Avant-Première VO: Review Doom Patrol #7
1 août 2017La Doom Patrol s’offre un numéro hors-normes cette fois. Sachant que depuis des décennies c’est l’un des groupes les plus délirants qui soit, ce n’est pas une mince affaire. Le Chief, fondateur de la patrouille, est en effet de retour, bien décidé à en reprendre la direction. Mais les membres, eux, ne sont pas convaincus. Qui aura le dernier mot ? Seuls Gerard Way et Mike Allred, dessinateur invité pour l’occasion, le savent alors qu’on s’engage dans cette histoire.
Doom Patrol #7 [DC Comics/Young Animal]
Scénario de Gerard Way
Dessins de Michael Allred
Parution aux USA le mercredi 26 juillet 2017
Le scénariste Gerard Way est un énorme fan de la Doom Patrol de Grant Morrison. Il suffisait de lire son Umbrella Academy pour s’apercevoir de la filiation, au moins partielle. Pas étonnant qu’étant devenu une figure de proue de Young Animal (label qui surfe un peu sur l’esprit Vertigo des années 90) le même Gerard Way se soit dépêché de relancer la Doom Patrol dans une ambiance similaire. Et personne ne lui en fera le reproche. Quitte à écrire la Doom Patrol, autant s’inspirer d’une des meilleures périodes du titre. Autre cheminement logique : Figure tutélaire de Young Animal, le responsable éditorial Jamie S. Rich a collaboré de longue date avec le dessinateur Michael Allred (sur Madman par exemple). Dès lors que Rich a pris ses aises sur le label, on pouvait s’attendre à ce qu’Allred y pointe le bout de son nez. C’est doublement le cas puisqu’Allred coproduit Bug! The Adventures of Forager pour le même label mais dessine aussi des couvertures alternatives pour Doom Patrol. A partir de là, retrouver Gerard Way et Michael Allred ensemble pour produire des pages intérieures de cette série ne demandait pas un effort surhumain d’imagination. Mais quand même, retrouver un dessinateur « invité » peut parfois sombrer dans le fill-in dispensable. Alors qu’ici Gerard Way a ménagé quelque chose qui mijote depuis le début du volume actuel. C’est à dire que le Chief rôde, jusqu’ici le plus souvent sous forme de petits gags limités à une scène. Le truc c’est que depuis les épisodes de Morrison, on sait que le Chief n’a rien d’une blanche colombe. Il est plutôt comparable à un Professeur Xavier qui n’aurait jamais été pardonné pour Onslaught. Le Chief a un certain mépris pour la vie humain et est à l’origine des accidents qui ont créé la plupart des « freaks » de l’équipe historique. Ceci explique leur défiance. Mais le Chief peut-il se faire pardonner et faire d’eux une équipe plus efficace ? Ce numéro est une véritable montagne russe.
« I want to heal this world of hurt. »
Sans se défaire de sa fascination pour Morrison (bien au contraire, il lui emprunte son phrasé), Gerard Way s’en donne à cœur-joie ce mois-ci pour lorgner sur la Doom Patrol des années 60/70, présence du Chief, de Robot man et Negative Man oblige. Même la présence de la plus récente Casey n’y fait rien : elle enfile elle aussi la fameuse tenue rouge et blanche tandis que le Chief trouve une nouvelle mission pour tout ce petit monde : chasser les mauvaises idées, littéralement. C’est délirant encore plus qu’à l’accoutumée et le côté « Pierrot lunaire » qu’Allred donne à la plupart de ses « héros-maison » convient ici tout à fait à l’équipe (et à Negative Man en particulier). Doom Patrol a un peu les inconvénients de ses avantages. C’est à dire que la lecture évoque un peu l’écoute d’un concert par un Tribute Band. Il y a de très bons groupes de reprises mais ce n’est pas parce que vous avez entendu des gens rejouer les morceaux des Doors ou d’Elvis que vous pouvez réellement vous targuer d’avoir vu l’original. Ici, c’est donc un peu pareil. C’est très fun à lire mais pourtant sur ces sept premiers épisodes, on aurait tendance à conseiller la lecture à ceux qui, au bas mot, ont lu les TPB de l’ère Morrison et le projet Flex Mentallo avec Frank Quitely. Sans cela, ce n’est pas que ce soit illisible, loin s’en faut (pour peu qu’on ait une idée de qui est le Chief ce numéro est même très abordable) mais vous auriez sans doute l’impression de passer à côté de quelque chose (par exemple dans les premiers épisodes des éléments comme Danny The Street sont réintroduit sans beaucoup d’explication, si on ne le connait pas d’avance). C’est néanmoins un épisode charmant, qui permet de juger de la « dinguerie » de la série !
[Xavier Fournier]