Mercredi prochain sortira Venom, premier film du “Spider-Verse” de Sony… sans Spider-Man. Mais même le Tisseur n’aurait pu sauver ce long-métrage sans vraie direction et qui n’évite pas les clichés pendant un peu moins de deux heures.
Avec Avi Arad à la production et Ruben Fleisher à la réalisation, c’était l’occasion pour Sony de réhabiliter le personnage de Venom, après un second rôle médiocre dans Spider-Man 3 de Sam Raimi. On retrouve Eddie Brock (Tom Hardy), installé à présent à San Francisco (son passé de new-yorkais est brièvement évoqué), chroniqueur média a la Edwy Plenel. Habitué à dénoncer les choses, il se voit contraint de la jouer profil bas pour interviewer Carlton Drake (Riz Ahmed), une sorte de Elon Musk, convaincu que la conquête spatiale sauvera la planète. Malheureusement, Eddie n’en faisant qu’à sa tête, frappe là où ça dérange et évoque d’étranges expériences mortelles au sein de la Life Foundation. Cette bourde lui coûte son boulot et aussi celui de sa fiancée, Ann (Michelle Williams), avocate de la Life Foundation. Les mois passent et Eddie a du mal à joindre les deux bouts. Il saute donc sur l’occasion de prouver ses dires en entrant en douce dans les labos. Il va y trouver un symbiote extraterrestre qui se greffe au malheureux. Ils deviennent Venom et vont tenter de sauver l’humanité.
C’est ainsi que le symbiote décrit la situation d’Eddie et la sienne. D’où le mariage parfait entre les deux êtres. Ici pas de haine commune envers un certain Tisseur de toile, même si les origines d’Eddie et du symbiote se permettent le « name dropping » d’éléments des comics. Tom Hardy incarne Eddie Brock/Venom. L’acteur a la lourde tâche de jouer un homme qui a l’impression de devenir fou lorsqu’il entend une voix dans sa tête et d’accepter finalement d’être possédé par un alien. Les nouvelles origines de Venom n’incluant pas Spider-Man, Eddie doit, comme le spectateur, apprendre à connaître son parasite. Un élément intéressant au départ puisque même dans les comics, il est rarement évoqué les premiers instants de fusion entre Eddie et le symbiote (on pense à quelques pages dans Venom: Dark origins, notamment). On a toujours eu l’impression que l’ex-journaliste n’avait eu aucun mal à accepter la présence d’un être vivant dans sa tête. Ici, Eddie doute, se fait littéralement contrôler par Venom (oui, c’est le nom du symbiote dans le film). Accepteriez-vous si facilement ce qui lui arrive ? Tom Hardy s’en sort pas trop mal à jouer ce côté Jekyll et Hyde. Mais, dans quelques scènes (surtout celle du restaurant), il en fait un peu trop. C’est dommage car visuellement, Venom est réussi. On est loin du Spider-Man sombre et maigrichon de SM3. Venom est grand, féroce et avec un visage expressif en images de synthèse très réussi.
L’un des gros défauts de Venom, c’est le ton choisi par le réalisateur… ou plutôt le manque de style franc. On l’évoquait, les situations de conflits entre Eddie et le symbiote amènent quelques moments curieux. On ne sait pas si le rire est voulu ou nerveux. Venom ne va jamais dans le délire corrosif d’un Deadpool. Ok, c’est violent mais à part quelques os qui craquent, rien de bien effrayant. Le héros dévore certains ennemis mais c’est toujours hors-caméra. Certes, on dira que le film est interdit aux moins de 12 ans et non 18 comme Deadpool ou encore Logan (pour évoquer des héros borderline). Mais même un changement de classification n’aurait pas sauvé ce manque de parti pris. Et même si dans les productions Marvel Studios, l’humour a pu en rebuter plus d’un, il est souvent compenser par des moments de bravoures réussis. Ici, même l’action est brouillon. Le combat final est inefficace car Venom souffre du syndrome : “mon ennemi, c’est moi en plus méchant” (qu’on retrouve dans le premier Iron Man ou Ant-Man). Et quand on voit ce que Sony suggère pour une éventuelle suite, ce n’est guère mieux…
Car l’intention de Sony, c’est bien de construire un univers autour des personnages annexes de Spider-Man sans pouvoir l’utiliser (pour le moment du moins). À cet effet, deux scènes post-génériques annoncent la couleur. La première est prévisible mais, encore une fois, fait un peu cheap. Affubler un acteur bankable d’une perruque n’en fait pas un personnage réussi. Il est trop pour juger (avec 30 secondes d’apparition) mais on doute de le voir un jour plus développé dans une suite qui semble compromise. La scène finale (a la toute fin du générique) est par contre très encourageante pour le prochain film estampillée Sony/Spider-Man à sortir en décembre prochain. De quoi mettre vous faire saliver…
Venom a du mal à convaincre. Si les fans des comics pourront y trouver un petit quelque chose, les autres n’adhéreront pas à l’ambiance générale du long-métrage. En retard par rapport aux autres productions de super-héros, on a l’impression de voir un film d’action des années 1990. Dommage car au vue du casting et du design du personnage, il y avait de quoi faire.
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