En marge de la série Secret Weapons, Valiant nous propose ce numéro spécial consacré à l’origine de Nikki Finch, jeune femme dont le superpouvoir est essentiellement… de parler aux pigeons ! Oui, vous avez bien lu ! Avec un tel préambule on pourrait croire que ce n’est pas gagné pour l’équipe créative. Et pourtant Eric Heisserer et Adam Pollina s’en tirent avec brio, en rajoutant en plus de l’ambition et de l’empathie à leur cahier des charges.
Scénario d’Eric Heisserer
Dessins d’Adam Pollina
Parution aux USA le mercredi 3 janvier 2018
Les Psiots sont un peu l’équivalent des mutants dans l’univers Valiant. Ceux qui en doutent peuvent se reporter aux premiers épisodes d’Harbinger pour observer les voisinages. Mais avoir des superpouvoirs ne veut pas forcément dire avoir des rayons de la mort qui sortent des yeux ou faire preuve de télékinésie. Il y a aussi des pouvoirs qui, au demeurant, ne semblent guère utiles. Comme parler aux oiseaux, donc. Nikki Finch ne peut faire que ça, se spécialisant le plus souvent dans les pigeons. Mais ce numéro zéro s’applique à nous la présenter sous un jour poignant, nous montrant comment elle est devenue fugitive avant de pouvoir songer à devenir une « Secret Weapon ». Le tout est raconté sous forme de calendrier/décompte des évènements et une narration très particulière, qui s’avère vite prenante.
« Don’t. You can’t fly. »
Il serait intéressant de savoir si c’est le script qui a dicté la forme ou si l’idée est bien un parti pris d’Adam Pollina. En tout cas le cadrage est particulier, rarement vu dans les comics, avec un système de cases en longueur, prenant toute la largeur de la page. L’enchainement des évènements se fait ainsi si plus graduel, comme si on regardait le storyboard d’un film ou d’un dessin animé. Et comme on perd nos repères habituels de lecture, l’impression donnée est que l’histoire, s’étalant sur des années, est incroyablement dense. On perçoit la déception de Nikki dans les premiers temps, quand elle désespère de voir apparaître des pouvoirs… Et sa surprise et sa joie quand elle découvre qu’elle en a, combien même les gens qui l’entourent ne semblent guère impressionnés. Jugée inférieure, elle est envoyée dans une sorte de voie de garage puis, à partir de là, perd graduellement tous ses espoirs et même sa famille. Au point où, au bout du rouleau, il n’y a guère qu’un pigeon pour tenter de lui l’empêcher de sombrer. C’est vraiment touchant et la vraie morale de l’histoire c’est que le vrai superpouvoir d’un personnage est avant tout d’être bien écrit (Batman pourrait vous en parler). Avec ses pigeons mais racontée de manière intime et dessinée avec rythme, Nikki n’a rien de ridicule. Peu importe ses capacités de Psiot, c’est son humanité qui l’emporte
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