Après cinq numéros de Captain America: Steve Rogers à avoir posé la direction de la série, Nick Spencer s’emploie à raccorder les choses à l’état actuel de l’univers Marvel. De quoi voir sous un jour totalement différent le déroulement de Civil War II, le pourquoi du comment. Spencer fait plus que participer au crossover. Il en réinvente les règles.
Scénario de Nick Spencer
Dessins de Javier Pina
Parution aux USA le mercredi 28 septembre 2016
Les « tie-in », c’est à dire les épisodes rattachés au déroulement d’un crossover se classent en trois grandes catégories. Il y a ceux qui ont le logo collé sur la couverture mais dont on cherche en vain, à l’intérieur, le lien réel avec les évènements. Il y a ceux qui jouent réellement le jeu et qui dépendent donc du crossover en cours. Ce n’est pas forcément un critère de qualité. Un faux tie-in peut (ou ne peut pas, selon les cas) dépasser de loin un épisode vraiment lié. Mais il y a une troisième catégorie, plus rare, qui arrive à transcender le crossover pour s’en servir dans le cadre de son avancée. Ce n’est plus la série qui doit choisir entre suivre ou ne pas suivre de près le crossover mais presque l’inverse. Un exemple me vient : les Daredevil d’Ann Nocenti au moment de Fall Of The Mutants, qui prenait comme prétexte une simple scène de bataille entre Apocalypse et X-Factor pour élever la chose au rang d’émeute apocalyptique dans New York. Cette semaine, Nick Spencer fait un coup comme ça avec Captain America: Steve Rogers, retournant complètement Civil War II comme s’il s’agissait d’une crêpe. Il se sert des choses laissées en plan dans le crossover pour y glisser un plan machiavélique. Autrement dit, vous lisez cet épisode et vous voyez de façon totalement nouvelle, plus pertinente, certains points marquants de CWII. Les deux titres seraient écrits par le même auteur, on comprendrait que la chose a été préparée en amont, avant même de décider de la structure globale de la saga. Là, bien sûr que Spencer a coordonné la chose. Mais qu’il soit capable de prendre les commandes à ce point alors qu’il n’est pas à la base de l’idée, et d’en faire un outil qui renforce son histoire, c’est un tour de force.
« The question is, what can we do about it ? »
Côté dessin, Javier Pina n’est pas au mieux de sa forme. Que ce soit une question de délais, d’encrage ou de colorisation qui viendrait noyer son trait, il semble moins précis qu’à l’habitude. Et c’est dommage car sur quelques scènes il y avait vraiment de quoi donner quelques images marquantes. Néanmoins ce numéro refait de Cap/Steve Rogers un joueur important dans l’univers Marvel, plus qu’il ne l’a été ces derniers mois. Là où l’intrigue d’Hydra semblait bizarrement auto contenue dans les épisodes récents, l’équipe créative installe cette série comme un vrai levier, décisionnaire des choses qui restent à venir. Surprenant et très efficace.
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