Bonnie est arrivée dans l’Au-Delà, découvrant une guerre millénaire entre les forces du Bien et celles du Mal. Elle retrouve aussi, au passage, une partie de ses « chers disparus ». Après une introduction qui prenait son temps et entretenait une certaine mélancolie, Reborn #2 nous fait faire le « tour du propriétaire » et établit l’essentiel des règles du jeu.
Scénario de Mark Millar
Dessins de Greg Capullo
Parution aux USA le mercredi 16 novembre 2016
Bonnie est « l’élue », celle qu’on attendait depuis longtemps pour mettre à mal les forces des ténèbres. L’ennui pour ses partisans, c’est qu’elle arrive dans l’Au-Delà sans le moindre mode d’emploi mais, surtout, avec une forte envie d’être réunie avec tout son entourage. C’est à dire aussi bien sa mère que son mari… Mais l’Au-Delà est immense. Elle a la chance d’être retrouvée aussitôt par son père mais, avant de s’engager dans une quête pouvant tout sauver, elle veut d’abord s’occuper des siens. Mark Millar et Greg Capullo nous donne ici les grandes lignes de cette guerre éternelle, important même l’idée des animaux de compagnie qui, eux aussi, renaissent après la mort sous des formes variées. Plus largement, il s’agit déjà de montrer que le souvenir qu’on a de certaines personnes ne les défini pas forcément. Ici, Bonnie ira demander de l’aide à sa meilleure amie… qui ne le lui rend pas spécialement. Même le sort d’un chat domestique, traumatisé par le fait d’avoir été castré, prend ici un jour particulier. Qu’est-ce qui est bien, qu’est-ce qui est mal ? La chose n’est peut-être pas aussi claire qu’il y parait au demeurant. D’ailleurs on peut se demander (théorie qui semble échapper aux personnages) si certains des disparus ne sont pas tout simplement arrivés dans « l’autre camp ».
« You’re the one who’s going to save us from all the bullshit ».
On se souviendra que l’histoire est signée de l’auteur de Chosen/American Jesus et que, jusqu’à la fin, cette description du paradis peut être retournée comme une crêpe. Mais pour l’instant cette saga pleine de fantasy (un poil « l’Histoire sans fin », un poil « les Maîtres de l’Univers » et même une pincée de « Tellos ») est très plaisante à lire. Après la phase de mélancolie du premier numéro, où Bonnie devait essentiellement se résigner, contrainte et forcée, à sa propre mort, ce deuxième épisode est celui de l’émerveillement… Tout en nous montrant l’émerveillement a ses limites et que tout ne coulera pas forcément toujours dans le sens de l’héroïne. On pressent néanmoins déjà une grosse frustration tant le concept est riche : retrouver les morts dans l’au-delà et réaliser qu’ils ne correspondent pas forcément à notre souvenir ou inversement qu’on ne leur a pas laissé la trace qu’on supposait, c’est une idée riche, qui porterait facilement une série de plusieurs dizaines d’épisodes au moins. Robert Kirkman nous en ferait un feuilleton-fleuve. La formule-type de Millar est, au contraire, de poser un concept et d’aller voir ailleurs. Dommage, parce qu’on en prendrait bien pour quelques années de Reborn…
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