Pour l’instant Kip passe dans les rues, pour le plus grand plaisir des citoyens. Même les habitantes du quartier se pâment. Et les enfants l’adorent. Il est bientôt minuit et Kip décide d’inspecter la demeure Woodrow avant de rentrer chez lui. Mais justement, il surprend un individu masqué en train de s’introduire dans la maison en question.
Un étrange personnage qui semble sortir d’un bal masqué. Il n’en faut pas plus pour que Kip flaire quelque chose d’étrange (tu m’étonnes !). Il s’élance à la poursuite de l’inconnu en lui criant de s’arrêter. L’homme, se retourne vers lui : « M’arrêter ? Simplement parce qu’un simple policier me l’ordonne ? ». Kip est stupéfait. L’inconnu a une apparence macabre, on dirait que son visage n’est qu’un crâne vert. D’ailleurs le reste du récit maintiendra le flou quand au fait de savoir s’il s’agît d’un masque ou du vrai visage du malfaiteur. Kip lâche un « Par Jupiter ! Qu’est-ce que c’est ? Un homme ou un cadavre ? ».
Furieux d’avoir été dérangé dans son crime, le Skull jure que Kip « payera pour cette indignité ». Et le malfaiteur semble encore plus furieux de la remarque du policier qui semblait se demander s’il était « homme ou cadavre ». Le Skull se penche sur Kip, inconscient, et lui glisse quelques bijoux qu’il vient de dérober dans la maison voisine : « Tes frères officier te trouveront avec ces babioles en main… Et t’arrêteront pour le crime que je viens juste de commettre ! J’ai tellement mené la vie dure qu’ils seront heureux de coller mes crimes sur n’importe quelle victime… ». Et le Skull s’empare du sifflet de Kip pour appeler les autres policiers du secteur. Quand ils arrivent, le Skull a bien sûr disparu et, comme il l’a prédit, ils trouvent Kip Burland toujours inconscient, les mains pleines de bijoux. Et il ne leur en faut pas plus pour penser qu’il est le responsable de la vague de crimes qui a secoué la ville : « Qui aurait pensé ça de lui ! ». Quand au fait que l’homme gise sur le sol, les policiers s’imaginent qu’il est tombé du balcon dans sa précipitation. Aucun d’eux ne se demande, par exemple, qui a pu utiliser le sifflet de police pour donner l’alerte…
Mais Kip paye une caution et se retrouve dehors. Il compte bien utiliser le temps qui lui reste avant le procès pour trouver des preuves de son innocence : « Ils ne veulent pas m’écouter ou même me donner une chance de m’expliquer. La seule manière que j’aurais de m’innocenter serait de capturer le cadavre ambulant qui m’a piégé ! ». Et dans les jours qui suivent, Kip Burland arpente les rues en espérant trouver des informations sur l’homme qui a brisé sa vie. Une nuit, une scène étrange attire son attention. Un camion est l’arrêt devant un entrepôt et des hommes le chargent de denrées. Mais, comme le dit Kip « Les entrepôts de fourrures ne font pas de livraison à cette heure ! C’est un cambriolage ! Et peut-être que mon ami est lié à tout ça ! ». Kip ne peut se permettre de laisser passer le moindre indice. C’est pourquoi, même s’il est seul, il se précipite sur les cambrioleurs et commence à se battre contre eux : « Venez, rats, je veux voir de près chacun de vos visages ! ».
Bientôt les hommes de main du Skull emmènent Kip en voiture pour ce qui est supposé être sa « dernière ballade ». Un des gangsters explique : « Quand on aura fait quelques miles en dehors de la ville, nous le balancerons dehors. » Un autre ajoute : « On ferait mieux de lui tirer dessus d’abord ». Finalement les hommes font les deux choses en même temps. Ils le jettent en dehors de l’automobile, en plein campagne, et lui tirent dessus au passage. Kip est abandonné là, loin de la civilisation, pour se vider lentement de son sang. Mais c’est sans compte l’existence d’un chalet proche. L’occupant, un vieil homme qui vit en ermite, a entendu les coups de feu venant de la route. Intrigué, il vient voir ce qui s’est passé et découvre le corps de Kip : » Il est encore vivant mais seule une attention médicale immédiate pourra empêcher que la flamme de sa vie s’éteigne ! ». Alors qu’il traîne Kip vers le chalet, l’ermite rajoute une phrase que la plupart d’entre vous auront sans doute vu venir : « Je prie pour que mes connaissances médicales ne m’abandonnent pas ! ». Autrement dit le vieil homme se trouve être, par chance, en mesure de sauver la vie de Kip. Bientôt l’homme installe Kip dans un lit « Cet homme a une remarquable constitution. J’ai retiré huit balles de son corps et il continue de vivre ! ».
Le nouveau Black Hood a beau lorgner sur les débuts de Batman et (peut-être) aller chercher sa nemesis du côté des adversaires de Blue Beetle, il n’oublie pas de rendre la pareille. Il sera à son tour copié dans les mois qui suivent. Par exemple sa tenue qui sera « empruntée » par plusieurs héros de la concurrence. On peut ainsi mentionner le second costume du Sandman du Golden Age, qui est, comme par hasard, pratiquement identique. Au point qu’on pourrait sans doute confondre les deux personnages. Au demeurant, l’identité du Black Hood (la « Cagoule Noire ») est juste un alias que les deux hommes ont choisi de façon pratiquement aléatoire. Bien plus tard, dans des versions bien plus récentes de l’origine du héros, on établirait au contraire que ce choix n’avait rien d’arbitraire, que Kip Burland n’était que le plus récent des Black Hood, une sorte d’ordre générationel qui remontait des siècles en arrière (un peu à la manière de la dynastie des Phantom, sauf que là la transmission ne se fait pas forcément de père en fils). Loin de toutes ces considérations, le Black Hood de 1940 serre la main de son bienfaiteur, l’assure qu’il suivra tous ses enseignements et qu’il ne regrettera pas de l’avoir pris comme élève…
Mais pendant ce temps le Skull a contribué à donner des soucis plus immédiats aux représentants de la Loi enchaînant vols et meurtres. Le criminel est hilare alors qu’il lit la presse : « Ah ! L’idiote police ! Elle pense qu’elle peut s’attaquer au Skull… Hmmm… Ça c’est intéressant. Barbara Sutton organise un bal costumé pour ses débuts dans deux semaines… Et les hommes et les femmes les plus riches du monde y sont attendus ! ». Le lendemain, chez les Sutton, la mère de Barbara Sutton reçoit une étrange lettre : « Chère Mme Sutton. Je vous pardonne de m’avoir oublié quand vous avez envoyé vos invitations mais n’ayez par peur, le Skull ne manquera pas la fête de votre fille ! ». Et la lettre continue en prévenant tous les invités que, si l’un d’entre annulait sa présence, le Skull ne manquerait pas de leur rendre visite plus tard, personnellement. Autrement dit les gens de la haute société ont le choix entre venir à la fête et se faire agresser par le Skull ou se débiner… et se faire agresser par le Skull. De plus les Sutton sont prévenu que si jamais quelqu’un mettait la police au courant ou que si quelqu’un de non-invité se présentait;, les dix personnes les plus riches seront exécutées. La famille Sutton est contrainte d’obéir, tout comme tous les autres invités qui reçoivent des missives similaires.
Vu que plusieurs mois se sont écoulés, la réputation de Kip Burland s’est encore amoindrie, sachant qu’il était libre sous caution en attendant un procès. Il est considéré comme un fugitif. Du coup le Black Hood est obligé de vivre sous un nom d’emprunt dans les rues de New York, en attendant son heure. Mais il tombe finalement sur un article de journal qui prévient de ce qui va se passer lors de la soirée Sutton. Car le Skull est si sûr de lui qu’il a personnellement prévenu la presse, certain que personne n’osera s’opposer à lui. Le soir prévu, Kip va trouver un des invités, David Seymon, et lui propose de le remplacer. Mais l’homme a trop peur. Le Skull a prévenu qu’il exécutera quiconque ne viendra pas. Finalement Kip coupe court à la discussion en neutralisant l’homme et en l’attachant à son lit. Il n’a plus qu’à s’emparer de l’invitation : » Ne vous faîtes pas de souci, je vais m’arranger pour que le Skull ne s’en prenne pas à vous ! ».
Black Hood rumine : « Il est ici, déguisé en se faisant passer pour un des invités et il utilise une sarbacane pour faire taire ses victimes. Les fléchettes sont trempées dans un poison qui dévore la chair de leur visage ! ». D’ailleurs, comme pour le confirmer, une voix tonitruante s’élève dans la pièce : « SILENCE : LE SKULL VOUS PARLE ! Vous venez de voir ce qui se passe quand mes victimes sont bruyantes… J’espère que mon prochain client sera plus sage et restera vivant ! ». La maîtresse de maison, la mère de Barbara, manque de s’évanouir devant ces menaces. Mais cela n’émeut pas les journalistes présents qui, bien au contraire, voudrait la prendre en photo pour mieux pouvoir profiter des événements. Mme Sutton, à deux doigts de défaillir, demander alors à celui qu’elle prend pour « David » de bien vouloir la débarrasser de ces journalistes. Mais le Black Hood a une autre idée. Puisque le Skull est là, quelque part dans la soirée, il explique aux journalistes qu’ils sont les bienvenus à condition de se poster au balcon d’étage, au dessus de la fête, et de prendre en photos autant de convives qu’ils le peuvent. Puis il pose une condition : il prétend que les Sutton sont très soucieux de leur droit à l’image et qu’aucune photo ne devra sortir d’ici sans qu’il l’ait inspecté. Les journalistes sont donc priés d’installer une chambre noire de manière à procéder à leurs tirages sur place.
Puis le Black Hood retourne danser avec Barbara et la félicite pour le calme avec lequel elle tient le choc. La jeune femme lui avoue alors : « Je ne sais pas pourquoi, David, mais je me sens très en sécurité quand tu es là. Et Dieu sait que tu ne m’a jamais fait cet effet auparavant ! ». Autant dire que la dénommée Barbara est instinctivement prête à sauter au coup de Black Hood, toujours sans avoir la moindre idée de l’identité de son interlocuteur. Bientôt, pourtant, l’effroyable se reproduit. Une autre femme pousse un cri parce qu’elle vient d’être volée… et tombe morte, le visage réduit à l’état de crâne vert. Black Hood rassure Mme Sutton (mère), lui assure que tout se passera bien si les prochaines victimes de vol se contentent de garder le silence plutôt que de pousser des cris. Puis il file en douce inspecter les photos dans la chambre noire : « Hmmm ! Très intéressant ! Il est malin ce Skull. Très malin ! Mais son idée de laisser venir les photographes causera sa perte ! ».
Mais pour le Black Hood c’est l’heure des explications : « Je ne toucherais pas à ta ta mère ! je veux juste te présenter… Le Skull ! ». Et le justicier arrache son masque à ce qui n’était qu’une fausse Mme Sutton. Démasqué, le criminel s’écrie : « Chien ! Tu souffriras pour ça ! Tu en viendra à haïr le jour où tu es né ! ». Black Hood se retourne vers Barbara : « Tu trouveras sans doute ta mère saine et sauve chez elle, Barbara. Peut-être juste effrayée mais pas blessée… Et tu trouveras David Seymon chez lui, dans le même état… Maintenant appelle la Police, ils sont situés juste à côté ! ». Là, Barbara comprend que l’homme masqué n’est pas, à l’évidence, le vrai David Seymon et bredouille un simple « Mais… Mais qui êtes vous ? ». Tandis que la police embarque le Skull, le héros saute sur un rebord de fenêtre et, avant de disparaître, répond « Moi ? Je suis le Black Hood ! Au revoir ! ». Il laisse Barbara seule avec ses questions : « Le Black Hood… Je me demande qui il est et pourquoi il évite la police… Et… ooh… j’aimerais le revoir à nouveau ! ». En fait Barbara n’a pas à attendre longtemps. Le lendemain soir, le Black Hood réapparait à sa fenêtre : « J’ai pensé que je te devais une petite explication ! ». Il montre alors les photos prises à la volée lors de la soirée. Sur l’une d’elles on voit la fausse Mme Sutton en train de se servir de son porte-cigarette comme d’une sarbacane… Mais ces explications ne suffisent pas à calmer la curiosité de la jeune femme : « Mais qui êtes-vous ? Et comment puis-je vous revoir ? Et pourquoi fuyez-vous la police ? ». Le Black Hood avoue qu’il ne peut rien dire à ce sujet : « Mais si tu veux me revoir, tu n’as qu’à regarder partout où un crime est commis, partout où des gens innocents sont oppressés, partout où l’injustice règne ! ». Puis il s’en va…
P.S. : Je vous donne rendez-vous samedi prochain, même bat-time, même bat-site, pour ce qui sera notre 250ème Oldies But Goodies, youhou !
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