Avant-Première VO: Review X-Men Gold #13
8 octobre 2017Face à l’effritement de ses audiences Mojo, le terrible producteur interdimensionnel, décide de ne pas y aller par quatre chemins et de rejouer tous ses classiques d’un coup. Il kidnappe donc les X-Men, qu’ils soient « Gold » ou « Blue », pour les projeter dans des contextes qui évoquent aussi bien Days of Future Past qu’Asgardians Wars. Est-ce que le scénariste ne serait pas en train de nous dire quelque chose sur l’état du marché ?
X-Men Gold #13 [Marvel Comics]
Scénario de Marc Guggenheim
Dessins de Mike Mayhew
Parution aux USA le mercredi 4 octobre 2017
D’habitude les deux équipes principales de X-Men (ce qui se passe dans Astonishing X-Men est sans doute trop récent pour être pris en compte) vivent chacune de leur côté, l’une en Amérique et l’autre à Madripoor. Mais là elles sacrifient au rituel « mutant » de la partie de baseball quand les héros sont dispersés à travers différentes réalités que les X-Men connaissent déjà. Mojo a en effet décidé de rejouer ses « greatests hits » et de donner dans le remake. Cela se passe comme cela à Hollywood nous glisse le scénariste Marc Guggenheim… en manipulant peut-être une ironie bien plus sournoise, un pied de nez à l’attention de Marvel. Car l’arc Mojo Worldwide qui commence dans ce numéro marque aussi le début de Legacy pour les mutants, à savoir quelque chose qui a été marketé comme un retour de personnages classiques pour contenter une partie du public. De plus Guggenheim, en faisant référence à des figures de style connues, tirées directement du répertoire des années 80/90 (c’est à dire pas seulement Mojo mais une manière de lorgner sur la narration des Annuals de cette période-là), ne la joue pas autrement depuis le début du présent volume. Le retour du couple Peter/Kitty, la résurrection d’Omega Red, Guggenheim n’a pas attendu le début de Legacy pour regarder en arrière. Pour autant, regarder en arrière n’est pas une mauvaise chose si l’on prend soin de bien sélectionner ce que l’on regarde. Guggenheim retrouve un peu l’esprit d’un Claremont, avec des X-Men qui ne sont pas obsédés par la possibilité de leur disparition mais sont aussi des voyageurs, des zappeurs de monde. Ironiquement, c’est sans doute involontairement qu’il retrouve certaines scènes proches de choses plus récentes. Ainsi, la première rencontre entre Old Man Logan et Kid Wolverine fait furieusement penser à ce que Bendis avait fait pour la rencontre entre la jeune Jean Grey et Rachel Summers.
« You’re sayin’ someone’s trying to kill us with nostalgia. »
Mike Mayhew n’est pas totalement dans le même trip rétrospectif. S’il y a bien certaines cases qui montrent ce à quoi ces « époques » font référence, il reste plus maître de son dessin pendant la plus grande partie de l’épisode, encore qu’il semble hésiter sur la façon de gérer certaines ambiances, certains effets. Connu pour son réalisme parfois presque photographique, Mayhew donne ici certaines cases de super-héros assez classiques puis, l’instant d’après, évoque presque un travail 3D (en particulier sur le visage de Rachel). Difficile de tirer des conclusions sur Mojo Worlwide dans son ensemble puisqu’il s’agit surtout d’un prologue avant d’entrer dans le vif du sujet. La vraie question est de savoir ce qu’il en ressortira. Car si c’est pour nous rejouer les classiques sans qu’il en découle quelque chose de nouveau, alors la petite pique de Marc Guggenheim à l’attention d’Hollywood perdrait de sa pertinence et tournerait plutôt à la déclaration d’intention.
[Xavier Fournier]