à cause d’une autre absence. Puis le Spectre se retire, laissant Holt ruminer la leçon…
Il n’est pas très étonnant de voir, quelques temps plus tard, des voyoux abordés par un nouveau héros costumé: Mister Terrific! Michel Holt s’est auto-proclamé le successeur du Terrific originel (et s’est sans doute ce que cherchait le Spectre depuis le début). Ce sont bien les débuts du Mister Terrific moderne, par la suite (en 1999) incorporé dans les rangs de la Justice Society contemporaine, dont il deviendra, à terme, le chef. Pour l’heure, dans Spectre #54, il est encore un peu brut de coffrage. Il n’a pas tous les accessoires high-tech qu’on lui connaîtra dans la série JSA. Ce n’est qu’un homme ayant pour seule arme son intellect, avec un premier costume qui n’est pas sans évoquer celui de Blade. Le Spectre s’arrange pour le rencontrer à nouveau sur la fin de l’épisode et (faussement) se laisse convaincre d’épargner quelques malfrats. Faussement car celà faisait partie du plan du Spectre. Il sait qu’en obéissant à Mister Terrific II devant ces petites frappes, la pègre parlera bientôt de ce nouveau justicier qui tient tête même au Spectre. C’est le début de la réputation de Michael Holt/Mister Terrific. Il est devenu tellement emblématique de la Justice Society (et plus récemment de Checkmate) que bien des lecteurs ont oublié qu’il avait connu un démarrage si modeste…
[Xavier Fournier]