ARTICLES

Review : Les Gardiens de la Galaxie – Volume 3

Avant de voler vers d’autres cieux avec Superman, James Gunn a tenu à conclure l’histoire de ses Gardiens de la Galaxie. Les héros interstellaires de Marvel ont passé une tête dans Thor : Love and Thunder mais n’en avaient pas fini avec le public. Une très belle conclusion à une trilogie peu ordinaire.

Dire que James Gunn est attendu au tournant est un euphémisme. Non seulement parce qu’il s’agit d’un enjeux financier important pour Marvel Studios avec les récentes contre-performances du troisième volet d’Ant-Man et l’accueil plus que mitigé du dernier Thor, tous deux valeurs sûres de l’écurie de Kevin Feige. Mais aussi parce que la destinée de James Gunn est désormais tournée vers son rôle de superviseur de l’univers cinématographique de DC Comics pour Warner, qui inclut l’écriture et la réalisation du futur Superman Legacy. Soulignons de plus que, pour les enjeux propres aux Gardiens, que c’est la première fois que Marvel referme réellement (au moins en théorie) le livre au terme d’une trilogie. En effet Iron Man et Captain America ont vu leur sort régler ailleurs que dans leurs films solos. Thor, Spider-Man ou même Ant-Man en restent pour l’instant sur des conclusions ouvertes…

Ce troisième volet repose sur les origines de Rocket Raccoon (interprété par Sean Gunn et doublé par Bradley Cooper). Pour des raisons vite étayées, le Maître de l’Évolution (Chukwudi Iwujiveut absolument le retrouver. Entre en scène Adam Warlock (Will Poulter) qui va croiser la route des Gardiens pour mener à bien sa mission. Peter Quill (Chris Pratt) et son équipe feront tout pour sauver Rocket. En cours de route les héros vont faire de leur mieux mais aussi souvent les pires maladresses, sous le regard agacé d’une Gamora qui n’a plus d’affect envers eux.

RETOUR EN GRÂCE

Pour ceux qui l’ignoreraient, le retour des Gardiens sous l’égide des Gunn n’était pas une chose acquise. Revenons un peu en arrière, fort du succès du premier film Gardiens de la Galaxie, Kevin Feige commande immédiatement une suite au réalisateur. Deux ans plus tard, Star-Lord et les Gardiens reviennent dans une « sequel » qui sent un peu le réchauffe mais qui détonne toujours des autres films de super-héros. Nouveau carton au box-office et un troisième volet est lancé. Mais voilà, à l’heure où se trouve dans les réseaux sociaux, de vieux tweets choquants de James Gunn refont surface et il est immédiatement renvoyé par Marvel Studios. Warner l’engage sur le champ pour mettre sur pied une suite à Suicide Squad… une équipe d’anti-héros de DC Comics. La pandémie débarque et le troisième Gardiens est mis en suspens. The Suicide Squad sort en pleine pandémie et si l’argent n’est pas au rendez-vous, les critiques ne sont pas mauvaises et Gunn part étendre son univers à la TV. Finalement, soutenu par ses acteurs, Chris Pratt et Dave Bautista en tête, James Gunn est ré-engagé et nous livre enfin cette ultime aventure. Et cette fois-ci… ce n’est pas du réchauffé. Loin s’en faut.

LE FILM DE LA MATURITÉ

Cette expression parfois désuète s’applique totalement pour ce long-métrage. Avant-tout car les personnages continuent d’évoluer pour aboutir à une version bien différente de celle qu’on avait rencontré en 2013. Plus mature également car Marvel ne vise pas le jeune public avec ce Gardiens vol.3. Oui, Groot (doublé une nouvelle fois par Vin Diesel) est toujours aussi mignon (même dans sa nouvelle version adulte), Drax (Dave Bautista) est toujours aussi benêt et Mantis (Pom Klementieff) toujours aussi délurée. L’humour est bien là aussi. Mais ce n’est pas une blague (potache) toutes les minutes. Non l’atmosphère est souvent lourde, pesante voire morbide dans certaines scènes. La souffrance animale, l’acceptation de la mort et du deuil ou la séparation, tous ces thèmes sont abordés de façon quasi-viscérale par le réalisateur. Si des aliens façon Star Wars peuplent encore la galaxie, certaines créatures issues de ces expériences pourraient bien effrayer les plus jeunes. Côté action, le film propose de belles scènes de combat, à la fois au sol et dans l’espace. Pour des héros « pacifistes », les Gardiens tirent et découpent à tout va, sans se soucier du sort de tous leurs ennemis (sauf dans des moments ou ils se souviennent de leurs principes). Une violence parfois très (trop) graphique pour un film estampillé MCU. Mais pourquoi pas ? En filigrane Gunn revient sur la morale déjà distillée des le premier épisode. Il oppose l’intellect complexe a la franche naïveté, en démontrant en quoi cette dernière a un rôle a jouer.

DU CŒUR À L’OUVRAGE

On ne pourra pas nier que les Gardiens forment une vraie famille à l’écran et en-dehors des plateaux. Et ça se sent durant ces 2h30 en leur compagnie. James Gunn leur écrit un parfait chant du cygne. Comme il l’a dit lui même durant la conférence de presse de dimanche dernier à Paris, Rocket est le cœur de la trilogie des Gardiens. Et il faut reconnaître qu’effectivement le « raton-laveur » est celui qui a le plus évolué sur les trois volets. De flingueurs grincheux dans le volume 1, à papa-poule avec Baby Groot dans la séquelle et enfin… oups, ne spoilons pas !! Si Gunn est souvent accusé de privilégier ses amis, il ne s’en prive pas ici. Une vague de cameos déferlent à l’écran. Mais en entendant son casting parler de lui dimanche dernier, on ne doute pas que certains membres des Gardiens pourraient traverser la rue et atterrir dans l’univers DC.

Tout n’est pas parfait dans ce Gardiens comme un Warlock présent mais souvent atone ou les quelques longueurs nécessaires au vue du nombre de personnages à traiter. Meilleur film du MCU depuis Avengers : Endgame comme le disent les premières critiques ? Oui, assurément. Même si la collaboration Marvel/Sony sur Spider-Man : No Way Home se classe juste au-dessus (mais donc techniquement c’est un Sony). On ne peut que conseiller de profiter des adieux émouvants de cette version des Gardiens de la Galaxie.

Les Gardiens de la Galaxie – Vol.3 – Réalisé par James Gunn, avec Chris Pratt, Zoe Saldaña, Dave Bautista, Karen Gillan, Pom Klementieff, Sean Gunn, Chukwudi Iwuji, Will Poulter et les voix de Vin Diesel (Groot) et Bradley Cooper – En salles le mercredi 3 mai 2023 –

[Pierre Bisson et Xavier Fournier]

Crédits photos : Disney/Marvel Studios

Pierre Bisson

Pierre Bisson en plus d'être l'un des rédacteurs du site comicbox.com est aussi traducteur, lettreur et maquettiste.

Recent Posts

Review : Kraven The Hunter

Il arrive enfin sur les écrans : Kraven le Chasseur ! Non, on blague !…

3 jours ago

Review : Creature Commandos – Saison 1

Avec Creature Commandos, James Gunn inaugure un nouveau chapitre dans l’histoire tumultueuse de DC au…

2 semaines ago

Review : Venom : The Last Dance

Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom :…

2 mois ago

Review : Christopher Reeve, le Superman éternel

Hasard du calendrier, Christopher Reeve fait l'objet de deux documentaires en ce mois d'octobre. Le…

2 mois ago

Review : Super/Man : L’Histoire de Christopher Reeve

Le documentaire Super/Man : L'Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de…

2 mois ago

Marvel Studios’Thunderbolts* : premier trailer

Pour bien commencer la semaine, Marvel Studios nous présentent les premières images de Thunderbolts*, prévu…

3 mois ago