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Review : Black Adam

Black Adam aura mis du temps à envahir nos écran. Projet en cours depuis quinze ans, l’anti-héros de DC Comics débarque sous les traits de Dwayne « The Rock » Johnson, la star du cinéma hollywoodien. Mais sera-t-il capable à lui-seul de porter sur ses épaules le renouveau du DC Universe au cinéma ?

LES COULOIRS DU TEMPS

Tout commence à Kahndaq, 5 000 ans avant notre ère. La cité est sous le joug du roi tyrannique, à la recherche de la couronne de Sabaac. Un jeune garçon décide de se révolter et de mener son peuple vers la liberté. Il est malheureusement capturé. Sauvé in extremis par un groupe de Sorciers pour devenir le champion de Kahndaq mais il devient en partie responsable de sa destruction. De nos jours, Adrianna (Sarah Shahi) est elle-aussi à la recherche de la couronne, pour éviter qu’elle ne tombe dans les mains de l’Intergang, groupe armé privé qui contrôle désormais la région. Elle va réveiller le Champion de Kahndaq, Teth Adam (Dwayne Johnson)… Mais est-il si bien veillant ? La Justice Society va devoir intervenir pour maîtriser cet être extraordinaire, perdu dans une époque qu’il ne connaît pas.

RENAISSANCE

Nouveau film issu de l’univers cinématographique DC depuis le carton de The Suicide Squad, Black Adam est en gestation chez Warner depuis bientôt quinze ans. Toujours attaché au projet, Dwayne Johnson s’est battu pour voir ce film aboutir. Il faut dire que durant ce laps de temps, la notoriété de l’ancienne star de WWE n’a cessé d’augmenter, à tel point que son nom suffit à engranger les dollars au box-office. Black Adam débarque également dans une période où le studio a bien du mal à donner une direction cohérente aux héros DC sur le grand écran. Cette aventure s’inscrit dans ce qui a été fait précédemment. Rien n’est « effacé ». Des guest-stars, ça et là, montrent qu’on évolue toujours dans le même univers. Étrangement, même si on reconnaît le Sorcier Shazam, vu dans le long-métrage éponyme avec Zachary Levi, Amon, le fils d’Adrianna, fan de super-héros, n’en parle pas. Alors que le symbole sur le torse des deux champions aurait pu lui donner un indice sur leur lien. On aurait aimé aussi plus d’explications sur l’existence d’un groupe tel que la Justice Society, par exemple. Car les néophytes seront un peu perdus.

AMALGAM

Si le personnage de Dwayne Johnson est présenté comme une menace, il fallait un ou des héros capables de lui tenir tête. Plutôt que d’utiliser un groupe de super-héros déjà établi (la Justice League pour ne pas la nommer), les scénaristes ont choisi de présenter la Justice Society, dont l’histoire est étroitement liée à Black Adam dans les comics. Mais, on loupe un peu le coche. Si le public en apprend un peu sur les jeunes recrues, Atom Smasher (Noah Centineo) et Cyclone (Quintessa Swindell), le passé des deux autres membres fondateurs Hawkman/Carter Hall (Aldis Hodge) et Doctor Fate/Kent Nelson (Pierce Brosnan) est très flou. Et c’est bien dommage, car ces deux héros ont eu une existence en lien avec Black Adam dans les comics. Il n’est nullement évoqué les réincarnations de Hawkman (qui a connu Teth-Adam en Égypte ancienne dans les comics), aucun mot pour Hawkgirl ou Nabu, l’entité qui habite le casque de Kent Nelson. Du coup, Carter passe son temps à grogner des ordres pour arrêter Adam, tandis que Kent joue le dandy relax. Dommage, car en comparaison, la JSA a été mieux représentée dans des séries TV comme Smallville, Legends of Tomorrow ou, encore plus récemment, Stargirl. Après tout, c’est un groupe qui est sensé avoir inspiré la Justice League ?! Pire, comme Black Adam passe après bons nombres de films estampillés Marvel, la comparaison est inévitable. Ainsi, Hawkman, son armure et son vaisseau ne sont pas sans rappeler Black Panther et sa technologie extraordinaire. Ici, on n’explique pas ce que le Nth Metal (évoqué quand même par Cyclone) ou d’où vient ce vaisseau. Doctor Fate n’est pas non plus sans rappeler un autre docteur, Stephen Strange. Les effets choisis comme son monde d’illusion ou ses multiplications évoquent la dimension miroir ou encore les multiples bras de Strange dans Infinity War. Atom Smasher est un mix de Deadpool pour le visuel (même si le costume est fidèle à la BD) et d’Ant-Man pour les pouvoirs et l’attitude grand enfant (bon ok, c’est presque un ado dans le film). Il y a aussi le jet caché sous le manoir, à la mode X-Men (même si ce n’est pas vraiment le MCU). Histoire d’enfoncer le clou sur la comparaison, il y a même une scène entre les deux vieux compagnons d’armes sur la vision du futur de Fate.qui fait echo à celle entre Strange et Tony Stark dans Endgame. Vous me direz : « Dans les comics, DC est le premier à avoir créer tout ça », mais force est de constater que ça fait recycler par rapport à la concurrence sur grand écran. Dommage…

UNE PIERRE À L’ÉDIFICE

Dwayne Johnson impose rapidement sa présence. Sa musculature et son regard noir collent parfaitement au rôle. Tout comme son attitude de gentil « benêt » au début du film, débarquant dans une époque technologique qu’il ne maîtrise pas. Adrianna et Amon sont là pour le guider, et ils deviennent vite plus sympathiques que la JSA. L’acteur expliquait en promo que ce film allait changer la donne pour l’univers DC au cinéma… Cependant, le style de narration et les effets de « slow motion » constants évoquent un style à la Zack Snyder. Black Adam pourrait être comparé à Man of Steel en terme de mise en scène brouillonne dans ses combats, entrecoupés de longues scènes de dialogues. Un point positif : l’humour qui parsème cette production est moins lourd que dans certains longs-métrages du MCU qui souvent dédramatise chaque situation par une blague. Le film évoque l’esclavage et l’oppression, tout comme l’invasion d’un pays étranger, se disant libérateur, mais ne cherchant souvent que son propre intérêt. Le personnage d’Adrianna, originaire de Kahndaq, se révèle particulièrement bien utilisé dans ses scènes plus « politique ». Pour en revenir à celui que l’on a appelé « the Rock », il parvient à sauver certains moments creux par sa simple présence. Si bien sûr, il s’est écrit un rôle taillé pour lui (il n’est pas si méchant que ça), il apporte une dose d’humanité à Teth-Adam, qui manque par exemple à Carter Hall, un brin trop mécanique.

Black Adam est-il le sauveur du DCU ? Les chiffres nous le diront, mais sur le papier, ce n’est pas un grand film. C’est un bon pop-corn movie, si on aime les films où ça se castagne sans arrêt. Pour chaque pour, il y a un contre. Par exemple, les combats sont brouillons mais dans sa majeure partie, les SFX sont plus léchés que ceux des restants films Marvel. De nouveaux héros apparaissent mais on ne prend pas vraiment le temps d’expliquer leur histoire. Malgré tout, grâce à Dwayne Johnson, on a envie de revoir cet anti-héros sur les écrans. Et la scène post-générique annonce du très lourd…

Black Adam – Réalisé par Jaume Collet-Serra avec Dwayne Johnson, Aldis Hodge, Noah Centineo, Pierce Brosnan – Warner Bros Pictures – En salles le mercredi 19 octobre 2022

[Pierre Bisson]
Pierre Bisson

Pierre Bisson en plus d'être l'un des rédacteurs du site comicbox.com est aussi traducteur, lettreur et maquettiste.

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