Review: The Suicide Squad
26 juillet 2021Alors que les salles de cinéma sortent pléthore de films cet été, pour rattraper l’année 2020 perdue, The Suicide Squad tente de se différencier des autres blockbusters. Estampillé comme un film de super-héros, le long-métrage ne met pas en scène des justiciers mais des super-vilains obligés de travailler pour le Gouvernement. Dans cette suite (qui ne fait jamais référence au précédent volet), on retrouve quelques têtes connues et des petits nouveaux ! Action, violence et humour au vitriol, une aventure unique à découvrir.
ON PREND LES MÊMES…
Pour ceux qui ne connaîtraient pas la Suicide Squad, créée dans les comics par John Ostrander, voici un petit topo. Amanda Waller (Viola Davis) est l’une des responsable d’A.R.G.U.S., agence gouvernementale secrète qui s’occupe des dossiers impliquant des métahumains. Pour des missions spéciales, elle « recrute » des super-vilains qui sont obligés de bosser pour elle, sinon elle leur explose la tête. En échange, les criminels voient leur peine réduite de plusieurs années. La mission du jour : détruire une arme de destruction massive détenue par le gouvernement de Corto Maltese. Mais est-ce vraiment la raison de leur mission ? Qui survivra pour se voir offrir un peu de liberté ?
En 2016, DC Comics sort deux films radicalement différents : Batman v Superman et Suicide Squad. Si le premier est sombre, le second se veut plus léger même s’il mise beaucoup sur la violence et les combats. Le premier fait une contre-performance, le second dépasse les attentes. Mais les deux sont descendus par les critiques. Le succès au box-office donne malgré tout envie à Warner de lancer plusieurs suites mettant en scène les vilains du groupe. Les différents remaniements et le non succès au box-office de la Justice League font que certains projets annoncés en grande pompe, comme un Suicide Squad 2 ou encore un film sur le Joker et Harley Quinn sont laissés en suspens. Presque cinq ans plus tard (et un spin-off consacré à Harley Quinn), la Suicide Squad a bien le droit à une « suite » avec la plupart du casting laissé de côté et un nouveau réalisateur.
DES GARDIENS AUX VAURIENS
Le réalisateur n’est autre que James Gunn, qui a déjà officié à la concurrence (Marvel/Disney) avec les deux premiers opus des Gardiens de la Galaxie. Suite à une affaire d’anciens tweets controversés, la firme aux grandes oreilles le licencient alors qu’il planche sur le troisième GOTG. Warner et DC voient une opportunité et l’embauche pour relancer la Suicide Squad (depuis Gunn a été réembauché et travaillé à nouveau sur GOGTG3). Contrairement à David Ayer, réalisateur du film de 2016 qui a vu sa créativité bridée par les responsables de Warner (les fans réclament d’ailleurs la Ayer’s cut plus sombre et plus abouti), James Gunn à toute liberté pour faire son film. Le concept reste néanmoins le même puisqu’il emprunte aux comics éponyme parus ces quarante dernières années. Gunn utilise des têtes connues pour faire le lien avec le précédent opus. Ainsi Viola Davis revient en Amanda Walker toujours aussi impitoyable, Margot Robbie revêt à nouveau le maquillage d’Harley Quinn, Joel Kinnaman enfile la tenue de Rock Flag et Jay Courtney arbore fièrement la dent en or de Captain Boomerang. Les autres membres sont des seconds couteaux des comics DC qui risquent de devenir les chouchous des spectateurs.
« JE SUIS UN SUPER-HÉROS »
Will Smith n’ayant pu rempiler, c’est Idris Elba qui le remplace en tête d’affiche. Il n’est pas Deadshot recasté mais Boodsport. Néanmoins les deux personnages présentent de sacrés similitudes : mercenaire, tireur d’élite et tous les deux acceptent le marché de Waller pour protéger leur fille. Malgré tout, on voit vite la différence de caractère des deux vilains même si le chemin de la redemption est l’un des leitmotivs du film. Le reste de l’équipe est constitué de personnages tout aussi intéressants les uns que les autres. On retient surtout Polka-Dot Man (David Datsmalchian) est un psychopathe qui fantasme sur sa mère et envoie des pastilles multicolores explosives, King Shark (Sylvester Stallone) est un requin humanoïde qui a des pulsions de cannibalisme, Ratcatcher 2 (Daniela Melchior) est une jeune fille introvertie qui contrôle les rats et Peacemaker (John Cena) est un genre de Captain America prêt à tout pour faire respecter la paix (et qui aura le droit à sa propre série sur HBO Max en 2022). Et il y en a plein d’autres à découvrir. Si on peut penser que ça fait beaucoup de monde pour un film de deux heures, l’ensemble est bien équilibré. James Gunn l’avait prouvé avec les Gardiens : il sait accorder du temps aux membres d’un groupe, sans pour autant ralentir le rythme.
200 À L’HEURE
The Suicide Squad est un film qui captive et ne laisse pas le temps de s’ennuyer. Ça fait bien longtemps qu’on film de comics n’avait pas tenté d’en faire trop. Le réalisateur mise sur des scènes d’action efficaces. L’humour est omniprésent, que ce soit dans les dialogues ou dans les scènes de combat à la violence démesurée. Ça gicle, ça explose, ça tire dans tous les coins, mais on n’est pas perdu une minute et on suit clairement tout ce qu’il se passe. James Gunn ponctue le film de musiques des années 70/80, sa marque de fabrique déjà utilisé dans les Gardiens. Du coup, même si la surprise est moindre, on a au moins l’impression d’être en terrain connu. Si Marvel a atteint un cap avec Avengers: Endgame, qui était le point d’orgue à une décennie de films, DC Comics et Warner n’ont rien construit qui risque de mettre en péril leur stratégie cinématographique. The Suicide Squad, et James Gunn par extension, n’a donc rien à perdre. Ça se ressent tout au long de l’aventure qu’il propose aux spectateurs. Pas besoin de connaître l’histoire des comics (ou des dizaines de films) sur le bout des doigts pour comprendre les enjeux. En fait, l’aspect super-héros/super-vilains n’est qu’un prétexte car le film fonctionnerait tout autant si les protagonistes étaient de simples humains (d’ailleurs Harley ou Bloodsport le sont). C’est donc un bon film « pop corn », sans prétention aucune, qui est là pour divertir ! À déconseiller à un jeune public par contre.
The Suicide Squad – Réalisé par James Gunn avec Margot Robbie, John Cena, Idris Elba, David Daltsmalchian, Sylver Stallone, Daniela Melchior et Joel Kinnaman – Sortie en salles le 28 juillet 2021 – Warner Bros Entertainment
J’aime assez l’idée de voir des personnages dits de « seconde zone » réussir au box-office là où les « gros calibres » de DC ont échoué.
Mon côté « revanche sociale », sans doute ^^.
Lorsque Darkseid pointera enfin le bout de son nez dans le DCEU, envoyez plutôt la Suicide Squad ! (où Shazam.)