Skyfox a été installé par les deux volumes de Jupiter’s Circle comme le grand adversaire de l’establishment des super-héros américains. Et les héros de Jupiter’s Legacy sont principalement issus de sa propre généalogie… Son fils, son petit-fils, sa belle-fille. Aussi attendait-on son implication dans les évènements comme une sorte de « retour du Roi ». Sauf que Skyfox s’est tellement installé dans la contre-culture que dire « oui » n’est pas la route la plus évidente pour lui. Tout n’est pas joué d’avance…
Scénario de Mark Millar
Dessins de Frank Quitely
Parution aux USA le mercredi 31 août 2016
Depuis la fin du premier volume de Jupiter’s Legacy, auquel il convient d’ajouter les deux séries de Jupiter’s Circle, Skyfox (homologue de Batman viré Hippy puis devenu une sorte de super-Julian Assange, de hors-la-loi international faisant le bien à sa manière pas selon celle du consensus) était une référence incontournable, avec une problématique en deux temps. S’il était évident qu’il serait une recrue de choix pour les rebelles de la série, il y avait la question de savoir ce qu’il était devenu. Est-ce qu’il croupissait en prison ? Etait-il mort ? Ou bien (Millar en était capable), avait-il viré de bord, passé à l’ennemi. Ni l’un ni l’autre et on retrouve bien Skyfox du côté de la Russie (là encore un voisinage avec Assange), passant en revue ses exploits passés et le fait que pas grand-monde ne se soit mis de son côté quand il voulait dénoncer des dérives objectivement mauvaises. L’Amérique, pays de John Wayne, continue de se voir comme le cow-boy contre les méchants indiens et la référence à l’acteur/président Ronald Reagan est, dans ce sens, plus profonde qu’il y parait. S’il est sans doute facile pour un scénariste écossais de distribuer des bons ou des mauvais points aux grandes puissances du monde, Mark Millar ne tombe pas dans le piège du manichéisme et son Skyfox n’est pas un blanc chevalier qui avait raison depuis le début. D’abord on nous rappelle assez finement que le personnage, sous un vernis idéologique, s’est d’abord opposé à ses pairs avant tout pour une histoire de cœur. De plus le Skyfox moderne est un peu comme un militant qui, à force de s’être trop radicalisé systématiquement contre tout et son contraire aurait un peu perdu le sens de la lutte. Skyfox ne se bat très certainement pas par altruisme, pour le bien des autres, mais avant tout et surtout pour une question d’ego, de reconnaissance. N’ayant pas eu cette dernière, le voici devenu une sorte de misanthrope que les héros ont bien du mal à bouger, à motiver.
« The plan couldn’t be simpler, brother… »
Mark Millar sait quand il part d’un point A vers quel point B il se dirige. C’est d’ailleurs parfois ce qui fait son point faible sur certaines autres séries (mettons Nemesis, Superior ou même Starlight), l’alpha et l’omega sont tellement contenus dans le pitch qu’on a parfois l’impression de passer six numéros à arriver à ce fameux point B. Et puis il y a les autres séries, celles où il entretient un sens certain du détour tout en reliant ces deux points. A n’en pas douter, Jupiter’s Legacy fait partie de cette deuxième catégorie, au point qu’il ait été forcé de déborder sur des séries annexes pour mieux étendre son univers. Dans le cas contraire, si seuls les cinq premiers épisodes de Jupiter’s Legacy 1 existaient, quelle perception aurions-nous de la complexité de Skyfox ? A l’intérieur de ce Jupiter’s Legacy 2 #3, Millar installe comme une version miniature de ce système de détour : on sait ce donc les personnages principaux ont besoin, on sait ce qu’ils veulent et même temps ce qu’il serait logique pour eux. Mais ils s’autorisent une sorte de « hé là, pas si vite… et si, moi, je décidais que je ne veux pas ? ». Cela n’empêche pas Millar de se rendre de son point A à son point B mais en entretenant une culture du doute et en installant une situation où, à tout moment, un personnage peut décider d’une sortie de route. Si, bien souvent, c’est pour mieux y revenir par la suite (et après tout on a l’exemple de la gamine décadente d’Utopian dans le premier épisode, finalement obligée de prendre sur ses épaules l’héritage du super-héroisme, la désespérée devenant porteuse de l’espoir), ces coups de volants permettent de mieux construire les personnages, de détailler leurs motivations. Du coup, dans un sens inverse, le révolutionnaire n’est pas forcément celui qui veut naturellement aller au bout de la révolution et c’est celui qui nécessite d’être convaincu. Ou pas. C’est tout le ressort de l’épisode. Comme à son habitude Frank Quitely est excellent, avec ses personnages qui parfois prennent des faciès comme échappés de Blueberry (alors que les autres épisodes, plus riches en combats, avaient quelque chose de plus proche de l’aspect Moebius de Jean Giraud). Son sens visuel de la nonchalance s’adapte parfaitement à un épisode qui utilise justement beaucoup ce genre de posture.
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