Avant-Première VO: Review Captain America #695
2 novembre 2017Captain America (Steve Rogers) vient de passer à travers les événements de Secret Empire mais… vous n’avez pas besoin de le savoir. Mark Waid revient pour son troisième run sur le personnage, accompagnée du dessinateur Chris Samnee (son compère de Daredevil et Black Widow). Le mot d’ordre : démontrer le potentiel de ce héros bien particulier. Ce qui c’est passé avant ? C’était avant, place à un « point d’entrée » idéal pour ceux qui ont perdu la série de vue ou ceux qui s’y mettraient juste…
Captain America #695 [Marvel Comics]
Scénario de Mark Waid
Dessins de Chris Samnee
Parution aux USA le mercredi 1er novembre 2017
Avec l’ère Legacy, Marvel a instauré tout un système d’histoires courtes écrites par Robbie Thompson qui ont pour but de donner les fondamentaux et souvent les origines du héros concerné. Waid et Samnee n’en ont que faire et préfère commencer leur récit par un court résumé pour synchroniser les montres de tout le monde. Le sérum du super-soldat, le bloc de glace… Tout est là en quelques cases. Si vous attendiez un monologue où Rogers tirait un bilan de Secret Empire, ce n’est pas le cas. Les deux auteurs visent directement un ton intemporel (cela peut même un peu déstabiliser dans la scène d’introduction, avant que l’on comprenne ce qu’il se passe). En un sens, il n’est pas incohérent de comparer ce retour de Waid sur la série à la reprise de Wonder Woman par Greg Rucka. Ce n’est pas tant qu’il s’agisse ici d’invalider un élément antérieur de scénario mais bien de repartir dans une autre direction. Et si vous teniez d’un autre camp, si les prises de positions de Nick Spencer vous agaçaient… il ne s’agit pas ici de tirer le rideau sur les préoccupations d’un Steve Rogers qui défend la veuve et l’orphelin, le faible, contre les fascistes de tout poil. Waid n’efface pas Spencer mais il donne un point d’arrivée dans l’univers du héros. En imaginant que vous n’ayez pas lu la série depuis 20 ans, pas de panique. Le maître-mot ici, c’est autonome. On verra par la suite si les auteurs reviennent un peu là-dessus mais c’est pédagogue et ouvert…
« …Awesome cosplay, « Steve. »
On connait bien, maintenant, le talent de narrateur de Chris Samnee. Il s’attaque à Captain America en recherchant un style optimiste, positif et peut-même volontairement naïf. Son Steve Rogers sourit à ceux qu’il doit sauver. Il tend la main, s’occupe des victimes. Et sait être moins coulant avec ce qu’il voit comme la continuation moderne du nazisme. Que ce soit Waid ou Samnee, tous les deux nous présentent très bien le principe d’un homme tiré de son époque, qui a tout perdu sauf ses idéaux et qui continue de les enseigner. On pourrait dire qu’il y a quelque chose de très « Silver Age » dans cette histoire (d’autant que la petite ville visitée par Steve à un petit quelque chose de certaines villes de DC Comics) mais la vérité c’est que c’est un sentiment intemporel. Rogers (re)devient un type qui, oui, distille un peu de prêchi-prêcha mais qui est conscient de le faire, bien décidé à ne pas baisser les bras, à ne pas plier le genou, à ne pas se laisser corrompre. Captain America, la série, est ainsi (en tout cas sur ce premier épisode) l’exemple parfait de ce que doit être une série Marvel Legacy. Sans angélisme, le scénario prend aussi en compte l’existence d’un certain scepticisme ambiant (l’exemple des « icers ») mais c’est pour mieux montrer la normalité du doute, à laquelle finalement notre monde s’est habitué. Et à partir de là, tout ce qu’un personnage qui personnifie l’espoir n’en est que plus pertinent. Les différentes visions ne sont pas opposées, elles ont simplement escaladé la même problématique sur des flancs différents. Pour dénoncer la radicalisation, le repli sur soi, le Captain America de Remender ou de Spencer était le héros que notre monde mérite. Le Cap de Mark Waid est celui dont nous avons besoin, en tout cas il l’est sur cet épisode de redémarrage.
[Xavier Fournier]