Le dessinateur Steve Dillon s’est éteint cette semaine, à l’âge de 54 ans, des suites d’une longue maladie. Connu pour ses participations à des séries comme Hellblazer, Punisher ou Preacher, sa carrière s’étend sur quatre décennies, passées à travailler pour des éditeurs anglais ou américain. Parti trop tôt, l’homme derrière l’artiste était également apprécié pour ses valeurs humaines dans le milieu des comics. L’émotion causé par sa disparition est énorme.
Après avoir dessiné quelques pages de comics dans le cadre de fanzines d’écoles, Steve Dillon décroche sa première commande professionnelle en 1979. Elle est d’une certaine manière prophétique puisqu’il s’agit d’une histoire pour Hulk Comic, revue éditée par la branche anglaise de Marvel Comics. Dillon, en effet, se construira dans les années suivantes une carrière des deux côtés de l’Atlantique. 1979 ? Il n’est même pas majeur, il a 16 ans à peine. Malgré ce jeune âge, Dillon va se retrouver à dessiner dans les périodiques anglais de BD qui « bougent » à l’époque, c’est à dire principalement Doctor Who Weekly, 2000 AD (dans lequel il dessine aussi bien Judge Dredd, les Ro-Busters, Rogue Trooper, ABC Warriors ou encore Ro-Jaws’ Robo Tales: Final Solution, avec le scénariste Alan Moore…) ou encore Warrior (on le retrouve sur Laser Eraser and Pressbutton mais aussi sur un épisode de Marvelman, plus connu sous le titre de Miracleman).
Après avoir encré le travail du dessinateur Brett Ewins sur la minisérie post-apocalyptique Skreemer (scénarisée par Pete Milligan), Steve Dillon se voit donc confié de nombreux épisodes d’Animal Man, d’abord écrits par Pete Milligan puis par Tom Veitch. Une autre série a besoin d’une touche british à l’époque : Hellblazer, donc Dillon va dessiner quelques arcs. En une décennie de temps, il installe la « touche Dillon » : des personnages toujours dessinés de manière impeccable, « propre » et détaillée… qui contrastent en général avec le côté absolument destroy de ce qui se passe dans les histoires. Et c’est un ressort particulièrement efficace, un vrai contraste qui fait que la moindre tache de sang prend des proportions encore plus terribles. Passé ce qui restera longtemps sa seule percée dans le domaine des super-héros (un numéro spécial d’Atom, en 1993), Dillon est maintenant près pour l’oeuvre qui va l’imposer auprès d’au moins une génération de lecteurs…
Le tandem Garth Ennis/Steve Dillon étant à l’évidence efficace, il se reforme instantanément pour reprendre, chez Marvel, le personnage du Punisher, alors à la dérive. Ils le réparent, lui redonnent une direction à travers une maxisérie publiée dans le label Marvel Knights. Le succès est tel qu’on leur demande de reprendre le personnage, cette fois pour une série illimitée dans Dillon dessinera un peu plus des deux premières années. Là aussi, le contraste est total. Ennis écrit le Punisher comme une sorte de Will le Coyote. Dillon lui donne une sorte de colère froide, interne. Arrivé chez Marvel US, Dillon va retoucher aux super-héros, à travers des projets comme Supreme Power: Nighthawk et surtout Wolverine: Origins, qu’il va dessiner pendant deux ans. En 2009, il revient vers le Punisher, d’abord à travers Punisher War Zone (à nouveau avec Garth Ennis) puis dans le contexte d’une nouvelle série illimitée, PunisherMAX (avec cette fois Jason Aaron) qu’il dessine pendant presque deux ans. On avait pu voir encore très récemment le travail de Steve Dillon sur la relance du Punisher écrite par Becky Cloonan et dans une saga de la série Scarlet Witch, en collaboration avec James Robinson.
La loi des séries est ainsi faite que, dans une année déjà marquée par la disparition de nombreux artistes-icones de la culture populaire, dont plusieurs auteurs de comics (Jack Davis, Darwyn Cooke…) c’est maintenant Steve Dillon qui est emporté, assurément trop tôt…
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