Pour ceux qui ne connaîtraient pas le comic-book (il en reste ? Allez vite faire une séance de rattrapage avec les albums de Delcourt, qui traduit la BD en France), dire que Walking Dead est une histoire de zombies est un brin trop réducteur. Disons, pour être plus exact, que Walking Dead est l’histoire de gens normaux, bien humains dans tous les sens du terme, obligés d’essayer de survivre dans un contexte extrême. Ce contexte c’est bien sûr que les morts s’animent pour bouffer et mordre tout ce qui bouge. Mais il convient d’insister : le récit premier est bien celui de Rick Grimes (ex-policier qui lui était dans le coma quand les zombies ont commencé à plonger le monde dans le chaos) et des gens qu’il rencontre. Il n’en reste pas moins qu’adapter à l’écran (et surtout au « petit » écran) une série dans laquelle on montre des corps en décomposition impose une problématique qui tient de la différence de support. Quand vous lisez le comic-book Walking Dead, les zombies y sont dessinés en noir et blanc et avec une certaine stylisation (venant des dessinateurs Tony Moore ou Charlie Adlard, suivant que vous parliez des six premiers épisodes ou du reste de la série). Quand vous portez les choses à l’écran, les viscères macérées deviennent un brin « réel » ou en tout cas s’incarnent, prennent chair. Qui plus est dans le comic-book, Robert Kirkman place ses personnages dans des positions où ils doivent faire des choix durs, difficiles. La question qui se posait avant la diffusion du premier épisode était donc : AMC et les producteurs avaient-ils compris ce qui faisait la nuance de la série et étaient-ils prêts à en faire autre chose qu’un Resident Evil « light » ?
Pour la dureté des choix (si bien ceux de la chaîne que ceux qui s’imposent à Rick Grimes), la question est réglée dès les premières minutes du show, quand le héros (incarné par Andrew Lincoln) est par la force des choses obligé de tirer en pleine tête dans des zombies dont l’âge n’a rien de politiquement correct. Certes AMC n’a pas la même pression populaire qu’une chaîne façon TF1 qui passerait ça en prime time mais n’empêche : la réalisation ne cache rien. On ne joue pas le jeu du « hors-champ » ou du contre-jour. Les choses se passent à l’écran et les amateurs d’histoire à l’eau de rose peuvent passer leur chemin. A l’inverse il n’y a sans doute pas de quoi faire sursauter les amateurs de films de Mario Bava ou de George Romero mais, pour ce qui est du petit écran, c’est sans doute la série télévisée la plus apocalyptiquement morbide qu’il m’ait été donné de voir depuis l’adaptation du Fléau de Stephen King en 1994 (avec Gary Sinise), où là aussi il fallait enterrer le gros de la race humaine dans des bodybags. Ça, c’est pour ce que se permettent le réalisateur et les producteurs à l’écran en termes de « gore » et d’intensité. Mais, nous l’avons vu, Walking Dead n’est pas, contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre, qu’une « simple » histoire de morts qui marchent. Qu’en est-il de l’omniprésente étincelle d’émotion que Kirkman a su insuffler à sa création ?
Elle est là, elle aussi. Bien sûr, au début, pour ceux qui suivent le comic-book (plus de 75 épisodes en VO à ce jour) ceci demande un petit exercice de gymnastique mentale pour se souvenir que le Rick Grimes qu’on voit à l’écran est bien celui du début du titre. Qui plus est, le lecteur de comics a passé maintenant quelques années en compagnie d’un Rick Grimes plongé jusqu’au cou dans ce monde apocalyptique alors que, par la force des choses, le premier épisode du show nous montre pendant un bon moment les tribulations de Rick avant « l’incident ». Ce qui fait que dans les premiers moments le jeu d’Andrew Lincoln peu sembler un peu atone, dépassé par exemple la gouaille de son partenaire Shane (interprété par Jon Bernthal qui donne beaucoup de consistance à son personnage). Cela n’empêche pas que dès le début la réalisation est adéquate : Très bonne scène du réveil de Rick, avec un glissement temporel très bien symbolisé (même si à un moment, avec la caméra subjective montrant le visiteur parlant au comateux je me suis presque demandé si Rick n’allait pas se réveiller en Robocop tellement les plans sont similaires). Si je retiens encore mon verdict quand à la prestation de Sarah Wayne Callies dans le rôle de Lori, le bref aperçu qu’on a de personnages comme Andrea (Laurie Holden) et Dale (Jeffrey DeMunn) sont, comme pour Shane, saisissants (même si j’ai une image de Dale un peu moins « barbe fleurie » que ça). Mais vu l’importance de rôles comme Rick ou Lori, le spectateur (et qui plus est le spectateur connaissant le comic-book) tâtonne plus en ce qui les concerne. Rassurez-vous : en fait Andrew Lincoln *devient* Rick Grimes au fur et à mesure qu’on avance dans ce premier épisode et, à mon sens, l’esprit instauré par Robert Kirkman est totalement respecté. Si bien, même, que certains rentreront sans doute dans le vieux débat « faut-il adapter si c’est pour me donner la même histoire ? ». Mais là, pour le coup, j’en reviens au côté plus « charnel » d’une version télévisée par rapport à une BD noir et blanc où la menace (les zombies) a des allures grotesques. Dans le comic-book il est difficile d’envisager les zombies d’une autre manière que ce qu’ils sont à l’instant T. Dans la série TV, le côté « humain » apparait en fait beaucoup plus, quand Rick abat des créatures tout en s’excusant de le faire, plutôt pour mettre fin à leur souffrance que par haine (encore qu’il faudra voir à l’usure si ce sentiment persiste dans l’état) et, en face, on se demande beaucoup plus s’il ne reste pas une étincelle de personnalité dans ces cadavres, qui parfois semblent presque réclamer qu’on les achève. Walking Dead version TV est donc – à mon sens – un bon complément du comic-book, un peu comme deux versions d’une seule pièce de théâtre qui serait jouée par des troupes différentes. J’espère que le feuilleton aura la plus longue « vie » possible et ne se zombifiera pas dans les futurs épisodes.
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