The Twelve #1 [Marvel]
Scénario de JMS
Dessin de Chris Weston
Sortie aux USA: Sortie aux USA le 9 janvier 2008
En 1940-1943, Marvel/Timely lançait des super-héros aussi vite qu’elle les oubliait. Des gens comme la Veuve Noire des années quarante n’eurent en tout et pour tout que quatre ou cinq épisodes avant de disparaitre. Loin de ce qui arriva avec Captain America, Namor ou Human Torch, la plupart des autres ne furent plus jamais mentionnés (même textuellement) par Marvel. S’intéresser à des noms aussi obscurs que le Phantom Reporter ou Mister E tenait du goût pour l’archéologie. Vus que Marvel reste quand même un univers basé sur l’hypercontinuité, c’était un peu gênant: Pendant des années une simple erreur de coloriste sur le costume de Spider-Man pouvait donner lieu à un « no-prize » pour qui donnait une explication dans le contexte. Et là, la première génération de héros Marvel restait largement rayée des tablettes. Aucune validation véritable de son existence et, en imaginant que celle-ci soit fournie, il restait à expliquer ce qu’il était advenu de tous ces héros masqués, de ces autres androides, mystiques, magiciennes ou surhommes venus d’autres mondes. Tous ne pouvait pas avoir été tués dans l’après-guerre d’une simple balle (comme le Defenseur dans le récent arc Golden Age de Daredevil). Tout ça converge donc dans the Twelve, la nouvelle maxi série de JMS et Weston…
Fin Avril 1945, la majeure partie des super-héros américains de l’époque convergent vers Berlin pour participer à la chute ultime du III° Reich. Dans cette cohue, une douzaine d’entre eux sont attirés dans une demeure berlinoise parce que l’un d’entre eux, Mastermind Excello (le précurseur d’Amadeus Cho vu dans World War Hulk) y a détecté un truc pas normal du tout. Pour raconter ces événements, le scénariste à choisit une optique qui finalement s’approche assez du ton de Marvels: le tout est raconté par un narrateur (le Phantom Reporter) tandis que la plupart des personnages ont au mieux une réplique dans tous l’épisode. Cela donne une certaine mystique à des personnages assez improbables comme Rockman ou Dynamic Man. Très vite, la douzaine de héros présents va se rendre compte que la chose pas normale qui se prépare n’est qu’un piège des nazis, destiné à obtenir des super-soldats. Ils comptent étudier leurs super-ennemis américains puis trouver un nouveau souffle et relancer ainsi la seconde guerre mondiale. La chose qui m’est apparu curieuse en tant que lecteur c’est que les nazis ne pouvaient tendre leur piège que s’ils savaient précisément qu’un groupe de super-héros (par opposition aux G.I. sans doute plus nombreux dans les rues de Berlin ce jour-là) franchiraient la porte de la maison. Et – officiellement en tout cas – Mastermind Excello ne détecte la présence des nazis que par pur hasard. Sauf si les épisodes suivants devaient expliquer que Excello est une « taupe » chargée d’attirer ses confrères dans le piège la scène – pour l’instant – sonne assez bizarrement… Mais c’est peut-être voulu car en un sens tout est supposé sonner bizarrement. Même le parler de ces héros et leurs jurons anti-nazis ressemblent plus à ce que publiait Timely vers 1942 plutôt qu’à ce qui apparait de nous jours dans les flashbacks montrant les Invaders. Cela donne un effet de dépaysement assez efficace…
Très vite, il apparait que les responsables du projet (capturés puis abattus pas les communistes) ne reviendront jamais disséquer leur douze captifs. Là aussi une petite pause en tant que lecteur: tout ça est supposé se passer quelques semaines avant que Bucky ne soit capturé par les communistes et lui aussi placé en hibernation, comme une réponse aux super-héros américains). Chronologiquement ca fonctionne plutôt bien car il n’est pas interdit de penser qu’en capturant et torturant certains scientifiques nazis, les communistes – à défaut d’apprendre où étaient planqués les « Douze » – en ont appris assez pour accoucher du projet similaire du Winter Soldier… Bref, pour en revenir au récit les « Douze » restent oubliés de tous pendant des décennies jusqu’à ce qu’un engin de chantier n’éventrent la pièce où ils dorment et qu’on arrive à une situation un peu à la Hibernatus. La scène du réveil est assez bien vue, pas du tout similaire aux retours de Cap America, Human Torch ou Namor dans les années 60. Deux héros comprennent de manière assez différente à quelle époque ils sont: l’un sur un détail et l’autre de manière frontale. C’est sans doute là que l’histoire diverge le plus de ce que j’anticipais. Je tablais sur le fait que ces personnages des années 40 et l’ère moderne ne sauraient cohabiter. Si je pense toujours que le restant de la serie sera consacré à montrer comment les Douze ont du mal à se faire au XXIème siècle, j’ai été surpris par la facilité (logique, qui plus est) avec laquelle notre société s’empare de ces douze survivants pour les utiliser. Cela fonctionne assez bien le contexte de l’après Civil-War. La dernière scène/case pose encore l’intrigue à un autre niveau de suspense…
Pour que la série fonctionne entièrement, il faut être client du style de Weston (coup de chance, c’est mon cas). Il s’est manifestement donné beaucoup de travail pour rester fidèle à son style tout en donnant le ton rétro qui convient à ces personnages. Un seul regret: qu’on ne lui ai pas confié le soin de dessiner les couvertures (elles sont peintes de manière pas très inspirées dans un ton qui n’est pas celui de l’intérieur). Au premier numéro, cela nous laisse bien sûr environ un an pour changer d’avis en cours de route si besoin était mais les choses commençent de manière fort intéressante. J’admet assez facilement que j’étais dès l’annonce du projet « dans la cible » mais le produit ne déçoit pas mes espérances…
[Xavier Fournier]
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