Review : Agatha All Along – Episodes 1 à 4
19 septembre 2024Qui l’aurait cru ? La sorcière Agatha Harkness, ennemie de la Sorcière Rouge dans la série TV WandaVision, a le droit à son propre spin-off ! Retour dans le côté magique de l’univers Marvel. Mais cela est-ce vraiment nécessaire ? Les quatre premiers épisodes que nous avons pu découvrir nous ont au moins fait passer un bon moment…
« Down, down, down the witches’s road… »
Agatha All Along est une série qui met en avant l’infâme Agatha Harkness (Kathryn Hahn), introduite pour la première fois dans la série WandaVision, et explore les retombées de ses actes. Pour rappel, Agatha avait été vaincue par Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen), alias la Sorcière Rouge. Condamnée à rester prisonnière de la ville fictive de Westview, Agatha se retrouvait également sans pouvoir. Quand on retrouve l’ex-sorcière, elle se croit inspecteur de police et doit résoudre le crime commis sur une inconnue… Mais bien vite, et grâce à l’énigmatique Rio Vidal (Aubrey Plaza), Agatha se rend compte que tout ceci n’est que fiction et qu’elle va devoir entreprendre un long périple pour retrouver ses pouvoirs disparus. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, Agatha se retrouve confrontée à des choix difficiles. À la fois sympathique et sans aucun remord, le personnage oscille entre héroïne et vilaine. En tout cas, on est sûr qu’elle est prête à tout pour récupérer ses pouvoirs.
Le pouvoir des 6
La force de Agatha All Along repose indéniablement sur le talent de son casting, porté par Kathryn Hahn dans le rôle principal. Dès son apparition dans WandaVision, Hahn avait su marquer les esprits avec sa performance nuancée, capable d’osciller entre la comédie légère et des moments plus graves, voire terrifiants. Dans cette série centrée sur son personnage, elle dévoile encore plus de facettes de son talent, réussissant à capturer à la fois la fragilité et la dangerosité d’Agatha. La complexité de son interprétation permet d’humaniser un personnage qui aurait pu facilement tomber dans le cliché de la sorcière maléfique.
Mais Hahn n’est pas la seule à briller dans cette série. Ces premiers épisodes se concentrent sur la formation du groupe de sorcières, composé de Patti Lupone, Sasheer Zamata et Ali Ahn. Pour la plupart d’entres elles, elles ont des liens avec le passé de l’héroïne. Seul le mystérieux « Teen » (Joe Locke) est là de son plein gré. Magicien amateur, il cherche à obtenir plus de puissance. Mais fait étrange, personne ne comprend quand il parle de lui-même. Qui a bien pu jeter ce sort ? Cette énigme n’est toujours pas résolu au bout des quatre premiers épisodes. Et on laisse planer le doute, et même les fans de comics se demanderont si la solution la plus évidente est la bonne. Le personnage fera grincer des dents les « anti-wokes » puisque « Teen » est gay et que le casting est principalement composée de femmes. Mais on est loin des clichés et l’homosexualité du sorcier en devenir n’est évoqué que lorsque son petit-ami lui téléphone.
Aubrey Plaza, elle aussi, semble interpréter un personnage bien plus complexe qu’une simple rivale, ayant envie de réduire au silence Agatha. Des récentes déclarations de l’actrice indiquent que son véritable rôle ne sera révélé qu’à la fin de la série. Envoûtante, décalée, un rôle taillé sur mesure pour Plaza.
Abracadabra
Incarnée par la charismatique Kathryn Hahn, Agatha a rapidement captivé les spectateurs grâce à son mélange unique d’humour sarcastique, de machiavélisme et de charme. Il a donc vite mis en chantier un spin-off mais qui a eu ensuite bien du mal à trouver sa place dans la chronologie du MCU. Si Agatha All Along parvient à développer un personnage fascinant, cela soulève également la question de l’utilité de ce projet au sein du MCU. Ce fut d’ailleurs l’une des questions par Bob Iger lors de son retour à la tête de Disney. On a bien cru que le projet allait être enterré dans les limbes, voire détruit comme le film Batgirl de la concurrence. Il n’en est rien et Agatha a été annoncé en grande pompe lors de la D23 d’août dernier (nous vous conseillons de regarder le casting chanter en live le titre principal de la série). Si d’autres projets sont eux en suspens (on pense à Blade et Armor Wars), Agatha All Along sert donc de pont entre « l’ancien temps » tel que WandaVision et le futur avec un éventuel troisième opus de Doctor Strange. Car à part dans ses deux productions, le MCU s’est peu frotter à la magie. Cherchant constamment son ton et oscillant entre humour, horreur et action, cette nouvelle série évoque une ambiance « Buffy », c’est-à-dire une version édulcorée de la magie noire et ses créatures terrifiantes. Ces quatre épisodes ne nous ont pour l’instant pas encore donné les frisons promis par le trailer. L’importance de Agatha All Along réside peut-être dans sa capacité à poser des jalons pour des intrigues futures tout en apportant un éclairage inédit sur la magie dans le MCU. Si certaines interrogations sur l’utilité immédiate de cette série peuvent persister, il est probable que son impact se fera ressentir dans les phases à venir.
D’une époque à une autre
Tout comme dans WandaVision, la showrunneuse Jac Shaeffer s’amuse avec les époques et les parodies. Ainsi le premier épisode commence comme un vrai feuilleton policier, mélange entre True Detective et Dexter. Par la suite, les sorcières doivent suivre la route des sorcières et devront relever des défis pour avancer. C’est l’occasion de les confronter à leurs peurs les plus profondes… et de les placer dans des réalités alternatives. On espère juste que les prochains épisodes ne surferont pas trop sur ce gimmick déjà utilisé dans WandaVision et sa parodie des séries TV populaires. Mention spéciale aux numéros musicaux qui montrent tout le talent du casting.
La série oscille constamment entre le drame, le fantastique et une dose d’humour noir, une combinaison qui a permis à WandaVision de se démarquer. Agatha All Along se distingue cependant par un ton plus sombre, centré sur les luttes internes d’Agatha, son obsession pour la puissance magique et les conséquences de ses actes.
Agatha All Along – Avec Kathryn Hahn, Patti Lupone, Sasheer Zamata, Ali Ahn, Joe Locke, Aubrey Plaza & Debra Jo Rupp. Deux épisodes disponible sur Disney + dès le 19 septembre 2024, puis 6 épisodes diffusés hebdomadairement.
Crédit photo: Chuck Zlotnick. © 2024 MARVEL.
Une des actrices les plus cool du paysage télé américain (mais pas assez connue au delà – en France par exemple)…
Et une réinvention salutaire pour un personnage qui, dans les comics, est écrit comme n’importe quelle vieille dame mystérieuse (voir Madame Web)…
Les antihéroïnes non juvéniles, on n’en trouve que rarement dans les histoires marveliennes (tout comme des intrigues liées au Surnaturel). Alors que dans les séries, c’est de plus en plus « autorisé », des Desperate Housewives à « Mare of Eastown » et le dernier « True Detective » – CQFD.
Par contre on peut s’attendre à une série qui repose sur une même structure usitée – ça permet de l’écrire et produire plus vite, et de faire en sorte que les spectateurs ne soient pas perdus en cours de route :
À savoir présenter les personnages en laissant’une liberté créative aux acteurs.
Puis mettre la majorité des épisodes à placer des pistes diverses, puis conclure en donnant des réponses soit prévisibles, soit incomplètes (comme ça on peut en garder sous le coude pour une autre fois)… Et qui bien souvent ne vont pas satisfaire tout le monde, sans qu’on puisse toujours affirmer si c’est une question de parti-pris créatif (beaucoup de spectateurs ne connaissent pas cette notion).
Ou si c’est juste de la maladresse, des erreurs dûes à un manque de recul.