C’est un Batman bien mal en point qui tente de résister à la surenchère de super-vilains lancés à ses trousses pour libérer Two-Face. Mais l’homme aux deux profils n’a pas pensé que le justicier pourrait profiter d’une aide venue d’une source inattendue. En « back-up », Duke termine sa mission en lui donnant une conclusion toute personnelle.
Scénario de Scott Snyder
Dessins de John Romita Jr., Declan Shalvey
Parution aux USA le mercredi 9 novembre 2016
Il y a deux fils conducteurs dans cette saga d’All-Star Batman. D’une part Batman, fidèle à ses habitudes, a toujours tout prévu. Il n’y a pas un bout d’ongle qui ne cache pas une arme, un gadget, une astuce… De l’autre, cela ne l’empêche pourtant pas d’être mis en difficulté devant une avalanche d’ennemis. Certains font partie des plus obscurs, des plus secondaires. Mais ils ont le nombre pour eux. John Romita Jr. s’amuse toujours à redéfinir Two-Face et les autres personnages qui lui tombent sous la main… Parfois même au-delà du raisonnable, car il n’était sans doute pas « urgent » de relooker des personnages récents comme les Talons de la Cour des Hiboux. Dans ce quatrième numéro on continue de voir à quel point Scott Snyder fait appel à toutes les ères de l’histoire de Batman. Si on s’en tient au seul plan scénaristique, il est certain que le « piège mortel » dans les égouts a des accents de certaines couvertures du Silver Age. C’est à dire que Snyder ose lorgner sur le côté « corny » des décennies passées, profitant de la puissance de feu de Romita pour imposer la chose. Autre exemple, la manière totalement surréaliste de transporter Two-Face, accroché à un biplan. On est client ou pas de ce côté délirant, mais ce qui intéresse vraiment Snyder, on le sent (et on le constatera aussi dans la back-up), c’est la dimension personnelle. Malgré le tourbillon de pièges et de situations, la marque de Snyder passe par les retours à l’enfance, quand Bruce Wayne se souvient de sa propre noirceur.
« Man, what part of you is not boobytrapped ? »
Et c’est sans doute, aussi, ce qui donne une utilité particulière à Duke Thomas. Plus qu’un Robin, le nouvel « allié en jaune » de Batman est une touche d’optimisme dans son univers. Il écoute de la musique dans les missions, incarne un lien entre Bruce et un monde au-dehors, qui n’est pas directement lié à ses enquêtes. Dick, Jason et Tim étaient des « élèves en formation », de véritable bat-commis que Bruce formait à le remplacer. Damian, c’est autre chose, il a été élevé par sa mère pour en faire une machine à tuer et c’est son père qui doit lui apprendre l’optimisme (et quelque part forcer sa propre nature). Duke, c’est un « bon gars » dans le périmètre rapproché de Batman. La seconde histoire nous le montre, quand il termine l’épisode en donnant sa définition très personnelle de l’opinion de Batman sur un de ses pires adversaires, tout en continuant de donner la priorité à la famille. Par contre, ce qui est un peu dommage, c’est que dans ce qui ressemblait à une aventure solo du jeune héros, Batman apparaît comme un deus ex machina… Tout comme inversement Duke en fait de même dans l’histoire principale. La technique du « ah je suis en mauvaise posture mais voici un fidèle allié qui va retourner le rapport de force » a ses limites et c’est un procédé qu’il ne faudrait pas trop répéter dans cette série, qui reste par ailleurs très énergétique.
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