Review : Hellboy
8 mai 2019Quelques semaines après la sortie d’Avengers : Endgame, un autre film estampillé « comics » sort dans les salles aujourd’hui : Hellboy. Hellboy 3, me direz-vous ? Que nenni. Il s’agit d’un reboot orchestré par Neil Marshall. Le prince de l’enfer a bien du mal à se renouveler. Même s’il emprunte (beaucoup) à la concurrence. Mais est-il pour autant à jeter à la poubelle ?
MONSTRE DE FOIRE
La vie de Hellboy (David Harbour) est un mélange de SOS fantômes et Indiana Jones. Il chasse les créatures et les reliques surnaturelles, avec l’appui du BPRD, le bureau spécialisé dans le paranormal. Un démon pour chasser d’autres démons, ça semble logique. Mais quand le retour de Viviane, la Reine Sanglante (Milla Jovovich), est sur le point de revenir, notre héros se pose des questions sur les choix du BPRD et de son père, le Professeur Trevor Bruttenholm (Ian McShane). Pourquoi lui n’est-il pas considéré comme un démon à détruire ? Pourquoi son « père » l’a sauvé ?
DÉCALCOMANIE
Soyons honnêtes, les deux Hellboy (de 2004 et 2008) signés Guillermo Del Toro étaient de bons films mais le statut de films « cultes » que certains leurs confèrent sont peut-être exagéré. Le mariage entre l’univers de Del Toro et de Mike Mignola, le créateur de la BD Hellboy (publiée aux USA chez Dark Horse et en France chez Delcourt), était un mariage presque sans faille. Le réalisateur étant adeptes des créatures féériques et de cet univers mélangeant surnaturel et poésie. Neil Marshall n’est pas du tout dans cette ambiance. Venant d’un monde plus « root » avec des séries TV comme Game of Thrones, Hannibal, Westworld ou encore Constantine, Marshall a opté pour une atmosphère bien plus sombre et gore. Voire horrifique par moment. D’accord, la BD d’origine adore ce côté pesant et sombre. Mais Mignola joue sur des jeux d’ombres, de couleurs qui suggèrent telle ou telle scène « limite ». Ici, tout est montré : les crânes explosent, les membres sont déchirés, les balles de pistolet explose tout sur leur passage. C’est certains, Lionsgate a choisi d’orienter le héros démoniaque du côté de Deadpool, lui aussi anti-héros. On a donc un mélange de blagues et de scènes gores (souvent à outrance) pour se calquer sur la concurrence… Malgré tout la mayonnaise ne prend pas. La surprise n’y est plus (c’était déjà le cas pour Deadpool 2 l’année dernière).
ON PREND LES MÊMES…
Si visuellement les deux réalisateurs n’ont pas les mêmes envies, dans l’histoire, on reste proche des trames des deux précédents Hellboy. Ici, les origines sont vite balayées par des flashbacks (et c’est plutôt malin) et les scénaristes en profitent pour introduire de multiples personnages du « Mignolaverse ». Le noyau dur de l’histoire repose sur l’affrontement avec la Reine interprétée par Jovovich. Si ce n’est pas la trame la plus complexe, elle a le mérite d’être claire. Comme nous le mentionnions plus haut, comme Indiana Jones, les histoires d’Hellboy peuvent se décliner à l’infinie, du moment qu’on reste dans cette quête mêlant aventure et surnaturel. Tout comme dans les scénarios de Del Toro, Hellboy ne fait pas cavalier seul. Il est encore entouré d’une femme avec des pouvoirs et d’un agent du BPRD. À la différence que cet agent n’est pas aussi cul-cul que l’agent Myers dans le premier film. On peut se demander pourquoi Marshall est resté dans ce schéma, sachant que ces deux personnages restent la plupart du temps en retrait. De même, Hellboy se demande de quel côté penche son coeur : du côté des démons ou des humains. Encore une fois (et ce n’est pas pour insister), Hellboy est tenté de rejoindre le monde des enfers et il en profite pour arborer ses belles cornes (ce n’est pas un spoiler, c’est dans toutes les promos). Bref, aucun renouvellement côté histoire alors qu’il y avait tant à faire.
DAMNED
Que le film se rapproche de la concurrence (qui cartonne) en lorgnant du côté des films Marvel mais surtout de Deadpool (lui aussi héros Marvel, bien entendu mais pour le moment produit par la Fox), c’était une piste évidente pour le studio. Se faisant, ils ont perdu une partie de l’âme des Hellboy d’antant. Mike Mignola a pourtant affirmé qu’il trouvait ce nouvel opus plus en harmonie avec les comics. Il a oublié que ses créations étaient plus subtiles et surtout moins « trash » que le film sortie ce mercredi. Pour faire aussi comme les autres super-héros, Hellboy s’octroie deux scènes post-génériques pour lancer des pistes pour la suite. Les spectateurs américains boudant le film, on ne saura peut-être pas sur quoi ces pistes débouchent. S’il ne mérite pas autant de haine qu’il suscite chez les critiques, on ne précipitera pas en salles pour le voir. C’est le genre de série B qu’on regarde un dimanche soir dans son canapé… la lumière allumée !
Réalisé par Neil Marshall – Avec David HARBOUR, Milla JOVOVICH, Ian McSHANE, Daniel KIM, Penelope MITCHELL, Sasha LANE, Brian GLEESON, Sophie OKONEDO, Alistair PETRIE – Sortie mercredi 8 mai 2019 – Metropolitan Films
Pour Mignola de ce que j’ai lu sur la production elle a était assez chaotique. Peut-être qu’il n’a pas pu imposer entièrement sa vision des personnages. Ce qui expliquerait les différences avec ce qu’il voulait.