Uncanny X-Men #490 (nov.2007)
Scénario de Ed Brubaker
Dessins de Salvador Larroca
+
Endangered Species Part 10
Scénario de Christos N. Gage
Dessins de Tom Grummett
Encrage de Andrew Hennessy
Sortie américaine prévue: 5 septembre 2007
D’abord une surprise dans la page de résumé maintenant traditionnelle qui orne le début de chaque épisode de chez Marvel. Dans le résumé on nous parle sans plus d’explication de la présence d’une mutante jusque-là inconnue, laissant la curieuse impression qu’il s’est passé des choses depuis l’épisode précédent. Me serais-je fait entourlouper d’un numéro entre les deux? Le temps de comparer les références et je m’aperçois qu’il n’en est rien. Un peu décontenancé je commence alors à lire l’histoire avant de m’aperçevoir, un peu rassuré, que les personnages sont aussi paumés que moi et n’ont pas plus entendu parler de cette mutante inconnue. En fait c’est simple: l’éditorial a anticipé sur les événements contenus dans l’épisode et commence à les résumer dès la première page, alors que certaines précisions n’étaient pas encore intervenue à l’intérieur du récit. Ce n’est pas bien grâve, aucun « spoiler » qui soit vraiment catastrophique mais au moment venu de lire ce numéro vous serez sans doute bien inspiré de sauter la page de garde et de vous lancer directement dans l’épisode plutôt que vous demander, comme moi, si vous avez loupé un train.
L’histoire de Brubaker et Larroca s’articule autour de deux contextes différents. Si Charles Xavier est à la poursuite d’un de ses ennemis juré, il ne le rattrape toujours pas. On a donc droit, en ouverture, à cet adversaire qui erre dans un but mystérieux. Mais le gros de l’épisode est constitué de Warpath et de quelques alliés lancés à la poursuite d’autres ennemis. On l’aura compris depuis l’an dernier, à la lecture même du premier épisode d’Uncanny par Brubaker, Warpath est la « voix » du scénariste, sa pierre angulaire sur laquelle s’appuie la narration. A plus forte raison quand on remarque qu’en définitive il est le seul X-Men effectivement actif parmi le petit groupe vu dans ce second environnement (et de toute façon pour ceux qui tarderaient à le remarquer le héros figure sur les pages de garde de la série). Il y a bien Storm mais ces derniers mois elle a été plutôt « membre honoraire », employée sur d’autres séries. Les trois autres personnages qui les accompagnent ne sont qu’indirectement liés aux X-Men.
Et peut-être que c’est bien vu: Objectivement, les X-Men dans un égoût, on a déjà vu ça bien des fois. De cette fameuse case où Wolverine se relève au fond d’un tunnel (après un combat contre le Club des Damnés) au Mutant Massacre (qui jouait à fond sur le sentiment claustrophobe), les occasions ont été nombreuses. En un sens Brubaker est fidèle au cahier des charges des X-Men en donnant dans cet exercice de style. Mais s’il nous avait resservi encore et toujours les mêmes X-Men, dans cette configuration familière, tout cela aurait été déjà vu. L’emploi d’une équipe de « non-X-Men » est donc assez judicieux.
Passé quelques pages, le rapprochement soudain entre deux de ces personnages n’est pas vraiment une surprise tant la tension entre eux était pratiquement tangible depuis quelques épisodes. La manière incontrôlablement « hormonale » dont ce rapprochement s’opère m’a fait penser à une vieille scène (bien plus trash) de L.E.G.I.O.N. mais, plus que ça, permet de dégager l’un des fils directeurs des Uncanny X-Men version Brubaker. A savoir que l’image du couple (ou DES couples) y est omniprésente (ce qui curieux d’ailleurs c’est qu’elle était presque totalement absente de Deadly Genesis).
En un sens ça n’aurait rien de nouveau puisque les X-Men sont, depuis des décennies, un feuilleton soap mutant. Des couples, il s’en est fait, défait et refait. Mais les relations mixtes telles qu’établies par Lee, Claremont ou la plupart des prédécesseurs de Brubaker avaient pour bases un certain pathos (« comment avouer mon amour à Jean alors qu’un simple regard de moi, si mes lunettes m’échappaient, pourrait la tuer », « comment aimer Gambit alors qu’à cause de mes pouvoirs nous ne pouvons nous toucher… »). Chez les X-Men, la règle générale c’est la frustration, avec quelques très exceptionnels cas de passions assouvies pleinement, sans ce fameux « pathos ». Sur Uncanny, Brubaker a commencer par reformer au bout de deux ou trois cases le couple Havok/Polaris puis en a construit deux autres lors de sa saga inter-sidérale et enfin en amorce maintenant un autre en utilisant les mêmes règles. Tous ces couples ont en commun de ne pas perdre de temps dans une interminable causette et d’envisager la relation sur un plan « hormonal ». Pas de « réfléchissons pendant quatre ans avant d’y penser sérieusement ». Quelques cases d’attirance mutuelle suffisent. Il sera intéressant de voir dans quelle direction tout cela évolue car j’imagine (au risque de me tromper) qu’à un moment un tel « automatisme » va jouer des tours à quelques-uns des personnages.
L’épisode laisse nos héros dans une bien mauvaise posture (« Mon Dieu vont-ils vraiment tous mourir »? Ben voyons, on y croit) mais c’est plus l’évolution sur le moyen terme qui est intéressante que la résolution de cette situation. Et puisqu’on parle d’intéressant… ce n’est pas franchement l’adjectif qui me vient à l’esprit en évoquant le chapitre 10 d’Endangered Species, flanqué au dos de ce numéro. Non pas que le problème vienne des auteurs ponctuels. Christos N. Gage s’acquitte plutôt bien de son travail et représente même assez bien les personnalité des deux X-Men impliqués dans ce segment. Idem pour ce qui est de saisir l’ambiance du district mutant. Cela fait longtemps que je n’avais pas vu le quartier correspondre au portrait qu’en avait dressé en son temps son créateur, David Hine, dans la défunte série District-X. Mais là où les choses pêchent, ce n’est pas sur le segment en lui-même. C’est bien le sens général de Endangered Species qui interroge. Bon bien sûr tout celà débouchera sur un « event » mais est-il bien nécessaire d’en passer par des dizaines de back-up qui finissent par le Fauve qui, alternativement, a une nouvelle idée ou est stupéfait par les événements? Pour l’instant la quête de Xavier, aux trousses de « l’homme au chapeau » (dans l’histoire principale de Brubaker), semble plus cruciale pour l’avenir.
[Xavier Fournier]
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