Oldies But Goodies: World’s Finest Comics #262 (1980)

[FRENCH] Avant Captain Marvel les fans de Shazam (ou, à défaut, les lecteurs de Comic Box #82 ou d’Oldies But Goodies) savaient de longue date que le sorcier avait eu un autre agent, l’égyptien Black Adam. Mais Black Adam lui-même était-il le premier champion de Shazam ? C’est ce que Billy Batson allait découvrir dans World’s Finest Comics #262, quand il allait faire la connaissance du Captain Marvel de l’an 7000 avant JC !

A la fin des années 70 les instances de DC Comics avaient jugé utile de réduire la voilure en termes de titres. Plusieurs séries secondaires avaient été annulées en catastrophe lors de ce qu’il est convenu d’appeler la « DC Implosion ». Dans le cas de Captain Marvel version Shazam, cette implosion était doublement mal tombée. D’abord bien sûr parce qu’un arrêt de série n’est jamais une chose heureuse (sauf pour des séries qui font l’unanimité contre elles mais ce n’était pas le cas), ensuite parce que le scénariste E. Nelson Bridwell avait impulsé un ton nouveau deux épisodes avant cet arrêt. Bridwell avait tenté de ménager les éléments fantaisistes de la série tout en leur ajoutant un ton un peu plus sérieux, qui fasse que Captain Marvel pourrait se montrer l’égal des héros modernes (par opposition à une ambiance « jardin d’enfant » qui avait régné sur le début de la série Shazam). Dans Shazam #34, le dessin était confié à Alan Weiss, qui donnait une ambiance plus ombrée, plus musclée, à la série. Et dans Shazam #35 (mai 1978) le méconnu Don Newton prenait la place de Weiss pour poursuivre dans la même veine cette rénovation d’ambiance. Newton était destiné à être le nouveau dessinateur du titre (d’ailleurs c’est écrit en toutes lettres dans la page du courrier du numéro en question). Sauf que par une triste ironie Shazam #35 était aussi le dernier de la série, qui fut arrêtée (comme d’autres) sans le moindre mot d’explication dans les pages éditoriales. Un ou deux mois plus tard les lecteurs en furent quittes pour se rendre compte d’eux-mêmes que Shazam #36 n’arriverait jamais. Chose d’autant plus rageante que l’arrêt s’était produit au milieu d’une intrigue où Captain Nazi (un des principaux adversaires de Captain Marvel) avait pris le pouvoir à Chicago. Est-ce que DC Comics allait laisser la ville aux mains d’un nazi ?

Non. Car quelques mois plus tard, en octobre 1978, Captain Marvel et ses alliés (sa sœur Mary Marvel et son ami Captain Marvel Jr.) allaient refaire surface comme une des « features » accueillies dans World’s Finest Comics #253. Dans la page de garde du numéro, les héros déjà en place dans le magazine se félicitent de l’arrivée de la Marvel Family à leurs côtés. Au début il s’agissait visiblement d’utiliser le matériel que Bridwell et Newton avaient déjà produit pour Shazam #36 mais la feature perdura finalement pendant des années, à raison d’une dizaine de pages par numéro. Les disciples du sorcier Shazam profitaient ainsi du lectorat de Superman et Batman (les stars du magazine) mais dans le même temps avaient peu l’occasion de faire la couverture. Ce qui fait que le travail de Bridwell et Newton, à ce jour, n’est pas connu à sa juste valeur (DC Comics serait bien inspiré de se fendre d’un recueil regroupant l’intégralité de ce run). Car pendant des années Bridwell allait triturer l’univers de Captain Marvel pour le rendre plus nerveux, plus épique… et en profiterait pour ramener bien des ennemis disparus ou pour combler des manques dans la mythologie des héros. Bridwell disposait finalement d’assez peu de place pour raconter ses histoires (elles n’avaient que la moitié des pages d’un épisode habituel de Superman) mais dans le même temps avait beaucoup de personnages à gérer. Il allait cependant trouver le moyen d’aborde des questions essentielles de l’histoire des personnages, comme dans World’s Finest Comics #262 où Captain Marvel/Billy Batson fait une étrange rencontre…

Dans « The Captain Marvel of 7.000 B.C. » (« le Captain Marvel de l’an 7000 avant JC« ), le jeune Billy Batson (qui est par ailleurs un reporter radio) est en train de travailler dans son bureau quand d’un seul coup un inconnu s’adresse à lui. En raison de la petite taille des histoires on comprendra que Bridwell n’a pas pris le temps de ménager une entrée en scène particulière. Pas de coup de tonnerre ou de personnage fracassant un mur. Par manque de place il faut aller à l’essentiel. Billy Batson sursaute donc en réalisant qu’il n’est plus seul dans la pièce. Et le lecteur, lui, ne peut que tiquer. Car l’inconnu (qu’on voit d’abord de dos) a tous les attributs classiques d’un membre de la famille Marvel. En fait ce qu’on voit de lui montre une sorte de mélange : il porte une cape blanche bordée d’or, comme Captain Marvel, mais sa tenue est d’un bleu sombre, comme Captain Marvel Jr. Le narrateur peut alors semer les bases de l’intrigue : « Qui est cette silhouette héroïque dans un costume de Captain Marvel ? Pourquoi vient-il voir Billy ? Qui est le VRAI Captain Marvel ? La réponse ouvre un chapitre inconnu de l’histoire de la famille Marvel, quand le mortel le plus puissant du monde uni ses forces à celle du… Captain Marvel de l’an 7000 avant JC ! ».

Avec une telle entrée en matière, on aura compris que le Captain Marvel de l’an 7000 avant JC est le nouvel arrivant. Dans la page suivante on le découvre de face et si son costume est indéniablement celui d’un Marvel, on découvre quelques différences notables, comme le design de l’éclair sur la poitrine ou encore le fait qu’il est barbu et porte sur le front une bande dorée (ce qui le fait ressembler à un personnage antique comme Hercule). L’inconnu se présente à Billy : « Je suis… Le premier d’une lignée de héros dont tu es l’un des plus récents… Dis ton mot magique ! ». Voyant qu’il dispose du même type de costume que lui mais qu’en plus il semble au courant de sa double identité, Billy Batson ne perd pas de temps à nier. Il crie le mot Shazam et est immédiatement transformé en Captain Marvel, colosse possédant la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure (d’où les initiales qui forment « Shazam »). L’autre personnage, qui se présente comme étant nommé « Champion », lui explique alors qu’il combat le Mal dans un passé distant mais qu’il a rencontré une menace qu’il ne peut battre seul. D’où l’idée de venir dans l’ère contemporaine pour demander l’aide d’un de ses successeurs. Captain Marvel l’assure de son soutien et tous les deux s’envolent à la vitesse de la lumière vers le Roc d’Éternité, sorte de montagne contenant le sanctuaire du sorcier Shazam mais qui a aussi la particularité de flotte au centre de l’espace-temps. De ce fait le Roc d’Éternité est un véritable carrefour entre les époques et dans des aventures précédentes Captain Marvel s’est déjà plusieurs fois servi de l’endroit pour voyager à travers le temps ou à travers les dimensions. En gros il suffit de voler vers le Roc d’Éternité puis de repartir vers la destination désirée. En passant devant l’immense rocher, Captain Marvel se fait la réflexion que c’est la seule chose qu’il connaisse qui soit vraiment éternelle…

Puis les deux héros volent à travers le temps et arrivent près de 9000 ans avant l’ère contemporaine, jusqu’à « une ancienne civilisation dont le monde moderne ne sait rien ». Mais ils ne font que passer au dessus d’une ville. Champion est pressé de présenter Captain Marvel à ses patrons, les entités qui lui ont donné ses pouvoirs et qui vivent en haut de la Montagne des Dieux. En arrivant vers l’endroit, Captain Marvel se fait la réflexion qu’ils ne peuvent être les dieux qui lui donnent, à lui, ses pouvoirs « puisqu’ils ne sont pas encore adorés ! Qui plus est Salomon, Hercule et Achille ne naitront pas avant quelques milliers d’années ! » La logique du héros est intéressante car s’il doit effectivement sa puissance à une alliance entre des personnages immortels et mortels dont certains ne sont pas nés, le fait de déduire que les dieux qu’il connait n’existent pas encore puisqu’ils ne sont pas adorés laisse entendre un système digne des écrits plus tardifs de Neil Gaiman où les dieux ne sont pas à la base de la croyance mais bien créés par cette dernière. Il s’avère vite que Captain Marvel a raison. Champion lui présente le panthéon qui lui a donné ses pouvoirs : Voldar (le maître de la force), Lumium (patron de la sagesse), Arel (le rapide messager des dieux, dont on comprend que c’est une variation d’Hermès/Mercure), Ribalvei (le plus puissant des dieux), Elbiam (seigneur du courage) et Marzosh (dieu de l’endurance). Captain Marvel comprend que chacun des dieux tient le même rôle que Salomon, Hercule, Atlas, Zeus, Achille et Mercure pour lui… Mais s’étonne que leurs noms ne forment pas le mot Shazam.

Une autre différence se fait sentir. Il est très rare que Captain Marvel croise les personnages à qui il doit ses pouvoirs, son mentor de référence c’est le sorcier Shazam. Là, les six dieux sont visiblement plus directifs. Ce sont eux qui ont demandé à Champion d’aller dans le futur pour recruter un de ses successeurs pour combattre le Mal. Comme ils insistent sur ce terme, Captain Marvel demande si ce Mal ne serait pas une créature portant réellement ce nom, un adversaire qu’il a déjà combattu et qui est capable de se diviser en trois créatures (Sin, Terror et Wickedness). En fait Bridwell fait ici référence à un très ancien épisode du Golden Age (Marvel Family #7, 1946) où Captain Marvel, Captain Marvel Jr. et Mary Marvel avaient du s’unir pour combattre cette triple menace. Marvel Family #7 est d’ailleurs la première apparition du Roc d’Éternité (auparavant la Famille Marvel rencontrait Shazam exclusivement en se rendant dans son repaire souterrain, au bout d’une ligne de métro désaffectée). Et si l’idée de faire « à froid » une référence si obscure peut surprendre le lecteur moderne, il faut remettre les choses dans le contexte. DC capitalisait sur les histoires anciennes de Captain Marvel et de Fawcett en en réimprimant un bon paquet. Marvel Family #7 avait été réédité dans DC Special #21 (1976) et Bridwell partait donc du principe que la plupart des fans de Shazam avaient donc en tête ce précédent combat, récemment revu à l’époque.

Comme en 1946 il avait fallu la puissance de toute la Marvel Family pour repousser le Mal, Champion ne peut pas venir à bout tout seul du monstre et les dieux ont donc recherché dans le futur un héros qui en était déjà venu à bout. Bon, si ces dieux anciens en savaient si long il aurait été plus logique de ramener dans la foulée Captain Marvel Jr. et Mary Marvel afin d’être sur de mettre une raclée à la menace mais ca ne semble traverser l’esprit de personne. Bientôt Champion et Captain Marvel s’envolent jusqu’à l’endroit où se trouve le monstre. Alors qu’ils arrivent vers une montagne tortueuse, Captain Marvel conseille à Champion d’attaquer avant que le Mal ait le temps de se diviser en trois. Mais le temps de parler et le démon l’a déjà fait, ses trois parties s’envolant dans trois directions différentes, non sans se moquer d’eux : « Nous allons voir comment nos dieux esclaves répandent le mal. Comment pourriez-vous nous suivre à deux alors que nous sommes trois ? ». Ah ça, je les avais bien prévenu pourtant… Captain Marvel se demande lesquels suivre en priorité mais Champion entend comme un ronflement venant de sous le trône du Mal. Il soulève le siège de pierre et découvre un des dieux esclaves du Mal en train de ronfler. Captain Marvel reconnaît la Paresse, un des Sept Péchés Capitaux (qui a son époque sont réduits à l’état de statues dans le hall d’entrée du sanctuaire de Shazam). Il comprend que les dieux esclaves du Mal sont ces Sept Péchés. Heureusement pour les deux héros, la Paresse est sans doute le moins dangereux du lot puisque l’entité ne veut que dormir. Quand Champion la secoue pour la réveiller, la Paresse implore qu’on la laisse à son sommeil. Champion lui explique qu’elle ne connaîtra pas la tranquillité tant qu’elle n’aura pas dit où sont les six autres péchés. La Paresse explique alors que les six autres se sont répartis par binômes sur trois endroits différents : le Temple du Vice, le Hall du Gouvernement et enfin l’École de Philosophie. Laissant la Paresse se rendormir, les deux héros conviennent d’un plan. Champion s’envole vers l’école, Captain Marvel s’occupe du Hall du Gouvernement et ils se retrouveront plus tard au temple…

Pendant ce temps le peuple, perverti par l’influence des deux péchés que sont l’Envie et la Haine, est en train de se retourner contre un gouvernement qui a pourtant été élu en totale transparence. Les deux entités conseillent alors à la foule de tailler en pièce ces leaders. Mais Captain Marvel arrive sur les lieux à temps pour assommer les hommes les plus enragés. Terror, un des trois aspects du Mal qui surveillait l’action de ses agents leur ordonne alors de détruire celui qu’il reconnait comme « l’ami du Champion ». Mais Captain Marvel profite de l’effet de surprise. Il prend la Haine et l’Envie et les assomme en tapant la tête de l’un contre celle de l’autre. Il ne reste alors plus qu’à neutraliser Terror d’un simple coup de poing. Captain Marvel s’envole ensuite à la rencontre de Champion, tout en transportant Terror, inconscient. A l’École de Philosophie, pendant ce temps, la scène est similaire. L’Orgueil et l’Égoïsme sèment le chaos parmi les philosophies, sous le regard de Wickedness et Champion arrive à temps pour les neutraliser en quelques coups de poings. Il emporte Wickedness et retrouve plus tard Captain Marvel pour chercher le troisième aspect du mal. A ce stade il reste cependant assez peu de suspens. Si chacun des héros est de taille à vaincre un tiers des forces du Mal sans trop de difficulté on imagine mal comment les créatures restantes pourraient résister aux deux héros unis. Mais Champion et Captain Marvel ne trouvent que les deux péchés restants. Sin, le troisième aspect du Mal, a préféré fuir pour se cacher dans l’Éternité, au fond d’un puits profond. A ces mots Captain Marvel réalise qu’il connait sans doute l’endroit dont ils parlent…

Transportant leurs deux prisonniers, les héros retournent dans l’espace-temps à l’endroit où normalement devrait se trouver le Roc d’Éternité. Sauf qu’à l’époque le roc n’existe pas. Captain Marvel découvre que l’Éternité est un gouffre tourbillonnant au milieu du vide. Gouffre dans lequel Sin s’est caché. Champion et Captain Marvel foncent dans ce trou et assomment le troisième avatar du mal avant de regrouper les trois corps, qui fusionnent à nouveau. Captain Marvel s’inquiète cependant : « Le Mal redevient une seule créature. Mais comment l’empêcher de s’échapper à nouveau ? ». Champion répond « Alors que nous venions ici j’ai aperçu quelque chose qui devrait faire l’affaire ! ». Avant que le Mal n’ait pu reprendre ses esprits, les deux héros partent dans l’espace et trouvent une énorme roche flottant dans le vide intersidéral. Captain Marvel la reconnaît immédiatement… C’est le Roc… si ce n’est qu’il est de côté, comme s’il reposait sur sa longueur. Champion et lui se servent alors de cette structure rocheuse comme d’un bouchon qui referme le gouffre de l’Éternité, où sont ainsi piégés les trois aspects du Mal. Pendant qu’ils procèdent à la manœuvre, Captain Marvel laisse échapper « Quand je pense que je suis en train d’aider à mettre le Roc d’Éternité en place ! ». Surpris, Champion s’exclame que c’est un bon nom pour la pierre ! Mais que si le Mal venait à nouveau à s’échapper il faudrait au moins trois héros pour le neutraliser. La remarque de Champion peut paraître bizarre puisqu’à l’évidence il a suffit qu’ils soient deux pour vaincre. Mais c’est un clin d’œil de Bridwell à Marvel Family #7 et à l’apparition (ou la réapparition, vu sous cet angle) du Mal en 1946, quand les trois membres principaux de la Famille Marvel s’uniront pour battre à nouveau les trois créatures. De ce fait World’s Finest Comics #262 a l’avantage de donner une origine au Roc d’Éternité (en termes d’importance dans le mythe de Captain Marvel, c’est un peu comme si on révélait l’origine de la Batcave) et de clarifier les rapports entre le Mal et les Sept Péchés Capitaux. Mais ce n’est pas tout.

Après avoir battu la menace, Captain Marvel et Champion retournent sur Terre (mais toujours dans le passé antique). N’ayant plus besoin de sa forme surpuissante, Champion prononce alors son propre mot magique qui, pour les raisons déjà évoquées, n’est pas « Shazam » mais « Vlarem ». La foudre frappe et Champion est remplacé par un jeune garçon. Captain Marvel est sidéré de réaliser alors à quel point leur situation est similaire puisqu’ils sont tous les deux des enfants capables de se transformer en surhomme. Plus tard, dans d’autres épisodes, on révèlera que le nom du garçon est Jebediah. Mais l’information n’est pas présente dans cet épisode et Captain Marvel a sa petite idée sur l’identité du garçon. Il prend congé de l’alter-ego de Champion pour retourner à sa propre époque et rendre visite au vieux sorcier Shazam, dans le Roc d’Éternité tel qu’il le connait en 1980. Là, il raconte tout à son mentor et conclut… « Ce garçon qui se transformait en héros… C’était vous ! ». Il faut dire que pour le public qui avait encore en tête la réédition de Marvel Family #7, la révélation coulait de source. Dans l’épisode de 1946, quand le Mal s’échappe à nouveau, il s’en prend à Shazam qu’il identifie comme étant celui qui l’a enfermé sous le Roc d’Éternité. La seule manière de boucler la boucle, c’est si Shazam a été auparavant Champion. Ce que le vieux sorcier confirme d’ailleurs : « Oui, mon fils ! Pendant 3000 ans j’ai été un héros comme toi… Jusqu’à ce que les dieux qui me donnaient mes pouvoirs aient été oubliés de tous, sauf de moi ! Comme tu le sais, j’ai transformé en statues de pierre les Sept Péchés Capitaux… Et en mémoire des premiers dieux que j’ai rencontré, je t’ai donné un nom qui est l’anagramme du mot magique que j’utilisais… Marvel ! ». L’histoire se termine sur Captain Marvel qui explique qu’il est encore plus fier de porter ce nom.

World’s Finest Comics #262 est donc non seulement une origine du Roc d’Éternité mais aussi en un sens une origine du sorcier Shazam (même si on ne sait pas tout à fait dans quelles circonstances il est devenu Champion) et même une explication du nom de Captain Marvel. Un épisode important pour la mythologie Shazam d’avant Crisis mais qui prend toute sa dimension quand on le relit dans la continuité de Marvel Family #7. Quand le Mal refait surface en 1946 et s’échappe du Roc d’Éternité (au moment où la Famille Marvel découvre l’endroit pour la première fois), le vieux sorcier Shazam est en train d’y ranger… la Boîte de Pandore (qu’un des trois aspects du Mal lui vole pour semer à nouveau le chaos). La saga formée par Marvel Family #7/World’s Finest Comics #262 est donc la version pré-Crisis de quelque chose que les lecteurs actuels de DC connaissent sous une autre forme et qui est lié au crossover Trinity War à venir chez DC. C’est elle qui lie le sorcier Shazam à la boîte de Pandore (comme vu dans le Free Comicbook de DC en 2012, qui marque la première apparition du Roc d’Eternité dans le nouvel univers de DC) mais installe aussi le rapport entre les trois faces du Mal et le Roc d’Éternité. Si ce n’est que dans l’univers DC post-Flashpoint, ce que le sorcier Shazam considère comme les trois faces du Mal et condamne, ce ne sont pas Sin, Terror et Wickedness mais… le Phantom Stranger, Question et Pandora… Une Pandora liée rapidement à la boite de Pandore et qui est à la base de la fusion des univers Vertigo, Wildstorm et DC dans Flashpoint #5… Les éléments sont loin d’être identiques mais ils font, à un certain niveau, précisément référence à cet épisode aujourd’hui largement oublié. Il reste à voir si le Captain Marvel moderne (enfin le Shazam moderne puisque DC a rebaptisé le personnage) finira à son tour par voyager dans le passé pour rencontrer Shazam alors qu’il était jeune et pouvait passer pour un super-héros. Mais ce serait un bel hommage à E. Nelson Bridwell et à Don Newton…

[Xavier Fournier]

Xavier Fournier

Xavier Fournier est l'un des rédacteurs du site comicbox.com, il est aussi l'auteur de différents livres comme Super-Héros - Une Histoire Française, Super-Héros Français - Une Anthologie et Super-Héros, l'Envers du Costume et enfin Comics En Guerre.

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