La couverture de Luther Strode laisse présager d’un contenu qui évoque peut être à priori l’ambiance d’un Dexter. Il s’agit d’un jeune homme au look assez passe partout et au regard plutôt inquiétant. Il porte un t-shirt maculé de sang et remonte ses lunettes sur son nez avec un avant-bras dans le même état… Il n’en faut pas moins pour piquer au vif notre curiosité. S’agit-il du l’histoire de gendre idéal en mode sérial killer ? La série a de surcroit un nom énigmatique. Elle est centrée sur un lycéen à l’histoire familiale compliquée et au physique fluet dénommé Luther Strode. Vous y voyez une ressemblance formelle avec Peter Parker ? C’est normal, pourtant après la lecture de ce tome, le moins que l’on puisse dire, c’est que la comparaison s’arrête là. C’est en fait l’histoire de ce jeune homme qui tombe au dos d’un comic book sur une publicité pour une méthode de musculation miraculeuse « La Méthode Hercule » censée développer et optimiser le potentiel de chacun. Cette méthode va effectivement avoir sur Luther des résultats impressionnants. Les choses se corsent lorsque l’inventeur de la formule, le bibliothécaire explique à Luther l’étendue de ses capacités mais vient aussi et surtout réclamer sa dévotion et ses services. Le jeune homme n’est pas intéressé qu’importe. L’homme à des arguments pour le convaincre…
Avec mauvais jeu de mot, puisque les démembrements sont légions dans cet opus ! Le bibliothécaire attaque l’adolescent droit sur sa faiblesse, et s’en prend donc à ses proches. Tout son entourage est successivement pris pour cible. Là encore on y voit l’application d’une des recettes appliquée par les super vilains dans les comics de super-héros. Où les agressions envers les proches des héros sont un ressort dramatique courant. Luther serait donc un super-héros ? En tout cas, il en adopte le masque et tente de faire le bien. Il
Le concept de départ de « La Méthode Hercule » est fort intéressant. Il rappelle pour les lecteurs de l’âge d’argent les publicités de méthode rapide de musculation de « Charles Atlas » publiées au dos des numéros d’époque. Ce pitch efficace, se marie avec le style cartoon de Tradd Moore qui dédramatise d’ailleurs un peu la violence crue des scènes de bagarre. On peut regretter que le résultat soit un peu trop peut être dans la surenchère avec ses nombreuses pulvérisations de corps humains plutôt gratuites. A plusieurs égard, Luther Strode rappelle Invincible, au niveau de la colorisation par exemple où le travail de Felipe Sobreiro rappelle celui de Bill Crabtree, ou encore lors des scènes de bagarre. Pour ce qui est des dommages physiques et les projections de sang. La fin ce cette mini-série ne paraissait pas franchement ouverte. Il sera donc intéressant de découvrir le second arc !
[Anne-Sophie Peyret]
Luther Strode T1 – un bien étrange talent, par Justin Jordan (scénario), et Tradd Moore (dessin), Delcourt, août 2012, 147 p.
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