Doctor Manhattan est le seul qui peut sauver le monde des Watchmen. L’ennui étant qu’il a été depuis longtemps convaincu d’aller voir dans un autre univers comment les choses se passent. Quelques anti-héros décident donc de se lancer à sa recherche, en espérant refaire de lui un personnage plus interventionniste. A défaut de le retrouver, Rorschach et ses compagnons d’infortune débarquent dans l’univers DC et se demandent qui pourrait les aider. Le problème étant que lorsqu’on se met à la recherche des plus grands intellects, on ne trouve pas forcément les gens les plus sains.
Scénario de Geoff Johns
Dessins de Gary Frank
Parution aux USA le mercredi 27 décembre 2017
Avec ce deuxième épisode de Doomsday Clock, Geoff Johns entre dans le vif du sujet, avec le quatuor rencontré dans le numéro précédent qui déboule directement dans l’univers DC. Au passage, les premières pages sont surtout consacrées à expliquer la raison du pourquoi les avatars de Punch & Jewelee ont été recrutés pour tenter d’attirer Manhattan… Bien qu’Ozymandias semble aussi vite trouver le moindre intérêt à ces deux-là, qui sont un peu embarqués comme des colombes à bord d’un navire. En fait toute une partie de l’intrigue (par exemple le moyen de voyager entre les univers) tient d’un deux ex-machina. Non pas que ce soit idiot par rapport aux règles habituelles de certains comics (Johns fait sans doute allusion à certains « sauts » de Captain Atom) mais le côté un peu désinvolte avec lequel Ozymandias se lance là-dedans est un peu « facile » (comment calibrer le « saut » pour arriver à la bonne destination ?). Même si l’on a expliqué par ailleurs à quel point le personnage n’est plus totalement en possession de tous ses moyens. C’est d’ailleurs une impression qui demeure au long de l’épisode. Découvrant un univers qui pullule de surhumains (alors qu’ils sont rares dans son monde), Ozymandias n’a pas l’air de se demander s’il n’y a pas d’émules de Doctor Manhattan qui pourraient l’aider. Au contraire il se tourne vers des gens bien humains, sans vraiment avoir fait ses « devoirs » (si Ozymandias est capable de trouver des renseignements sur l’intellect de Luthor, il devrait aussi, en toute logique, tomber sur son casier). En fait Ozymandias cultive les faux-pas et, même s’il a une raison pour ne pas être au top, tout cela donne finalement l’impression que le « grand génie » derrière la machination de Watchmen n’est finalement pas à la hauteur. Ou qu’à défaut les nouveaux arrivants dans l’univers DC sont un peu dépassés d’office. Même en prenant en compte le critère qui le diminue, un esprit comme Ozymandias devrait encore rester au-dessus de la normale. En un sens Rorschach, avec son sens de l’observation, s’en tire bien mieux.
« If you’re the smartest man on your planet, I’d hate to meet the dumbest. »
En fait Geoff Johns et Gary Frank sont dans une phase où les personnages de Watchmen découvrent avec une naïveté enfantine l’univers DC et sa richesse, au point de laisser paraître celui qu’ils viennent de quitter comme nettement étant inférieur. Johns redéfini d’ailleurs surtout les règles en pensant à des figures de style de DC. Par exemple le fait que dans un univers les personnages de comics existent en fait vraiment dans un autre. Si ce n’est qu’une partie de Watchmen reposait sur le fait que dans cet univers-là les comics de super-héros n’étaient pas très populaires (puisque réels), supplantés par d’autres genres comme les pirates par exemple. Et là, on nous dit un peu le contraire pour se conforter dans une rencontre qui tient plus d’un Multiversity (ou du Authority de Grant Morrison). C’est finalement la partie supplément, à la fin, qui semble nous en donner plus sur les choses à venir, avec un durcissement des relations diplomatiques lié à une tentative de déstabilisation des surhommes, tentative qui nous rappelle un peu ce qu’Ozymandias faisait sur son monde. Est-ce que l’univers DC ne serait pas en train de faire les mêmes erreurs que celui pensé par Alan Moore et Dave Gibbons ? A moins que ce soit Doctor Manhattan lui-même qui reconstitue les conditions du déséquilibre pour mieux sauver cette fois le monde à sa manière ? Tout cela est un peu confus à ce stade. Une chose est certaine, la narration visuelle de Gary Frank est au rendez-vous et nous sert sur un plateau deux personnages qui semblent être l’Ozymandias et le Rorschach de leur monde… A charge aux épisodes à venir de nous dire s’il s’agit de faux-semblants.
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