Captain America #41 [Marvel]
Scénario: Ed Brubaker
Dessin: Steve Epting
Sortie aux USA le 20 août 2008
Jusqu’ici le nouveau Captain America et le Falcon étaient surtout « amis par alliance », parce qu’ils avaient des amitiés en commun (et il est bien connu que « les amis de nos amis… »). Mais leurs liens sentaient plus l’automatisme qu’autre chose. La scène d’ouverture utilisée par Ed Brubaker dans ce numéro les rapproche. Puisqu’elle a déjà été largement publiée dans les previews, disons-le tout net : il s’agit d’une partie de cartes entre les deux hommes, qui symbolise bien le renforcement de leurs relations. C’est aussi une manière de mesurer ce qui sépare l’ancien et le nouveau Cap. Jamais Steve Rogers n’aurait été aussi acharné à gagner de l’argent et c’est un fait que le Falcon ne manque pas de révéler. Une page. Une seule et « Bru » pose ainsi avec brio les rapports entre les deux personnages présents tout en évoquant l’ombre du disparu. Mais très vite tout change, on tourne la page et on découvre que derrière ces abords placides les deux héros sont en fait doublement occupés. Ils ont enfin un plan ou tout au moins une ébauche de plan pour contre-attaquer, pour retrouver la piste de Crâne Rouge…
Les conditions dans lesquelles on retrouve l’autre Captain America (le pion de Red Skull et de Faustus) sont surprenantes car le dernier épisode laissait penser que les « bad guys » l’avaient repris en main de manière bien plus directe. Ce n’est pas tout à fait le cas (encore que ça ne change pas grand chose au final). En fait il y a un glissement graduel dans l’analyse qu’on pouvait faire jusqu’ici dans le camp des méchants de service, avec l’apparition d’une sorte de second pôle, centré sur un personnage dont les motivations sont mystérieuses. Allié potentiel ou, finalement, la vraie menace de l’arc, qui aurait su tromper son monde depuis le début ? La chose n’est pas tranchée et ce n’est pas un mal car l’astuce permet de relancer la machine. L’intrigue devient imprévisible.
Il est aussi question d’une mystérieuse « constante » qui a comme des échos du feuilleton Lost. Et comme on n’en sait guère plus sur l’invention de Doctor Doom qui occupe l’esprit du Skull et de Zola, tout reste ouvert à interprétation. Dans l’immédiat ce n’est pas le plus important car l’épisode se termine surtout sur une situation qui, malgré les apparences, renvoie à la première scène : mesurant tout ce qui le sépare de son prédécesseur, le nouveau Captain America doit aller à l’encontre de son instinct pour assumer son rôle de symbole. C’est en réalisant justement tout ce qui les différencie qu’il assume pour la première le rôle à ce point. Mais n’est-il pas dans le même temps un pion sur le nouveau niveau de manipulation qui vient d’être dévoilé ? Impossible d’en avoir le cœur net. Ce qui est certain c’est qu’avec ce numéro Brubaker fait monter encore un peu plus les enchères. Une fois de plus Captain America démontre sa capacité à être un titre régulier sans pour autant se contenter d’une routine.
[Xavier Fournier]
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