Le crossover unissant deux équipes de X-Men (Blue & Gold) contre Mojo touche à sa fin. Si l’on peut louer la volonté de retrouver un peu du côté fun des années 80 la fin de la saga patine en de plusieurs endroits. La faute (en partie) aux auteurs mais aussi à un trop-plein de variantes de personnages.
Scénario de Cullen Bunn
Dessins de Jorge Molina
Parution aux USA le mercredi 15 novembre 2017
Cela commençait plutôt bien pour le crossover Mojo Worldwide, avec tous les gages de retrouver un peu l’esprit des annuals Uncanny X-Men à l’époque de Claremont/Adams ou Claremont/Davis. Mais les crossovers entre titres mutants sont rarement simples. Entre les volontés différentes des différents équipes créatives et la profusion de personnages complexes, c’est plutôt casse-gueule même. Et Mojo Worldwide ne manque pas de se prendre les pieds dans le tapis. Il faut dire à la décharge de Cullen Bunn qu’il hérite d’une situation compliquée. D’un côté il y a l’avalanche de personnages alternatifs, à commencer par les All-New X-Men eux-mêmes. Et puis forcément il faut bien une télépathe rousse qui est la fille que Jean n’a jamais eue. Et puis n’oublions pas un Kid Wolverine confronté à un Old Man Logan… Sans oublier Storm et Bloodstorm dans la même case. Tout cela, ça partie de la texture des X-Men. Ce n’est pas tant les tenants et les aboutissants de chacun qui pose problème qu’un combat chaotique où il n’est pas rare de stopper la lecture une microseconde le temps de se demander quelle version du perso est utilisée. Ne manque guère qu’une version What If de Kitty et de Colossus pour compliquer le truc. D’autant que les X-Men Blue ont changé plusieurs fois de costume ces dernières années. Balancez tout cela au milieu d’un « best of » d’adversaires sortis de l’espace-temps et par moment on n’est plus sûr de savoir qui est qui.
« I almost never know exactly where I’m going… And I almost always get there. »
Jorge Molina dessine bien l’individu ou un petit groupe isolé dans une case. Mais il est débordé par le nombre de X-Men, de Broods et de cyborgs. On s’égare vite dans la chorégraphie d’un X-Men Blue #15 que les auteurs ont du mal à gérer. Mais le vrai problème est qu’une fois passée la pluie de personnages (centraux et figurants), cette profusion masque surtout la pauvreté d’un scénario basique. C’est à dire que d’un seul coup débarquent trois personnages qui règlent la situation d’un geste (on se demande vraiment pourquoi ils ne sont pas intervenus plus tôt) … sans la régler puisque Bunn se garde un effet « mais le cauchemar est-il réellement terminé ? » vers la fin qui fait que finalement on se demande ce que les héros ont réussi à empêcher ou pas. Mojo, un personnage trépidant, inventé pour critiquer l’ère MTV de la télévision est ici utilisé sans profiter de son humour au premier degré… ou de sa parabole au second. L’histoire, embrouillée, est finalement réglée par un deus ex-machina, sans beaucoup d’énergie. Dommage !
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