Review : The Flash
9 juin 2023À quelques heures de sa première projection en France, il est temps de vous donner notre avis sur The Flash, le nouveau long-métrage DC, qui a connu pas mal de rebondissements avant d’arriver sur les écrans.
Nous avons eu l’occasion de découvrir mercredi dernier The Flash, réalisé par Andy Muschietti (Ça, partie 1 et 2). Voilà presque dix ans que Ezra Miller a été casté pour interpréter Barry Allen, alias Flash, le bolide des comics DC. Apparu dans le rôle dans Batman v Superman, puis Justice League (version cinéma et Snyder’s Cut), Barry Allen a enfin le droit à sa propre aventure, inspirée de l’un des événements majeurs des comics : Flashpoint. Sans trop en révéler, Barry est un super-héros depuis quelques années. Avec l’aide des ses collègues de la Justice League, il est devenu un héros à part entière et maîtrise bien mieux ses pouvoirs. Son enfance a été marqué par un drame : le meurtre de sa mère, Nora, et son père, Henry, a été accusé. Barry, devenu scientifique pour la police, aimerait résoudre cette affaire terrible et libérer son père. Et s’il arrivait même à empêcher la mort de sa mère ? Flash décide de remonter le temps grâce à sa super-vitesse mais se retrouve coincé dans le passé… bien différent du sien. Il va devoir demander l’aide de Batman (Michael Keaton) s’il veut arrêter le Général Zod (Michael Shannon) qui vient de débarquer sur Terre.
Dire qu’on n’y croyait plus est un euphémisme… Cela fait des années que The Flash est en gestation et a bien failli ne pas voir le jour. En octobre 2014, juste après des scores d’audiences astronomiques des premiers épisodes de la série TV The Flash sur la CW, Warner annonce qu’un autre acteur se glissera dans le double rôle de Barry Allen/Flash dans un film éponyme prévu pour 2018 (ce qui n’était très classe pour Grant Gustin, l’interprète de Barry dans le show TV). Entre temps, on croise le personnage dans Batman v Superman (lors d’un cameo) et ensuite dans Justice League. Dans ce dernier, il est le plus jeune membre du groupe et apparaît comme un adolescent surexcité… et devient vite agaçant. On se demande donc ce que donnera un film avec un tel personnage. Après pas moins de six changements de réalisateurs et de nombreux scénaristes à s’être succédés sur le script (sur presque dix ans), on a enfin la réponse. Andy Muschietti et Christina Hodson (scénariste de Birds of Prey et Bumblebee) ont réussi le pari de faire de Barry un héros intéressant et sympathique. Dans cette aventure, largement inspirée de Flashpoint, saga de Geoff Johns et Andy Kubert parue en 2011, Barry décide donc de remonter le temps pour réparer la tragédie de son enfance. Mais comme il est souvent dit dans les films, il n’est pas bon de modifier son destin ! Il se retrouve donc coincé en 2013, enfin une variation de 2013.
Car l’un des atouts marketing avancé par Warner, c’est que les spectateurs retrouveront Batman. Enfin les Batmen. On commence avec Ben Affleck, dans la continuité du Zack Snyder’s Justice League, qui enfile à nouveau le costume pour une scène d’introduction tonitruante. Mais après les modifications apportées par Barry, il est remplacé par Michael Keaton ! Tente ans après Batman Returns, l’acteur reprend le rôle qui lui a assuré une notoriété éternelle. Batmobile, Batwing, batcave et thème musical de Danny Elfman, tout est là pour jouer la carte de la nostalgie. Et si ça fonctionne dans un premier temps, les défauts du film viennent vite plomber le spectacle.
Si au départ, on se laisse embarquer par la réalisation de Muschietti et l’interprétation de Miller, The Flash est vite rattrapé par les défaut inhérents à la plupart des récents blockbusters de super-héros. La première partie du long-métrage nous présente de manière habile Barry et son univers. Une scène d’action drôle et bien chorégraphie nous montre l’étendue des pouvoirs du héros (et ses limites, notamment ses problèmes de calories). Si certains diront qu’ils ont pillé Quicksilver dans X-Men : Days of Future Past, ce n’est pas totalement ça. Mais entre bolides, il est normal de retrouver des similitudes dans la mise en scène des pouvoirs. Ensuite, le scénario nous plonge dans un conflit temporel à la Retour vers le Futur (qui est bien sûr évoqué par les personnages). Quiproquos, humour décalé et de l’action, on suit sans problème les 2 Barry et Batman dans leur pérégrination. Malheureusement, quand vient le « dernier acte », à savoir l’immuable scène de combat géante, on décroche. Déjà, parce qu’on retrouve pas mal d’éléments qu’on a déjà dû endurer dans Man of Steel de Snyder où Zod essaie de terraformer la Terre avec son armée kryptonienne. Et surtout parce que les effets spéciaux sont loin de la qualité qu’on attendait après un si long développement. Comprenez qu’entre les reports dus au Covid, aux nouvelles scènes tournées et autres, on s’attendait à voir un film aux VFX super aboutis et qui nous immergeraient sans souci dans l’action. Alors que dans ce final, tout semble bâclé. À tel point qu’on s’est demandé à un moment si Michael Shannon et Antje Traue (respectivement Zod et Faora) avaient vraiment repris leurs rôles, tant leurs visages derrière leur visière kryptonienne semblent incrustés sur un corps numérique.
Et c’est dommage car du coup, on ne retient que ces défauts et on en oublie presque l’excellent prestation d’Ezra Miller durant ses (environ) deux heures trente de film. Pour ceux qui l’ignorerait, Miller est au coeur de plusieurs scandales et se fait soigner pour ses troubles psychologiques actuellement. Si on décide de se concentrer sur son oeuvre et non sur ses problèmes publiques, on se doit de souligner son interprétation juste que ce soit en Barry du présent ou Barry du passé. Les deux rôles sont distincts. À tel point que le scénario fait vite évoluer le Barry du présent pour le rendre moins « enfantin » que dans Justice League. Que ce soit pour provoquer un rire ou tirer une larme aux spectateurs, Miller fait mouche à chaque fois. À ses côtés, Michael Keaton retrouve sans souci son Bruce Wayne de 1992. Seule Sasha Calle déçoit un peu, non parce qu’elle n’est pas faite pour le rôle mais parce que ce dernier n’est pas si développé et on a presque l’impression d’avoir tout vu dans les divers spots TV et bande-annonces. Mais après tout, on vient voir un film sur Flash. Et de côté-là, on ne reste pas sur sa faim car le personnage est presque de toutes les scènes.
Est-ce le meilleur film DC, comme l’ont affirmé les premières critiques ? Non, on en est loin. Mais après tous les soucis de développement, on est surpris de voir un film qui ne s’en sort pas trop mal. Après les flops consécutifs de Black Adam et Shazam 2, et avant le reboot du DCEU par James Gunn et Peter Safran en 2025 avec Superman Legacy, on pourrait se demander s’il faut courir voir le film (oui, désolé pour le mauvais jeu de mots) ? En tout cas, il mérite d’être vu. Face à Spider-Man : Across the Spiderverse, qui parle aussi de mondes parallèles (actuellement en salles), il fait pâle figure. Après là où l’un est de l’animation où tout (ou presque) est permis visuellement, l’autre doit composer avec la limite des effets spéciaux. Dommage car côté scénario et jeux d’acteurs, ça fonctionne. DC et Warner s’amusent aussi avec les « easters eggs » pour les fans hardcore des comics et des films DC. Si certains sont le bienvenu, comme la description du fonctionnement du costume dans la bague de Flash (qui sort tout droit des comics des années 1960), d’autres sont plus des gros délires en mode « on n’a plus rien à perdre », d’ailleurs, le grand public se demandera parfois ce qu’il se passe… Face à la concurrence des blockbusters estivaux et avec un marketing où la star est peu mis en avant, The Flash va devoir jouer des coudes pour cartonner au box-office. En tout cas, Warner se laisse l’opportunité de ramener le héros si le succès est au rendez-vous !
[Pierre Bisson]The Flash – Réalisé par Andy Muschietti – Avec Ezra Miller, Michael Keaton, Sasha Calle, Kiersey Clemons, Ben Affleck – En salles le mercredi 14 juin – Warner Bros
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