Supergirl S03E10
16 janvier 2018Supergirl ayant connue une douloureuse défaite, elle est plongée dans un coma profond. Il ne reste plus personne pour arrêter la terrible Reign. A moins que Mon-El et ses alliés, parmi lesquels Brainiac 5, s’en mêlent. Malheureusement, ils ont une autre mission. Aider Kara reviendrait à condamner le futur. On parle dans cet épisode d’une « Légion des Super-Héros littérale » mais en parler et le montrer sont deux choses différentes.
« Can I Help You ? »
Tandis que Supergirl est inconsciente, comme enfermée dans son esprit, son ennemie Reign, sorte de Kryptonienne radicale, s’attaque à tous ceux qui ne respectent pas son idée de la moralité. C’est à dire non seulement les « coupables » mais aussi ceux qu’elle juge trop laxistes, trop tolérant. La jeune femme se livre à une suite d’exécutions sommaires. Pendant ce temps la disparition de Kara ne passe pas inaperçue. Sa sœur, Jimmy Olsen et le Martian Manhunter redoublent donc d’efforts pour la « couvrir », ce qui occasionne une scène plutôt drôle face à Lena Luthor. Profitez-en bien car c’est à peu près la seule tentative de faire de l’esprit ou un peu de second degré dans un épisode peu impressionnant en termes de réalisation. Avec l’idée du « piégé dans le rêve », certains ont fait Inception ou, si l’on doit s’en tenir à la TV, la série Legion et ses délires sur le plan astral. Le monde « rêvé » de Kara est d’une platitude sans nom, se contentant d’employer le décor habituel de la série. Tout au plus les lecteurs anciens tendront l’oreille à la mention d’un ami d’enfance de l’héroïne. Pour le reste, on est quand même grandement à l’image d’un Brainiac 5 qui vient taper à la porte (virtuelle) de Supergirl. Le Brainiac 5 des comics, c’est un peu un prédécesseur de Reed Richards et de Metron. C’est aussi le descendant d’un des pires adversaires de Superman, Brainiac tout court. Toute une lignée reconnaissable à sa peau verte. Quelqu’un a jugé que vert ce n’était pas bon (sans doute, on l’imagine, pour le distinguer du Manhunter). Le voici donc bleu… Et ce n’est pas qu’une question de couleur. Avec ses allures « fruit des amours contre-nature d’Emmett Brown et de la Schtroumpfette », ce Brainiac là passe grandement à côté du sujet. Et il ne suffit pas de voir les choses comme un lecteur de longue date qui ne verrait pas « son » Brainiac. Ce n’est pas que les personnages ne sont pas respectés à la lettre. C’est qu’ils en imposent peu dans l’esprit…
« A litteral Legion of super-heroes… »
La Legion of Super-Heroes n’est pas n’importe quel groupe dans la cosmogonie de DC Comics. Non seulement c’est un vivier inépuisable de personnages, une armée où chaque légionnaire a un pouvoir différent… mais le groupe se caractérise par sa tendance à voyager à travers les époques pour rendre visite aux habitants du XXI° siècle. En théorie, on pourrait croire à un véritable atout pour le Berlantiverse de CW. La Légion peut voyager partout et tout le temps. En théorie voici des personnages qui pourraient se montrer très utiles lors d’un prochain crossover façon « Crisis on Earth X » ou pour se mesurer, pourquoi pas, aux Legends of Tomorrow. Dans les faits, c’est un toute autre exercice qui est déployé. Producteurs et scénaristes semblent surtout intéressés par le fait que Mon-El ait refait sa vie. On peut comprendre le ressort romantique de la chose. Hélas tout le reste s’éclipse derrière cet impératif et la Legion of Super-Heroes semble plus être une sorte de chair à canon pas forcément bien étudiée ou pensée. Ainsi Imra Ardeen/Saturn Girl, nouvelle dulcinée de Mon-El est l’une des télépathes (blonde) les plus classiques des comics. Ici, on préfère en faire surtout une télékinésiste (qui bouge, donc, les objets par la pensée) brune. Si bien que lorsque Supergirl tombe dans un coma profond et une sorte de rêve artificiel, Saturn Girl n’est pas d’une grande utilité. Que faire ? Voyons tout simplement aller puiser dans la BD le Légionnaire le plus intelligent de l’équipe, Brainiac 5 et décider d’en faire une sorte d’explorateur télépathique… A partir de là, avec sa perruque argentée et son maquillage peu convaincant, Jesse Rath joue l’analytique Brainiac 5 avec un jeu assez similaire au Flash du film Justice League, façon « je me fige sans raison pour regarder les mouches qui passent ». Le scientifique antérieur à Reed Richards est renvoyé au rang de personnage secondaire d’un Big Bang Theory. Dommage, occasion loupée… on est un peu dans le même registre que l’introduction manquée du Red Tornado dans la première saison. Mais ce n’est pas tout…
« We’re on a mission… »
Supergirl est un peu aux abonnés absents pendant une grande partie de l’épisode. On la voit surtout comme Kara, tentant de se démener dans son « espace mental ». La chose permet de dégager de la place pour que les autres puissent avoir, en théorie, leur « moment » face à Reign. C’est le cas pour sa sœur et le Manhunter, dans une scène qui se passe dans une banque. Leur plan à l’avantage d’être courageux et ambitieux. Une humaine qui tente de s’en prendre à Reign, c’est une touche d’héroïsme. Pendant ce temps, la Légion va passer l’essentiel de l’épisode à se dire qu’elle ne devrait pas intervenir et à regarder les choses passer. Tout cela avant que finalement (qui en doutait) les trois êtres du futur remettent leur bague « L » et décide de passer à l’action. Enfin une action « petit bras », assez mal réalisée. Saturn Girl et Mon-El plantés dans les airs derrière un vaisseau grotesque, le tout pour être rapidement neutralisé… Ça ne le fait pas trop et on se dit qu’au final ils ne sont pas pour grand-chose dans la victoire. Ils sont plus « sauvés » que « sauveurs ». Normal, en un sens. C’est la série de Supergirl et pas de la Legion. Mais la ruse avec laquelle Reign est mise en déroute pouvait tout aussi bien fonctionner avec le Manhunter, vu ce qu’il a fait dans le même épisode. Le manque de cadrage, de parti pris visuel, n’aide en rien. A la fin, ce n’est pas spoiler de dire que, d’une façon ou d’une autre, Supergirl gagne. Mais elle y perd aussi, en un sens, puisque la Legion passe pour des alliés tout à fait dispensables. On reverra sans doute Mon-El et Saturn Girl à l’occasion, histoire de bien jouer sur le triangle amoureux. Mais tout le reste n’est guère prometteur. C’est d’un mou… Et quand bien même Brainiac serait vert, cela ne sauverait pas les choses.
[Xavier Fournier]