Cela fait longtemps qu’on l’attendait ce dernier épisode de Spider-Man réalisé par Jon Watts. La Covid étant passée par là, la sortie du film a été maintes fois repoussée. Voilà donc plus de deux ans qu’on avait laissé le Tisseur et sa bande dans le MCU. Présenté comme un « Endgame » pour Spidey, No Way Home repose sur le fan service et la nostalgie. Mais est-ce que cela suffit à en faire un bon film ? La review qui suit ne contient pas de spoilers (dans la mesure où vous avez déjà vu les bandes-annonces ou les posters du film).
On avait laissé Peter Parker (Tom Holland) bien mal en point, à la fin de Far From Home. J. Jonah Jameson (JK Simmons), rédacteur en chef de TheDailyBugle.net révélait l’identité secrète de Spider-Man au monde entier, tout en l’accusant du meurtre de Mysterio (Jake Gyllenhaal). L’action reprend juste après cette annonce et Peter doit faire face à la réaction des new-yorkais… et des forces de l’ordre. Heureusement, tête-de-toile a des amis puissants et il décide de s’adresser au Docteur Strange pour effacer son identité au monde entier. Les choses ne se passent pas comme prévu et de nouvelles menaces interdimensionnelles débarquent. Spidey aura besoin de toute l’aide possible pour en venir à bout !
Ce n’est pas un secret de révéler que No Way Home joue beaucoup avec le passé cinématographique de Spider-Man. Pour preuve, les principaux vilains sont issus des Spider-Man de Sam Raimi et des deux Amazing Spider-Man, comme l’ont montré les différentes bandes-annonces. Et pourquoi pas, me direz-vous ? Le MCU a récemment dévoilé le concept du multiverse dans Loki (et reviendra dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness). C’est un bon moyen pour Kevin Feige et ses troupes d’intégrer d’anciens concepts/films/séries TV au sein de leur propre franchise créé il y a plus de dix ans. On retrouve donc avec plaisir Alfred Molina en Doctor Octopus, Willem Dafoe en Bouffon Vert ou encore Jaimie Foxx en Electro. Jon Watts n’a qu’à utiliser ce qui fonctionnait dans les précédentes franchises, sans avoir besoin de faire face à d’éventuelles critiques s’il les avaient réinventés. Malheureusement, le réalisateur continue d’injecter ses codes dans une quête un peu bancale. Ainsi, quasi chaque scène est ponctuée d’une blague (plus ou moins marrante) pour dédramatiser l’ensemble. OK, les films du MCU aiment mêler action et humour, souvent équilibrés selon le film. Et Spider-Man lui-même est connu pour être un plaisantin quand il affronte les méchants dans les comics. Cependant, dans NWH, on perd souvent l’enjeux et les moments épiques retombent vite à cause de cette humour « bon enfant ».
À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’avenir de Spider-Man au cinéma n’est pas encore gravé dans le marbre. Si il y a peu, Amy Pascal, productrice de Sony en charge de la franchise, affirmait qu’une nouvelle trilogie avec Tom Holland était prévue, on apprend que rien n’est défini et que No Way Home sera un bon moyen de sonder le public. Et s’il y a bien une chose qu’on ne peut réfuter dans NWH, c’est que Tom Holland est une très bonne incarnation de Peter Parker, différent de ses prédécesseurs Tobey Maguire et Andrew Garfield. L’acteur a grandi avec la franchise. Dans ce film, on n’a aucun mal à croire que Peter vient de terminer le lycée et va s’envoler vers la fac. Émotionnellement, l’acteur est le plus crédible à l’écran. Face à lui, Willem Dafoe par exemple cabotine ou Jaimie Foxx n’est pas meilleur que dans une pub pour une célèbre marque de PC (à noter quand même que le personnage d’Electro est bien réhabilité). Alfred Molina reste un Octopus crédible et menaçant. On aimerait le revoir dans le rôle… Benedict Cumberbatch montre également une nouvelle fois qu’il est parfait pour le rôle de Stephen Strange et on a hâte de le revoir dans la suite de Doctor Strange. D’ailleurs, on n’avait jamais vu autant de personnages costumés créés par Stan Lee et Steve Ditko réunis au grand écran dans un seul film !
Difficile d’écrire cette review sans tomber dans les spoilers… mais on va s’y tenir ! On en parlait plus haut, le ton toujours léger de No Way Home enlève quelques enjeux dramatiques, nécessaire à captiver l’attention du spectateur. Cependant, tout n’est pas que rigolade et le Tisseur embarque dans un ascenseur émotionnel tout au long de ses presque deux heures et demie. Et il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec la récente relance de la franchise Ghostbusters tant il s’agissait, là aussi, de chercher à satisfaire deux générations de public en utilisant des personnages venus de la vague précédente de films. Et forcément, le registre de la nostagie et les besoins de faire avancer une intrigue contemporaine font que, parfois, on a la sensation d’un grand écart qui, certes, coche un certain nombre de bonnes cases mais tout en laissant par endroits l’impression que tout n’est pas forcément maitrisé. Se voulant comme la fin d’une trilogie, NWH essaie de combler certains manques à la mythologie du héros. Mais, il loupe parfois le coche avec des choses évidentes. Par exemple, le mantra de Spidey « à grands pouvoirs, grandes responsabilités » tombe comme un cheveu sur la soupe au beau milieu du film… Sans vraiment d’explication, alors qu’il aurait si facile de le rattacher à une figure mythique du monde de Peter (même si par la suite, on tente de le justifier). Les clins d’oeil aux fans sont légion. S’adressant aux aficionados de Marvel, ces moments « WOW » parleront aux plus anciens mais pas forcément aux plus jeunes. Même si la vue de certaines scènes mettront des étoiles dans les yeux de tous.
Devons-nous bouder notre plaisir un nouvel opus de Spider-Man ? Non, certainement pas. Ni une totale réussite, ni un gâchis complet, No Way Home a le mérite de conclure biens des intrigues laissées en suspens ou mal gérées par le passé. La trilogie de Jon Watts et Tom Holland aura permis au public de voir le héros grandir et murir, pour finalement, donner un Spider-Man plus en phase avec sa version de papier. Tout comme One More Day, une saga très controversée des comics Spider-Man, tout n’est pas à mettre à la poubelle. Cela permet de redéfinir le héros pour de futures aventures… que l’on espère plus adultes avec (seulement) une pointe d’humour, comme peuvent l’être parfois nos histoires préférées de Spidey.
Spider-Man: No Way Home – Réalisé par Jon Watts – Avec Tom Holland, Zendaya, , Jacob Batalon, Benedict Cumberbatch, Marisa Tomei, Jaimie Foxx, Alfred Molina, Willem Dafoe et J.K. Simmons. Sony Pictures Entertainment/Marvel Studios – Sortie au cinéma le 15 décembre 2021
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