Avant-Première VO: Review All-Star Batman #13
4 septembre 2017A défaut d’être le géniteur de Batman, Alfred Pennyworth a été son tuteur et son père spirituel. Mais alors qu’on en apprend plus sur la jeunesse du majordome des Wayne et sa formation paramilitaire, les secrets mis à jour révèlent… celui qui fut le mentor d’Alfred, aujourd’hui bien décidé à faire payer son pupille de la plus terrible des manières.
All-Star Batman #13 [DC Comics]
Scénario de Scott Snyder, Rafael Albuquerque & Rafael Scavone
Dessins de Rafael Albuquerque, Sebastian Fiumara
Parution aux USA le mercredi 30 Août 2017
The First Ally, arc en cours dans All-Star Batman, fait la part belle aux relations paternelles et à une sorte de mentorat monté sur plusieurs générations. Car si Alfred fut le premier allié de Bruce Wayne/Batman, alors qui fut auparavant son « premier allié » à lui ? Qui a transformé en aventurier d’élite un type issu d’une lignée de domestiques, que tout destinait à reprendre le métier paternel ? L’histoire se passe sur deux niveaux : d’abord une sorte d’origine détaillée d’Alfred et de celui qui fut une inspiration pour lui… jusqu’à ce que les choses tournent mal. C’est incontestablement le point d’intérêt de l’arc, avec un flashback peuplant de détails la formation de ce personnage qu’on prend bien souvent comme un acquis, presque banal, de la Bat-Mythologie. Malgré le fait que le dessinateur Rafael Albuquerque donne beaucoup d’âme à l’épisode, que ce soit dans le flashback ou dans le présent, le volet contemporain laisse une impression assez ambiguë. D’un côté on est content de voir que Snyder continue de trouver des utilisations au Genesis Engine, mais de l’autre il se heurte à des choses déjà vues récemment et qui surfaient sur le même thème, avec des outils narratifs en commun. En effet, ce ne sont pas les types en « armure furtive » connecté au passé de Bruce qui manquent. Et on peut citer par exemple Morgan Ducard « Nobody », revenu au début de la seconde série Batman And Robin (2011) pour se venger de Batman en raison de sentiments œdipiens complexes (le père Ducard avait vu en Bruce un bien meilleur fils et pour sa revanche Nobody voulait voler le fils de Batman). Il y aussi des échos avec ce qui a pu se passer autour d’Azrael et de sa propre « programmation » dans les très récents Detective Comics. Servi par Snyder, le projet Nemesis/Black Knight fait assez double emploi avec l’ordre de St. Dumas. Tout cela fait une convergence d’arcs à la « je suis ton père spirituel/d’ailleurs j’ai entrainé un autre gars dans une armure qui fait un meilleur fils que toi ». Pas des arcs mauvais, mais qui exploitent un peu la même ficelle. Et à force de trouver des mentors au mentor du mentor. C’est bien exécuté, mais cela tourne un peu en rond.
« Your cape is so outdated. »
L’histoire en back-up, elle, est forcément plus courte mais sert assez bien un sentiment d’action, avec un Batman en Russie, se frottant à une certaine Vik qui fait preuve d’une dangerosité certaine, tout en n’étant pas dans le cadre « pittoresque » de la super-vilaine. Le style du dessinateur Sebastian Fiumara y est pour quelque chose. Tout en sachant qu’à la lecture l’impression est que l’histoire aurait mieux été servie en noir et blanc (ou avec des couleurs beaucoup plus légères). Mais clairement Fiurmara est à l’aise dans le Batverse, au moins autant qu’il l’était dans le Mignolaverse, sinon plus. On regrette, au final, que l’histoire principale de Snyder, tout en étant efficace, ne s’offre pas un peu plus de fantaisie et d’originalité. Peut-être est-il un peu trop occupé par Dark Nights: Metal ?
[Xavier Fournier]