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Avant-Goût VO : Review Wolverine #68

[FRENCH] Le road-movie post-apocalyptique de Wolv.. euh Logan se poursuit. Mark Millar et Steve McNiven en profitent pour tailler le portrait d’un Marvel Universe projeté 50 ans dans le futur. Seulement on ne se déplace pas dans le monde de « Old Man Logan » sans tomber dans les ennuis. La descendante d’un super-héros célèbre l’a découvert à ses dépends. L’ex-Wolverine ne veut pas en entendre parler mais pour Hawkeye, c’est une autre paire de manches. Changement de plan pour aider… « Spider-Bitch » ?

Wolverine #68 [Marvel] Scénario de Mark Millar
Dessin de Steve McNiven
Sortie américaine le 27 août 2008

Old Man Logan est énormément dérivé de la trame de ces westerns où le héros a juré de ne plus jamais toucher une arme à feu de sa vie. Comme c’est un western, ça ne loupe pas: avant la fin du film le héros finira par décharger un colt vengeur et implacable sur les méchants de service. Pour Wolverine, c’est un peu pareil. Il ne veut plus entendre parler de ses griffes mais elles sont là, enfouies dans ses bras et il ne fait pas de doute que d’ici la conclusion de Old Man Logan on les verra poindre. Comment et pourquoi, telle est la question. Mais l’ancien membre des X-Men ne semble pas pressé de céder à la tentation, malgré les appels du pied de Hawkeye. Et même quand il y a une urgence familiale, quand il faut aider la fille de Clint Barton, l’accord de Logan est loin d’être aussi automatique que ça.

Il faut dire que dès la seconde scène, on est un peu plus fixé sur la notion d’héroïsme dans cette ère. Ironiquement cette fois c’est Hawkeye qui passe son chemin devant un appel à l’aide alors que Logan, lui, est beaucoup plus hésitant. En fin de compte ce n’est pas l’altruisme qui l’emporte et on sent que les personnages ont changé. Ou tout au moins qu’ils sont marqués par des années de déception.

A ce cynisme nouveau des (ex) héros s’ajoute celui de Mark Millar, plutôt rafraichissant sur ce type de formule. Il ne craint pas d’introduire un ou deux successeurs de super-héros majeurs pour s’en débarrasser sans cérémonie dans la page suivante ou, pire, montrer qu’ils ne sont pas les lueurs d’espoirs qu’on aurait pu croire. Là où Millar est également bon, c’est qu’il ne respecte pas les barrières éditoriales qui restent souvent présentes, de manière inconsciente, quand les scénaristes abordent l’idée du futur. Vous prenez Days of Future Past par exemple et vous verrez que les héros « non-mutants » ont été d’emblée évacués de l’histoire pour en faire un récit exclusivement centré sur les X-Men. Dans Earth-X, on sent encore le clivage: les héros liés aux Vengeurs suivent une intrigue tandis que ceux dérivés du « Spiderverse » en vivent une autre. Parce que bien souvent les auteurs tiennent compte du fait que les personnages appartiennent à des pôles différents. Là, Millar n’en a que faire. Il a branché le mixeur et il brasse allégrement les dynasties de héros quelque soit l’écurie à laquelle ils appartiennent. Il n’a que faire de cette règle non écrite qui fait que dans les What-If Spider-Man finit toujours par épouser Mary-Jane OU le clone de Gwen Stacy. Visiblement, à voir Tonya, on sent que les choses ne se sont pas vraiment passé de la même manière dans cette réalité. Maintenant, remettons les choses à leur place, ce n’est pas comme si Millar brandissait un poing révolutionnaire mais c’est assez pour caractériser son futur pas seulement dans la forme (là où d’autres se seraient changer des costumes et de nous faire une nouvelle génération de X-Men) mais aussi dans sa structure. L’époque d’Old Man Logan devient une chose vivante qu’on pourrait revisiter sans forcément passer par le regard de Wolverine. Mais c’est aussi une époque où les apparences sont trompeuses pour qui est habitué à l’univers Marvel du présent. Le Kingpin n’est pas forcément dans l’état où le fanboy s’attendrait à le trouver et les allégeances de certains héros supposés ne vont pas forcément là où on le pensait.

Et dans le même temps le scénariste ne fait pas forcément tabula-rasa de la continuité. Les propriétés du spider-buggy sont mises à contribution, le passé de Clint en tant que Ronin est indirectement évoqué par certaines de ses armes. Reste, peut-être, quelques difficultés à avaler la capacité d’un héros aveugle (dénué de tout sens radar) à localiser systématiquement ses adversaires parce qu’ils n’arrêtent pas de parler. En gros, au premier tueur qui appuie sur la gâchette par réflexe, avant d’avoir eu le temps de causer, le héros y passerait… Mais cela reste finalement dans les conventions habituelles des comics et cette « petite énormité » n’est pas en elle-même un défaut de nature à nous faire haïr l’arc tel qu’il est entamé. Le périple de Logan et de Clint les entraine dans tous les détours possibles et leur mission ne progresse guère mais on ne s’ennuie pas le moins du monde en lisant ce comic book. Steve McNiven a certains partis pris intéressants, dans le sens où c’est la première fois qu’il peut dessiner dans le contexte de Marvel tout en réinventant les personnages comme il l’entend. Cela donne des silhouettes et des effets de styles pas forcément habituels qui en braqueront peut-être certains. Personnellement ce n’est pas mon cas et cet arc de Wolverine a beau commencer par « Old », il ne m’évoque aucun signe d’usure. Le maître-mort reste celui que nous évoquions en introduction : “rafraichissant” !

[Xavier Fournier]

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