Mark Millar et Frank Quitely arrivent au bout de la lutte. Plus que quelques pages pour les héritiers des super-héros et super-vilains, ex-jeunesse perdue et dépravée, arrachent (ou pas) le pouvoir politique à ceux qui, sous un air de respectabilité, oppriment, ont construit leur régime sur le meurtre et la trahison. Mais on sait les auteurs capables tout jusqu’à la dernière page. Alors, l’héritage de Jupiter est-ce tragédie ou une happy end ?
Dessins de Frank Quitely
Parution aux USA le 5 juillet 2017
On l’aura attendu cet ultime épisode ! Une dizaine de mois au compteur, de quoi nous ramener au traumatisme des longues attentes de Camelot 3000 (pour ceux qui ont connu cette époque). Mais ça y est : Jupiter’s Legacy 2 (et donc au-delà, l’histoire débutée dans la première série Jupiter’s Legacy) touche à sa fin cette semaine, dans un épisode qu’on peut définir comme le combat final et l’épilogue. Au demeurant c’est une trame simple, peut-être même frustrante par cette simplicité apparente, mais la magie opère dès la première case via un Frank Quitely qui fait feu de tout bois. L’artiste, gardant tout ce qui fait son style, s’en va une fois encore tutoyer des références comme Moebius/Giraud ou Gibbons. C’est Quitely qui donne à ce combat sa force, sa magie, avec des poses toutes en retenue mais aussi des choix graphiques subtiles. Par exemple lors d’un combat sur le plan astral, Quitely prend la peine d’alléger la densité des traits (c’est apparent sur le visage de Walter, dès la page 2). On savait que Quitely n’est pas un « monthly artist », on savait qu’il y avait toutes les chances que le projet souffre de délais, même en lui ménageant un peu d’avance au départ. Mais tout est oublié dès lors que l’on plonge le regard dans ces pages. On a l’impression d’avoir quitté Jason et ses parents la semaine dernière. Dessin et scénario font preuve d’une telle facilité d’accès que l’on n’a pas besoin de se remettre spécialement dans le bain. On y est directement, aux premières loges pour recevoir un certain message.
« A lot of us have been asking why the superheroes are here these past few years and the answer is incredibly simple. »
Il y a deux Mark Millar. Le gamin espiègle, l’iconoclaste, l’auteur qui se méfie des vaches sacrées. Ce Millar-là, même s’il s’est taillé une solide réputation en une vingtaine d’années, s’est aussi attiré la colère graduelle d’une partie de la fanbase des personnages concernés. Parce dans Authority son Superman finissait victime d’un Captain America serial-violeur, parce que dans Ultimates son Quicksilver et sa Scarlet Witch formaient de manière évidente un couple, bien qu’étant frère et sœur et ainsi de suite. Ce Millar-là a poussé au plus loin la guerre entre super-héros dans Civil War, fait d’Iron Man un totalitaire… Mais il y aussi l’autre Millar, celui qui écrit des œuvres comme 1985, qui te dit que lui aussi il a connu et adoré ces mêmes icones, capable de leur rendre toute leur splendeur. Ce n’est pas tant qu’il y ait deux Millar différents. Ce sont deux facettes d’un même auteur qui, ici, nous montre à quel point ces deux routes ne sont pas à sens unique. Jupiter’s Legacy a commencé comme du post-super-héroïsme classique, avec les nouveaux héros décadents qui se défonçaient, les anciens qui semblaient devenus obsolètes. Comme une Civil War avec des morceaux de Watchmen dedans. Les références à Watchmen (entre certains choix narratifs de Quitely et même une scène sur Mars ou un passage final qui, dans l’ambiance, me fait un peu penser aux ex Silk Spectre et Nite-Owl se demandant ce qu’ils vont faire maintenant) se poursuivent d’ailleurs jusque dans ce dernier épisode. Et ce n’est pas à la portée de tout le monde de jongler avec ce genre de références. Il ne s’agit pas de dire que Jupiter’s Legacy aura la même portée, la même popularité, que l’œuvre de Moore et Gibbons. Mais il y a comme un tronc commun, avec une finalité différente. Il s’est beaucoup dit que Watchmen avait marqué la mort du super-héros. Millar, lui, a tué les super-héros dès le début de Jupiter’s Legacy puis, lentement, en a reconstruit l’enthousiasme, le « sens of wonder », comme une démonstration qu’un Watchmen (et pas spécialement Watchmen mais aussi tous les récits qui en ont suivi la voie ensuite) on peut en « guérir », que ce n’est jamais la fin. Et le scénariste qui fait connaître les pires sorts à des héros iconiques de Marvel ou DC nous dit, à sa manière, « regardez comment on peut casser tous les jouets et, quand même, tout remettre en ordre de fonctionnement à la fin ». A une époque où l’industrie des comics se pose beaucoup de questions sur son devenir, où des héros sont encore et toujours sacrifiés pour un crossover ou un reboot, le Mark Millar espiègle et son homologue sentimental s’entendent, comme pour nous dire « l’émerveillement, c’est une ressource inusable, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine. C’est jamais cassé.Tiens, je vais te montrer... ».
[Xavier Fournier]Il arrive enfin sur les écrans : Kraven le Chasseur ! Non, on blague !…
Avec Creature Commandos, James Gunn inaugure un nouveau chapitre dans l’histoire tumultueuse de DC au…
Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom :…
Hasard du calendrier, Christopher Reeve fait l'objet de deux documentaires en ce mois d'octobre. Le…
Le documentaire Super/Man : L'Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de…
Pour bien commencer la semaine, Marvel Studios nous présentent les premières images de Thunderbolts*, prévu…