Le p’tit gars Filippu Angrocca, un rien glandouilleur, assure d’un œil très distant la sécurité sur le tarmac de l’aérodrome de Comicswood. Il est gentiment en train d’uriner sur le macadam quand tout à coup, un éclair d’énergie cosmique s’approche méchamment et menace de s’abattre sur sa personne. Dans sa fuite, la traînée jaune qu’il laisse derrière lui précipite malheureusement les choses, et par effet de conduction, la foudre frappe le garçon. Au même moment, à l’autre bout de l’espace, un tribunal intergalactique somme l’alien Blogx, truand à la petite semaine, de partir à la recherche de la seringue de vitamines énergétiques qu’il a égarée. Un sérum extraterrestre qui se trouve être directement à l’origine du phénomène cosmique survenu à Comicswood…
Sur Terre, lorsqu’il rentre chez lui baignant dans son urine, les baskets trouées, Filippu est accueilli tièdement par sa belle bimbo Fiona. A cet instant, c’en est trop pour la coureuse de castings. Elle le quitte, condamnant ainsi notre pauvre Fil’ à une reconquête impossible. Pour attirer l’attention de sa douce, désormais doté de pouvoirs surnaturels, celui que l’on nomme « La Traînée jaune » devra combattre le diabolique robot-crocodile Toto, ou encore le docteur Cyrus Cyber, aka « La Traînée Marron », sorte de négatif maléfique…
La séquence de la création du costume est devenue un passage obligé pour toute origine de super-héros : Lisandru Ristorcelli s’en amuse et joue le truc à fond. De la colle, des agrafes pour un costume littéralement bricolé… En plus ironique, avec du second degré, la scène nous rappelle la série « Ravage 2099 », qui mettait en scène un héros cadre-sup devenu SDF… C’est drôle et à l’image de l’ensemble de ces 70 pages. L’ambiance « poète-poète » nous arrache de bout en bout une sorte de rire adolescent, presque animal. Côté dialogues, on a aimé les tirades puissantes telles que : « Dans l’espace infini, on n’entend pas une mouche péter… » ou encore « Cap’tain : C’est une alerte ! Nos radars indiquent qu’une traînée jaune non-identifiée nous fonce droit dessus ! »
A l’image des « cameos » de la Vision et de Machine Man en toute fin de volume, la BD est éminemment référentielle et comporte une grande quantité de clins d’œil adressés directement aux fans de super-héros. Aux habitués des splash-pages américaines, Lisandru Ristorcelli propose une scène complètement incompréhensible : « NB : L’action se déroule à ultra vitesse, ce qui explique le désordre sur ces pages. Merci de nous en excuser. » Artistiquement, la copie est excellente, et renforce tout le bien qu’on peut penser de cette grosse blague potache. Dans le troisième épisode, le passage vers une dimension parallèle permet même à l’auteur de nous offrir quelques 6 pages en couleurs qui renvoient directement au style de Mike Allred. Franchement classe.
« La Traînée Jaune de Comicswood », par Lisandru Ristorcelli (scénario et dessin), Scutella Editions, octobre 2010, 70 p.
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